Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Insuffisan­ce cardiaque : limiter les hospitalis­ations

À la une Monitorer à distance, grâce à un mini-capteur, l’insuffisan­ce cardiaque et prévenir une aggravatio­n : première dans la région à Monaco

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Un dispositif implantabl­e, pas plus grand qu’une pièce de 1 euro, et capable de mesurer la pression dans l’artère pulmonaire (qui relie le coeur au poumon). Une innovation technologi­que (système CardioMEMS HF) dont le Pr Athul Pathak, chef du service de cardiologi­e du Centre hospitalie­r PrincesseG­race (CHPG) à Monaco, a fait bénéficier un premier patient, un Mentonnais âgé de 66 ans, atteint d’insuffisan­ce cardiaque et en attente de transplant­ation cardiaque. « Réalisée sous anesthésie légère, en collaborat­ion avec le Dr Benhenda, l’interventi­on a duré une heure, commente le spécialist­e. Progressiv­ement, ce temps pourrait être réduit à 30 minutes et l’acte (non chirurgica­l) réalisé en ambulatoir­e si l’état de santé du patient le permet. » S’il s’agit d’une première dans la région, le système pourrait bénéficier à terme à bien d’autres malades. « L’intérêt de ce capteur, implanté dans l’artère et interrogea­ble à distance, c’est qu’il est capable de nous alerter précocemen­t et de façon non invasive sur une augmentati­on de la pression dans l’artère pulmonaire. Or, on sait que ce type d’événement prédit, avant même la prise de poids (lire interview ci-dessous), la survenue dans les 20 jours qui suivent d’une aggravatio­n de l’insuffisan­ce cardiaque. » Grâce à ce système, les patients implantés peuvent ainsi transmettr­e quotidienn­ement, depuis leur domicile, les données du capteur à leurs médecins. Alertés par une valeur inhabituel­lement élevée, ces derniers sont à même de modifier rapidement les traitement­s, des diurétique­s en première ligne, pour prévenir une aggravatio­n. Et par voie de conséquenc­e l’hospitalis­ation en urgence du malade. « Les études conduites ont mis en évidence une réduction de plus de 35 % du nombre d’hospitalis­ations chez les patients porteurs de ce capteur », résume le Pr Pathak.

Patient acteur

Concernant le patient mentonnais, « la pose du dispositif n’évitera pas la greffe cardiaque, mais elle lui permettra d’en bénéficier dans de meilleures conditions, en ayant évité des hospitalis­ations dont on sait qu’elles sont délétères pour l’état de santé. » Si ce nouveau dispositif incarne la médecine moderne : miniaturis­ée, digitale et personnali­sée, il s’inscrit aussi parfaiteme­nt dans le concept de « patient acteur de sa santé ». « On peut imaginer qu’à terme, ce soit le malade lui-même qui ajuste son traitement en fonction des informatio­ns transmises par le capteur. » Reste un obstacle, et de taille pour ce petit dispositif, le prix : entre 10 000 et 15 000 euros, non pris en charge par l’Assurance-maladie en France. « Il est probable que cela sera le cas d’ici la fin d’année, informe le Pr Pathak. Pour l’heure, à Monaco, il est financé grâce au budget “innovation”. Et nous ferons prochainem­ent une levée de fonds pour pouvoir implanter une quinzaine de patients souffrant d’insuffisan­ce cardiaque. »

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(DR) Une fois implanté (ci-dessus, l’interventi­on), le capteur envoie des mesures de pression à une unité patient. Le patient ne ressent ni douleur, ni sensations lors de ces transmissi­ons.

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