Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
France 50 ans à la pointe
Le Sloop tricolore du baron Bich a été conçu en 1970 pour l’America’s cup. Ce monument historique (depuis 1992) célèbre (sans fiesta à cause de la Covid) son 50e anniversaire cette année
À50 ans, il est le premier d’une lignée de racers à la pointe… d’un Bich. France, l’un des 12 Mètre JI (eh oui, sans S voir ci-contre !) engagés dans ces 42es Régates royales de Cannes, a été conçu en 1970 pour l’industriel Marcel Bich (le stylo Bic, c’est lui !). « Il a été construit par le chantier suisse Egger pour l’America’s cup, raconte Pierre Bausset, son skipper actuel. Et comme le règlement de la coupe de l’America impose que les voiliers soient tous construits entièrement dans le pays qu’ils représentent, le chantier a été déplacé jusqu’à la frontière (à Pontarlier, Ndlr) !» France a été, en 1970 aussi, le premier bateau français à participer à cette course mythique longtemps organisée à Newport (état de Rhode Island). Il se présente sur la ligne de départ de nouveau en 1974, puis en 1977. « Le baron Bich avait acheté plusieurs 12 M JI pour l’entraînement de son équipage », relate encore Pierre Bausset qui est, au civil, le capitaine du yacht personnel (un shipman 80) du principal mécène de France, Bruno, le fils du baron Bich décédé en 1994. « C’est comme ça que je suis devenu le skipper de France, souligne Pierre Bausset en polo rouge siglé F1, le numéro de la voile de France. En fait, le baron Bich en a fait don à la Marine nationale. Il a servi de bateau école à Brest pendant quelques années, avant de moisir sur un quai. C’est à ce momentlà que Bruno Bich l’a récupéré. » Restauré en Bretagne, il est rapatrié en Méditerranée où il participe depuis au circuit classique. « Il est basé à Hyères où le dimanche, on le sort pour des entraînements ou des journées découverte auxquelles on peut s’inscrire. »
Une association propriétaire
Du baron à Bruno Bich, une affaire de famille encore aujourd’hui, même si le propriétaire du voilier classique à la coque en acajou tricolore est une association : « L’AFCA 12 MJI France », précise Dominique Surcouf, l’un des équipiers sur les France 1 et 3 des Coupe de l’America. Mais aussi l’un des 60 membres bénévoles de l’association (100 euros l’adhésion), comme le sont d’ailleurs les 15 membres d’équipage (dont 10 bénévoles) embarqués pour cette édition des Régates cannoises. « À bord, assure Pierre Bausset, il n’y a que des personnalités ! » À côté du descendant du corsaire malouin, il y a donc Robert « Totone » Gonidec, autre Breton qui tient « le poste d’embraqueur de génois comme Dominique. Autrement dit, on tire sur les écoutes des voiles », traduit le sexagénaire qui a fait « 18 saisons sur des 12 M JI et la Coupe sur French Kiss. Ce sont des bateaux d’équipage, tout le monde travaille ensemble. Quand on y a goûté, on a qu’une envie : recommencer. » Dominique Surcouf, capitaine de classiques pendant 10 ans, et son ami septuagénaire Paul Ayasse, ne disent pas le contraire : « Les traditions, quand on tombe dedans, on n’en sort plus. »