Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La nuit tendue du quartier La Beaucaire à Toulon

Ni blessé, ni interpella­tion, mais plusieurs épisodes de tensions, des feux urbains et un face-à-face avec la police. Dont la présence gênait les dealers de la cité

- SO. B.

Des feux urbains, des jets de pierres, un face-à-face avec la police, et de longues heures d’agitation dans le quartier. La nuit de vendredi à samedi fut particuliè­rement troublée au pied des immeubles de la cité de La Beaucaire, dans l’ouest-toulonnais. De sources concordant­es, la présence de la police nationale a provoqué des réactions de violence de la part de plusieurs groupes de jeunes. Après un premier caillassag­e des forces de l’ordre, au moins une dizaine de gros containers à poubelles a été incendiée, notamment au pied des tours. Ces containers ont aussi été traînés sur la route, en feu, pour obstruer la circulatio­n. Depuis certaines fenêtres, des objets en tout genre ont volé, en prenant les forces de l’ordre pour cible. Au final, les pompiers sont venus à quatre reprises, sous escorte policière, éteindre des feux urbains, entre 22 h 30 et 4 h du matin (feux de voitures et de containers). Les pompiers n’ont pas été pris à partie. Une source policière reconnaît l’existence « d’incidents dans le quartier relevant de l’ordre public », mais aucune interpella­tion n’a été effectuée. Il n’y a pas de blessés. Sur les réseaux sociaux, quelques vidéos circulent, qui ont été faites par des habitants pendant la nuit. Certaines ont été supprimées dans la journée d’hier.

Comme un « champ de bataille »

Deux témoins font état de tirs de gaz lacrymogèn­e, mais la police nationale n’en a pas confirmé l’emploi. Ni celui de tirs de flash-ball.

Un résident se révolte du « chaos total » qui règne dans le quartier, selon lui à cause du trafic de drogue. « Quand la police est là, ça gêne les dealeurs, c’est pour ça que les jeunes ont mis le feu .» Cette présence des forces de l’ordre pourrait bien être le point de départ des tensions, car la police empêchait le trafic habituel. Père d’adolescent­s, qu’il ne « laisse pas sortir », ce même riverain estime avoir trouvé, au petit matin, le quartier « en champ de bataille ». Dans la nuit, il a entendu des jeunes qui narguaient des policiers en criant : « Pourquoi tu fais ça, pour 1 500 balles ? ». Il ajoute que les mineurs touchent « leurs 40 euros par jour » pour guetter la police ou vendre la drogue. « Moi, les dealeurs, je les vois du matin au soir. Quand je pars travailler, quand je reviens du travail, quand je vais faire mes courses. H24. Et ce n’est pas une expression .» On ne connaît pas les circonstan­ces de la présence policière dans le quartier, vendredi en fin de journée. Soit il s’agissait d’une simple patrouille, soit une interventi­on spécifique était-elle programmée. La police nationale n’a pas non plus répondu sur ce point.

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(Captures écran DR / Snapchat) Quelques secondes séparent ces trois séquences d’une même vidéo, montrant deux feux urbains, et un policier en interventi­on.
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