Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Sur terre pour décrocher la lune

Révélation française de l’édition 2019, Antoine Hoang revient cette semaine sur la terre de ses exploits. Nous avons rencontré le Varois alors qu’il préparait Roland-Garros du côté de Biot

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Qu’est-ce que ça cogne ! » En lançant d’entrée de jeu ces quelques mots au moment de déballer ses affaires, notre collègue photograph­e ne pouvait pas se tromper. Oui, il visait juste l’homme au boîtier noir. Ce jour-là, ça cognait en effet sévère. Et de tous les côtés, s’il vous plaît. Au-dessus de nos crânes, avec un cagnard digne du mois d’août. Mais aussi sous nos yeux, puisque face à nous, deux bonshommes s’adonnaient à d’autres types d’échanges. Moins verbaux, plus physiques, et avec, au centre de leurs débats, une petite balle jaune littéralem­ent broyée. Martyrisée, par les coups de canon sortis tous droit de la raquette d’Antoine Hoang. Attaques en coups droit long de ligne, revers à deux mains croisés sur la ligne, côté opposé, montées au filet, amortis, services, toute la panoplie du parfait tennisman y passait sur la terre battue de l’Académie Mouratoglo­u et sous le soleil de Biot. Là-bas, le Toulonnais (24 ans) préparait la semaine dernière son retour sur une autre terre, rouge elle aussi. La terre de ses exploits. Cette ocre de Roland-Garros où, voici maintenant un peu plus d’un an, il s’était révélé aux yeux du grand public.

Capable de gagner en seconde série en jouant main gauche

Invité par la FFT, et alors installé au 146e rang mondial, Antoine Hoang avait d’abord créé la surprise en sortant le Bosnien Damir Dzumhur (52e mondial) au premier tour, avant de faire sensation face à l’Espagnol Fernando Verdasco (27e mondial) en quatre sets (6-4, 3-6, 7-6, 7-5) au tour suivant, sur un court numéro 1 en ébullition. « J’avais plutôt bien géré la pression et le public, se souvient Antoine. Ça m’avait permis de jouer libéré et donc de sortir l’un de mes meilleurs

“Il

a un beau tennis et c’est un bosseur. Mais il faut que ce soit plus régulier. Son parcours à Roland, il doit en profiter derrière et il n’a pas réussi à le faire parce qu’il manque encore de solidité. Il faut être capable de gagner, même quand on joue un peu moins bien. C’est la force des meilleurs...” Sébastien Grosjean, capitaine de l’équipe

de France de Coupe Davis tennis. Cette année, je veux arriver à Roland dans le même état d’esprit. J’espère repartir avec la même philosophi­e qu’en 2019, tout en sachant que ce genre de performanc­es est dans mes cordes. » Dans ses cordes, le Varois possède notamment un fantastiqu­e revers à deux mains reposant sur une excellente main gauche (ambidextre, Antoine joue de la main droite, mais serait capable de gagner jusqu’en seconde série en jouant avec la gauche), mais aussi un jeu intuitif, porté vers l’avant. Des qualités indéniable­s mais qui ne lui ont malheureus­ement pas encore permis de s’installer durablemen­t dans le top 100 mondial. « Ila un beau tennis et c’est un bosseur. Mais il faut que ce soit plus régulier , jugeait récemment le capitaine de l’équipe de France, Sébastien Grosjean, dans nos colonnes. Son parcours à Roland, il doit en profiter derrière et il n’a pas réussi à le faire parce qu’il manque encore de solidité. Il faut être capable de gagner même quand on joue un peu moins bien. C’est la force des meilleurs. » Une marge de progressio­n dont Antoine a pleinement conscience. « Je ne veux pas perdre mon identité de jeu en voulant être solide à tout prix, prévient-il, mais oui, je n’ai pas eu la période de confirmati­on que j’attendais après Roland, regrette le Toulonnais. Je pense pouvoir faire beaucoup mieux et c’est même parfois un peu frustrant. Mais j’ai toujours ce feu en moi et je sais que mes plus belles années sont devant moi. » Preuve de ce feu, s’il en fallait une, les séances d’entraîneme­nt, où Antoine ne ménage pas ses efforts.

J’espère repartir avec la même philosophi­e qu’en , tout en sachant que ce genre de performanc­es est dans mes cordes... ”

« Sur terre, si tu joues juste, tu es récompensé »

S’il concède avoir dû « bricoler avec les moyens du bord » pendant le confinemen­t, le Varois travaille aujourd’hui très dur pour rejoindre les meilleurs. « Je voudrais m’installer dans le top 70, annonce celui qui pointe actuelleme­nt à la 125e place mondiale. Pour ensuite voir si je peux faire plus. » Un rang qui lui assurerait des qualificat­ions aux quatre tournois du Grand Chelem, comme cet US Open où il n’a pas été convié cet été. « Je n’étais pas loin, soupire ce grand gaillard. Mais d’un autre côté, j’ai

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