Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les Tigres toujours enragés ?

Habitué à disputer la grande coupe d’Europe, Leicester qui semble en perte de vitesse, n’en demeure pas moins une valeur sûre du rugby anglais. A prendre très au sérieux pour ne pas se faire griffer

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Quand on pense à Leicester, la première image qui nous revient à l’esprit date de 2013... La scène se déroule à Mayol, dans un stade plein à craquer, par un bel après-midi d’avril. Et l’on revoit clairement Jonny Wilkison, déjà auteur des 18 points du RCT grâce à six pénalités, délivrer le peuple de Toulon à la 79e minute de jeu d’un drop limpide qui envoie le RCT vers sa première demi-finale de H-Cup (Champions cup) de son histoire. Le match, qui s’était résumé à un gros combat et un duel de buteurs (Toby Flood, J.W.), avait été particuliè­rement tendu, Leicester menant au score jusqu’à la 47e minute et ne lâchant rien... jusqu’à ce drop tombé du ciel. La suite, tout le monde la connaît ! Mais cette rencontre, finalement remportée 21-15, restera dans les mémoires comme le premier quart de finale de coupe d’Europe à Mayol et sans doute le plus dur de sa récente histoire.

Une ambiance détestable

Voilà pour le plaisir ! Mais après ce moment d’intense bonheur offert aux Toulonnais contre leur gré, les « Leicesterm­en » ont aussi causé quelques misères au RCT... Dès la saison suivante où les Rouge et Noir ont retrouvé les Tigres, en phase de poule de l’épreuve continenta­le. Et plus particuliè­rement au Welford road stadium, où le RCT reçut un accueil glacial dans une ambiance aussi détestable que peuvent l’être parfois les Anglais. Ce jour-là, non seulement le RCT de Bernard Laporte et Bakkies Botha s’est incliné (25-21) après un combat féroce, mais en plus Richard Cockerill, alors manager des Tigres, avait fait citer après-coup, Castrogiov­anni, avec qui le club était en compte depuis son récent départ, et Delon Armitage qui aurait soi-disant insulté des supporters avinés à la sortie du stade... Privé de ses deux joueurs pendant de longues semaines par la commission de discipline de l’EPCR, et semble-t-il victime d’une injustice qui avait ému le peuple de Mayol, le RCT avait toutefois pris une belle revanche (23-8), au retour à Mayol et finalement réussi un doublé historique en fin de saison.

L’Europe comme bouffée d’air frais

Comme on le voit, jusque-là, avec Leicester, les histoires du RCT qui n’ont rien à voir avec des histoires d’amour, ont souvent mal commencé mais se sont toujours bien achevées. Mais ça, c’était avant. Depuis,

Richard Cockerill est devenu un ami et les Tigres sont un peu rentrés dans le rang Eux aussi versés pour la première fois de leur histoire dans la Challenge cup, ont fini premiers de leur poule en janvier, devant Pau, les Cardiff blues et Calvisano (5 victoires pour une seule défaite à Pau 24-17). Mais 9 mois plus loin, ils ne semblent plus aussi féroces comme en attestent leurs cinq défaites en Premiershi­p, depuis le 15 août, pour deux victoires seulement. Désormais 11es sur 12 de l’exercice 2019-2020, Leicester doit beaucoup compter sur la Challenge cup pour sauver sa saison et lancer la prochaine... Qualifiés pour la demi-finale sur tapis vert, au détriment de Castres, les Tigres se déplaceron­t forcément à Toulon avec une grosse envie de faire chuter les Varois à Mayol. Et Patrice Collazo n’imagine pas un instant qu’ils vont souffrir d’un manque de rythme pour n’avoir pas pu jouer ce week-end : « On l’a vu avec les Scarlets, il n’y a pas de vérité en la matière, mais pour connaître un peu les Anglo-saxons, je sais qu’ils pourront gérer cette situation », assure le manager du RCT, passé par Gloucester. « Je ne doute pas qu’ils viennent en conquérant­s », a même insisté le coach en rappelant la qualité de l’effectif anglais.

Les forces internatio­nales

Si le puissant trois-quart centre Manu Tuilagi a quitté Leicester, comme Telusa Veainu, Noel Reid, Greg Bateman et Kyle Eastmond, la franchise anglaise, soumise à des restrictio­ns sévères liées à sa masse salariale, a tout de même réussi à prolonger cet été trois joueurs cadres de son effectif, en l’occurrence le demi d’ouverture George Ford (27 ans, 69 sélections, fils de Mike), le pilier Ellis Genge (25 ans, 18 sélections) et l’expériment­é demi de mêlée Ben Youngs (30 ans, 102 sélections). Ajoutez à ceux-là, les Dan Cole, Jonny May, et même les Argentins Lavanini et Moroni, les Fidjiens Nadolo (ex Montpellie­r) et Murimuriva­lu (ex La Rochelle) et vous aurez une idée un peu plus précise des ambitions du club et des forces internatio­nales en présence... À prendre très au sérieux évidemment ! Mais comment pourrait-il en être autrement à ce niveau de la compétitio­n ?

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(Photo Luc Boutria) Le déplacemen­t du RCT au Welford road stadium en décembre  avait donné lieu à un match très engagé perdu par le RCT - dans un contexe particuliè­rement hostile.
 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? En décembre , le peuple de Toulon s’est levé pour manifester son soutien à Delon Armitage, victime d’une suspension injuste récoltée après son passage au Welford road stadium.
(Photo Patrick Blanchard) En décembre , le peuple de Toulon s’est levé pour manifester son soutien à Delon Armitage, victime d’une suspension injuste récoltée après son passage au Welford road stadium.
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