Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les artistes dans le flou et l’angoisse
Après une année 2020 en sourdine, artistes, techniciens et organisateurs locaux de festivals craignent une nouvelle année blanche. Avec des conséquences humaines plus que fâcheuses en perspective. Face à ce que la culture endure, rien ne rassure.
Des guitares et des voix sans cordes, des batteries sans peaux, des trompettes sans piston. À quelques exceptions près, les acteurs de la culture sont demeurés, l’année dernière, dans un silence de cathédrale, oeuvrant au ralenti, interdits qu’ils étaient de franchir le mur du son. Si les têtes de gondoles ne sont pas en souffrance, sinon psychologique, dans leurs confortables studios privés, des milliers de petites mains, de musiciens et comédiens ont été privés de leurs revenus, acquis généralement au long des stridulations des cigales, et leur permettant de vivre en fourmi quand la bise est venue.
Les « petits » pas rassurés
Et ce n’est pas l’indemnité journalière, ouvrable sous condition d’accomplir plus de 500 heures travaillées dans l’année, qui panse les plaies et nourrit les familles. Pour beaucoup, les temps sont à la disette et il faut lâcher la « gratte » pour tremper les mains dans le cambouis afin de rehausser les épinards de beurre.
La mort du pianiste est-elle annoncée ? C’est l’hallali que somme d’artistes craignent, à l’aube d’une année qui résonne plus d’incertitudes que d’optimisme. Car les concerts « tests » qui vont avoir lieu et les négociations entre ministère de la Culture et grands festivals n’ont rien pour rassurer les « petits », dont il n’est pas certain qu’ils puissent bénéficier d’autorisations de se produire. Mais également des moyens de le faire en regard de la limitation de (Photo Hélène Dos Santos) la jauge de spectateurs assis, suscitant des logistiques coûteuses et des cachets revus à la baisse. Et quand bien même le ciel estival viendrait à se dégager, il faudra également convaincre les élus, eux aussi entre deux eaux, de bourse délier. Avec un autre écueil, celui du spectacle de dernière minute, qui ferait s’entrechoquer les dates d’une saison courte et généralement préparée très à l’avance.
Castration créative
La perspective réduite à néant par l’épaisse nébuleuse virale, chacun reste campé dans une sorte de tétanie qui use physiquement et psychologiquement.
Quoi de plus frustrant que de préparer un « set » ou un festival sans la garantie de pouvoir monter sur scène ? De ne pas rencontrer le public et l’adrénaline qu’il partage avec les pourvoyeurs de bons temps ?
Comment battre en brèche ce sentiment de castration créative, quand on n’a même pas l’opportunité d’improviser ou de jouer son rôle de composition ? À se casser la tête, faute de pouvoir taper un boeuf…
‘‘
Quoi de plus frustrant que de préparer un « set » ou un festival sans la garantie de pouvoir monter sur scène ?