Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Boujenah : « Une icône qui s’en va »

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Michel Boujenah, l’admiration, le chagrin, des mots doux. « Que voulez-vous que je vous dise ? C’est une icône qui s’en va. » Le comédien garde le souvenir de son dernier concert au Festival de Ramatuelle, dont il est le directeur artistique. « C’était il y a quatre ans ou cinq ans, elle était à la fois magnifique et fatiguée. Mais surtout magnifique. » Boujenah veut que l’on parle non pas de « comment elle est partie » mais plutôt de « comment elle a vécu ». Elle a incarné, dit-il, « tellement de choses », et ceux qu’elle a rencontrés sont partis en si grand nombre, des géants, Jacques Brel et Miles Davis, Jean-Paul Sartre, Raymond Queneau, Boris Vian… « Appelez Jacqueline Franjou. Je ne suis pas légitime. Je l’ai connue dans la toute dernière partie de sa vie. Elle avait un caractère trempé. Ce n’était pas n’importe qui. Elle a eu, jusqu’à la fin, une amitié très forte avec Abd Al Malik. Elle était ouverte sur le monde. Voilà. Une femme qui fait vraiment partie de l’Histoire de France. Juliette Gréco. Vous vous rendez compte ? »

Jacqueline Franjou : « Une folle vie »

À la demande de Juliette Gréco, la présidente du Festival, l’a (re) mariée. Avec Gérard Jouannest, son pianiste, qui avait été celui de Jacques Brel. Auparavant, l’artiste lui avait demandé de lui présenter l’architecte du théâtre de Ramatuelle afin qu’il dessine les plans de sa maison. « C’était en août 1985, quelques jours après le concert qu’elle avait donné à l’occasion de notre première édition. » Tout le monde s’était montré discret. À l’exception de Jean-Claude Brialy, le prédécesse­ur de Boujenah, dont le télégramme de félicitati­ons avait mis le feu aux poudres médiatique­s. Brialy qui disait de Gréco : «Un soldat. Elle est toujours debout, jamais couchée. Sauf pour les bonnes occasions… » Jacqueline Franjou décrit « un personnage extrêmemen­t attachant » et se félicite de son « aventure amicale superbe » auprès d’elle. Gréco ? « Un humour permanent, l’amour des mots, une joie de vivre extraordin­aire, une fidélité irréprocha­ble. »

« Une folle vie »

« Une folle vie », résume-telle en évoquant le passé de celle qui avait surmonté l’AVC « avec une force incroyable » en retrouvant l’énergie, la mémoire : «Ily a deux ans, elle voulait remonter sur scène. » Son amie est partie « totalement apaisée », assure Jacqueline Franjou qui ne l’a jamais vue se plaindre. « Elle ne souffre plus. Sera inhumée au cimetière du Montparnas­se, où Saint-Germain-des-Prés, j’espère, lui fera une fête mémorable. Mais sa maison, c’était Ramatuelle.

La seule qu’elle ait construite et celle que, profondéme­nt, elle aimait. »

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“Elle est bonne, hein,
 ??  ?? Gérard Jouannest, Juliette Gréco, Michel Boujenah et Jacqueline Franjou.
Gérard Jouannest, Juliette Gréco, Michel Boujenah et Jacqueline Franjou.
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confiait Juliette Gréco.
« Pour résister à l’approche de la fin, il faut aimer ce qu’on fait, à la folie, aimer son métier comme je l’aime moi, c’est-à-dire de façon démesurée, hors normes, en allant chanter aussi dans des petites salles de banlieue en matinée et savourer qu’un jeune homme ait dit à la fin du tour de chant : confiait Juliette Gréco.
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Dans les loges du Théâtre de plein-air de Ramatuelle où elle s’est produite tant de fois sous les bons
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