Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À Grasse, on active le système D
« Même les Grassois ne mesurent pas la richesse de leur propre patrimoine ! » Jérôme Viaud, le maire de la capitale des parfums, ne dit pas cela par hasard. Il sait que sa commune pèse d’un sacré poids dans la balance de l’attractivité locale. Et ce constat le conforte dans sa volonté de faire de son second mandat celui de la redécouverte de l’histoire de Grasse. Deux grands projets sont ainsi programmés dans les mois qui viennent, pour un montant de 10 millions d’euros environ : la création d’un Centre d’interprétation d’architecture et du patrimoine (Ciap) dans les locaux qu’occupent actuellement les services de l’état civil, au niveau bas du palais épiscopal ; et la rénovation de l’ancien palais de justice, appelé à devenir un campus pour les étudiants. Deux sacrés chantiers, auxquels viendront s’ajouter des travaux d’urgence et de sécurisation de la magnifique cathédrale NotreDame du Puy (135 000 euros), la restauration des façades de la chapelle Saint-Michel (plus de 160 000 euros) mais aussi des opérations de rénovation des fontaines, des façades, des portes (plus de 600 concernées), et même d’une traverse dans le centre historique.
Une borne à l’entrée de la cathédrale
Question : comment la Ville, pourtant sortie depuis peu du réseau d’alerte qui contraignait ses finances, réussit-elle à échafauder une telle politique patrimoniale ? « On est aidé par l’État à travers l’action “Coeur de ville” et pour nos monuments classés, on a accès à 40 % de subventions de la Drac » Mais Jérôme Viaud sait aussi actionner le système D. À l’entrée de la cathédrale, il a ainsi fait installer une borne à l’intention des visiteurs qui peuvent, au moyen de leur carte bancaire, verser une somme modique de trois euros et participer ainsi à l’entretien de l’édifice. « On sait que 250 000 personnes la visitent chaque année. C’est une idée pour trouver des moyens financiers dont je ne disposais pas auparavant. » S’assurer des financements nouveaux pour redonner vie à l’extraordinaire bâti grassois, c’est une obsession pour l’élu local, qui sait où aller chercher l’argent des subventions, y compris d’ailleurs auprès du Département où il siège également. Mais le maire n’hésite pas non plus à faire appel au mécénat. «Cepeut être des entreprises, des particuliers. On leur ouvre cette possibilité-là. Pour nous, ce sont des sources de revenus supplémentaires, qui peuvent apporter des solutions à nos problèmes. » Au passage, le maire a aussi simplifié la gestion des dossiers, en confiant à un seul élu, Nicolas Doyen, le portefeuille de la culture et du patrimoine, ce qui n’était pas le cas précédemment. Un circuit court en quelque sorte, pour plus d’efficacité… 1. Direction régionale des affaires culturelles.