Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Harcèlement de rue ? La loi contre les violences sexuelles et sexistes jugée « pas assez forte »
La loi du 3 août 2018, renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, a instauré l’outrage sexiste. Est considéré comme tel le fait « d’imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ». L’outrage sexiste est puni d’une amende allant de 90 à 1 500 euros, en cas de circonstances aggravantes (notamment lorsque la victime a moins de 15 ans ou qu’elle est considérée comme vulnérable), et d’un stage de lutte contre le sexisme, entre autres.
« Manque de reconnaissance »
Deux ans après, l’antenne antiboise de l’association Stop Harcèlement de Rue juge que la loi n’est « pas assez forte face au mal que peut faire le harcèlement à certaines personnes ». « Elle est signe d’une reconnaissance d’une cause qui était jusque-là méprisée par beaucoup de personnes. La portée de cette loi est cependant aléatoire puisqu’un harceleur ne portera jamais préjudice à une personne devant un policier. »
L’association pointe également le« manque de considération » lors des dépôts de plaintes, « ce qui peut parfois bloquer certaines femmes à exprimer ce qu’elles ont vécu ».« Il y a encore des progrès à faire en la matière ! » « Aujourd’hui, les démarches sont longues et n’aboutissent pas, estime la Niçoise Juliette. Imaginez, il faut prendre rendezvous pour déposer une plainte. C’est décourageant ! Les victimes ne sont pas accompagnées. Je me sens démunie face à ça...» Depuis début 2019, « 1723 amendes [pour outrage sexiste] ont été dressées par les forces de l’ordre », a assuré Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur chargée de la Citoyenneté, dans une interview accordée au Parisien, le 6 septembre. « On leur a demandé de doubler le nombre de verbalisations (...) Les femmes doivent pouvoir circuler librement partout. »