Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le bénévolat, une solution pour sauver les meubles ?
« Un copain m’a dit un jour : “Ça t’intéresserait de restaurer un oratoire ?” Moi, je ne savais même pas ce que c’était. Il m’a amené à Courmes, sur le plateau de Saint-Barnabé, et on s’est mis au travail. C’était en 1997. Depuis, la passion ne m’a plus quitté. » Alain Rouvier tient les comptes. Cette année, il s’est attaqué à son 175e oratoire. Pas tout seul. Mais avec les Compagnons du patrimoine, ces bénévoles du Pays de Grasse qui partagent avec lui le même idéal.
« Le bénévolat se perd »
Tous ensemble, ils ont aussi redonné un coup de jeune à des chapelles dans le secteur grassois, à Châteauneuf et dans les hameaux du Plan et de SaintMathieu. « Un sacré boulot, parce que souvent, tout est à refaire, comme dans la chapelle Saint-Jean du Peyras aux Quatre-Chemins. Les peintures, les tableaux, les fresques… On a passé plusieurs semaines à tout restaurer. » Avec le temps, les Compagnons ont acquis un vrai savoir-faire. « Nous sommes une quinzaine en tout, tous retraités. Et parmi nous, il y a des femmes particulièrement douées pour le travail sur les fresques et les tableaux. » Jean-Marie et ses amis interviennent à la demande des élus, et ce sont les mairies qui fournissent les matériaux. Eux garantissent la main-d’oeuvre. Ainsi, tout le monde s’y retrouve : les communes qui réalisent des économies substantielles, et ces passionnés qui éprouvent une véritable fierté à redonner vie au patrimoine. « Nous ne nous occupons pas seulement des édifices religieux, précise Jean-Marie Rouvier, mais aussi du patrimoine vernaculaire. On a refait un lavoir à Saint-Cézaire, des monuments aux morts, des croix de mission. » À l’initiative des Compagnons, pas moins de 70 oratoires ont également été créés de toutes pièces dans les Alpes-Maritimes. Mais il faudrait maintenant qu’une relève se manifeste. Car, alerte le Grassois, « le bénévolat se perd de plus en plus, et c’est un problème. Nous, on a la chance de pouvoir compter sur des gens motivés. Mais sur la grosse restauration, ça reste compliqué. Mais si le bénévolat est en baisse, il est clair qu’un élan est en train de s’amorcer au niveau des communes, qui ont compris l’importance de préserver leur patrimoine. » Les Compagnons ne devraient ainsi pas chômer dans les mois qui viennent. À commencer par Jean-Marie Rouvier, dont l’implication vient d’être récompensée par sa nomination au rang de chevalier des Arts et des Lettres. Une reconnaissance qu’il goûte à sa juste valeur…