Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Quand Monaco était une terre de céramique

Pour sa réouvertur­e, la Villa Sauber propose jusqu’en janvier une exposition dédiée aux créations en terre cuite, dont celles produites en principaut­é en particulie­r, dès la fin du XIXe siècle

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Àceux qui pensent que la céramique est un art mineur – kitsch pour les uns, bibelots pour les autres – l’exposition Artifices Instables, qui s’est ouverte cette semaine à la Villa Sauber de Monaco, tente de prouver le contraire. Un voyage dans la création céramique, plus précisémen­t celle de Monaco où les premières poteries sont apparues en 1873 alors que Marie Blanc, la femme de François, développe cet art décoratif en principaut­é. À l’époque, Monte-Carlo est en plein essor, et elle choisit d’installer la Poterie de Monaco au-dessus des jardins du Casino pour lancer une production de faïences d’art et d’objets décoratifs avec le concours de Charles Frédéric Fisher.

« Sortir ces pièces de leur sommeil »

Le style Fisher, vases et coupes fleuris en haut-relief, est produit par une équipe d’une vingtaine de personnes jusqu’en 1884. Ce sont ces pièces qui ouvrent l’exposition, sorties des archives du Comité des traditions monégasque­s. « Ce qui est passionnan­t dans ce focus, c’est de faire le lien entre nos collection­s, l’histoire du pays et celle du monde », explique Marie-Claude Beaud, qui dirige le Nouveau musée national de Monaco (NMNM).

Dans cette exposition, il n’y a pas que la céramique qui fait son come-back mais aussi Cristiano Raimondi, qui a quitté l’équipe du NMNM il y a plus d’un an, et revient comme commissair­e invité. C’est lui qui a orchestré le projet et sa scénograph­ie. «Il était urgent de sortir ces pièces de leur sommeil », souffle-t-il. Elles témoignent d’un certain style qui tranche avec celui de la Seconde poterie de Monaco, impulsé par Eugène Baudin dès 1907 et présenté dans une autre salle. Les objets se font plus décoratifs, tendant vers la porcelaine. Des pièces de petit format alors que ce type d’art rencontre l’industrie, et la production d’objets en terre cuite sert le tourisme. Ce travail est mis en parallèle avec celui de l’Américain George Ohr, qui développa la céramique dans le Mississipp­i pour la cité balnéaire de Biloxi.

Le souvenir de Diato

Fidèle à son principe, le NMNM ouvre le dialogue dans l’exposition entre ces pièces patrimonia­les et des oeuvres plus contempora­ines d’artistes qui utilisent la céramique comme medium. Impossible d’éviter le passage par Pablo Picasso. Une salle compile une poignée de très belles pièces originales de son époque Vallauris, produites chez Madoura. Mais la belle surprise de l’exposition est la salle dédiée à Albert Diato. L’artiste monégasque, disparu en 1985, a marqué l’histoire de la céramique, jouant avec les pigments et les terres cuites. Plusieurs pièces exceptionn­elles sorties de Faenza en Italie, là où il a étudié la discipline, sont particuliè­rement remarquabl­es.

Savoir +

Artifices instables à la Villa Sauber, 17 avenue Princesse-Grace à Monaco, jusqu’au 31 janvier, tous les jours de 10 heures à 18 heures. Tarif : 6 euros. Entrée gratuite tous les dimanches. Site Internet : www.nmnm.mc

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Les créations du Monégasque Albert Diato, poétiques et inspirante­s.
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(Photos Jean-François Ottonello) Les visiteurs sont accueillis par les premières créations céramiques développée­s à Monaco dès , sous l’impulsion de Marie Blanc, qui impose la discipline et le style au pays.
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Le style Baudin, produit en principaut­é au début du XXe siècle.
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