Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Biélorussie : des canons à eau contre les manifestants
Arrestations et canons à eau : la police bélarusse a dispersé, hier, une manifestation de l’opposition à Minsk contre la prestation de serment inattendue du président bélarusse Alexandre Loukachenko, confronté à un mouvement de contestation historique. Des Etats européens ont dénoncé l’obstination de Loukachenko, Berlin déclarant « ne pas le reconnaître », faute de « légitimité démocratique ». Jusqu’à 5 000 personnes ont défilé dans la soirée contre le chef d’Etat sur l’avenue des Vainqueurs, dans le centre de la capitale bélarusse. Des canons à eau sont ensuite entrés en action et des policiers antiémeutes encagoulés ont procédé à des dizaines d’arrestations. Au moins deux personnes ont été blessées par des coups de matraque, selon des témoins. Du gaz lacrymogène a également été utilisé. L’ONG de défense des droits humains Viasna a recensé au moins 33 interpellations. De nombreux protestataires portaient de fausses couronnes en carton sur la tête, dans une allusion à la prestation de serment du président Loukachenko.
Une investiture non reconnue
« Nous ne t’avons pas choisi ! », « Tu n’as pas pris tes fonctions, tu es juste devenu complètement sénile ! », pouvait-on lire sur des affiches portées par des protestataires. Fait exceptionnel, la cérémonie d’investiture d’Alexandre Loukachenko n’a été annoncée hier, qu’une fois terminée, par l’agence de presse d’Etat Belta puis la présidence. Dans la matinée, le cortège présidentiel avait défilé à toute vitesse sur l’artère principale de Minsk, fermée au public, et les forces de l’ordre avaient été déployées en nombre autour de la présidence. « Cette prétendue investiture est évidemment une farce », a dénoncé Svetlana Tikhanovskaïa, la principale rivale de Loukachenko, qui s’est exilée en Lituanie et qui a une nouvelle fois revendiqué sa victoire à la présidentielle d’août. Le gouvernement allemand a quant à lui jugé que «lesecret » entourant la cérémonie d’investiture était « révélateur » des faiblesses du régime et que faute de «légitimité démocratique », Berlin ne reconnaissait pas la réélection de Loukachenko. Le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a aussi affirmé ne pas reconnaître la réélection de Loukachenko. Le chef de la diplomatie lituanienne, Linas Linkevicius a raillé « une investiture frauduleuse », tandis que le porte-parole de la diplomatie lettone a soutenu qu’elle ne faisait qu’aggraver la crise politique en cours. Pour l’opposition, cette cérémonie, qui devait avoir lieu légalement avant le 9 octobre, a été organisée en catimini de crainte d’une nouvelle grande manifestation.