Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Je dois franchir un cap »
Régulièrement piqué par Patrice Collazo, Facundo Isa a fait deux entrées fracassantes contre le Lou et les Scarlets. Frustré par le manque de jeu, il semble enfin mûr pour exploser
Patrice Collazo ne le cache pas. Il attend beaucoup de son troisième ligne international argentin, Facundo Isa. Et quand il évoque « Facu », pour une raison où pour une autre, on sent, sinon une relation privilégiée au moins un lien particulier entre les deux hommes. Deux caractères très différents qui, parfois peuvent s’opposer, mais finalement s’accordent toujours autour d’un objectif commun : la gagne… Car au-delà des exigences de l’un et parfois des errements de l’autre, la relation est franche. Sincère. Forte. Et les deux hommes sont avant tout de grands compétiteurs. Ecarté du premier match de Top 14 à La Rochelle parce que Patrice estimait sans doute qu’il n’était pas dans ses meilleures dispositions, Facundo aurait pu se braquer et ruminer sa déception. Au lieu de quoi, il a redoublé d’efforts pour convaincre son coach de lui donner à nouveau sa chance. Piqué au vif, Facundo a réagi et tout de suite réintégré le groupe. Pas encore le XV de départ ! Mais ses entrées en jeu en fin de rencontre en tant qu’impact player face au Lou comme face aux Scarlets, ont été juste remarquables. Et forcément remarquées. Jusqu’à convaincre son coach de le cantonner dans ce rôle ? Certainement pas, même si sa fougue, sa puissance et sa générosité ont fait merveille à chaque fois et qu’on adore le voir partir à la corne et désosser presque coup pour coup ses adversaires. Car le jeu de la concurrence (sans parler de celui des blessures) vaut pour tout le monde. Et Facundo aura sans doute bientôt à nouveau sa chance dès le coup d’envoi d’une rencontre. Il s’y prépare, le plus sérieusement possible, parce que son ambition ne s’arrête pas à disputer des bouts de match. A 27 ans, Isa n’est plus un espoir du rugby argentin. Il doit devenir un de ses porte-drapeaux. Et se débarrasser de cette image d’éternel ado qui lui colle encore un peu trop à la peau... C’est tout ce que lui demande Collazo et c’est ce que Facundo veut ! Gageons donc qu’ils s’accorderont bientôt ! Isa ne s’est-il pas infligé lui-même une séance de musculation hier matin, le jour même de son 27e anniversaire pour se donner toutes les chances de réussir ?
Vous avez été écarté du groupe face à La Rochelle. C’était dur à vivre ?
Évidemment, ça ne fait pas plaisir, mais nous sommes joueurs et Patrice doit faire des choix, les meilleurs possible pour l’équipe. C’est le jeu de la concurrence...
Vous acceptez donc bien les critiques...
Oui car cela permet d’évoluer. Il faut savoir se remettre en question et je pense que Patrice ne fait jamais ses compositions pour perdre...
Mais vous comptez bien disputer les grands matches à venir ?
Je ne demande que ça. Personnellement, j’atteins souvent mon pic de forme un peu plus tard. Mais cette année, on doit être prêt plus tôt dans la saison et tout le monde travaille dur pour ça...
Dans quel état d’esprit étiez-vous lors de vos rentrées contre le Lou et les Scarlets ?
J’avais juste envie de montrer que je peux apporter un plus à l’équipe. Car je ne peux pas me contenter de jouer quelques minutes par match. Je veux avoir plus de temps de jeu...
Vous êtes pourtant très performant en impact player. Cela peut donner envie au coach de renouveler l’expérience...
Cela ne me gêne pas si c’est pour le bien de l’équipe, mais il est normal que je préfère être titulaire. Maintenant, j’ai ans et je dois franchir un cap. Je rêve aussi de gagner un trophée avec le RCT, bref j’ai envie de grandir...
Où en êtes-vous physiquement ?
Je suis en forme, à mon poids de forme. La Covid nous a au moins permis de bien nous préparer. Et ce serait bien d’en profiter en réalisant une grande saison. J’ai vraiment envie d’exploser cette année. Pour l’instant je manque un peu de rythme car je n’ai pas eu assez de temps de jeu. Habituellement, je fais souvent mes meilleurs matches au milieu des saisons. Mais là, je crois que ce sera avant, avec tout le travail que nous avons réalisé en amont.
La sélection argentine ?
J’ai vu que j’avais été intégré dans le squad de joueurs sur lesquels Mario Ledesma voulait s’appuyer. C’est déjà une bonne chose, mais je n’ai aucune nouvelle depuis. Les Pumas sont très importants pour moi mais je sais aussi qu’une nouvelle sélection passera forcément par de bons matches avec Toulon.
Leicester ?
D’après ce que j’en sais, ils ne sont pas très constants mais c’est malgré tout une équipe dangereuse avec de bons joueurs. Je pense notamment à mon coéquipier argentin Lavanini et à tous les autres internationaux...
Vous vous êtes déjà appelés ?
Oui, on a déjà parlé du match ensemble. On s’est un peu chauffé et on attend avec impatience le weekend pour se rencontrer. On va se faire la guerre sur le terrain mais on ira boire un coup ensemble après...
À minutes d’une finale, l’excitation monte de plusieurs crans ?
C’est un match que j’ai trop envie de jouer...
Que travaillez-vous particulièrement en ce moment ?
Là, je me suis mis à fond sur les nouvelles règles pour essayer de bien les assimiler et de bien m’adapter à toutes les situations. Cela a gêné beaucoup de monde sur les premiers matches où il y a eu beaucoup de pénalités. Il faut vraiment être focus là-dessus...
Vous avez déjà démontré de sérieux progrès depuis La Rochelle ?
Oui et on va essayer de continuer dans cette voie.
Le RCT est déjà performant devant, il doit maintenant l’être un peu plus derrière ?
Vrai, car on ne pourra pas tout le temps jouer avec les avants. Les trois-quarts commencent à se trouver. Ils sont un peu plus dans le bon timing, cela ne devrait plus tarder. Il faut que l’on montre autre chose.
On s’est déjà un peu chauffés avec Lavanini”