Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une famille en deuil fait face à un casse-tête juridique
Depuis le décès de son père mardi à Fréjus, la famille Cherfi cherche à l’enterrer dignement dans un carré musulman. L’un des fils, dracénois, souhaiterait obtenir une dérogation du maire
Après avoir été confrontée à la douleur de la disparition de son père, la famille Cherfi doit faire face à une situation kafkaïenne. Depuis mardi, ses enfants cherchent un lieu adapté pour accueillir la sépulture de leur papa. Décédé à 83 ans au centre hospitalier Bonnet à Fréjus, Djillali Cherfi, de confession musulmane, pourrait être enterré dans cette commune. Sauf que celle-ci, selon son fils Abdelkader, ne dispose pas de carré musulman. Une place est bel et bien disponible mais au cimetière communal, laïque.
Des funérailles sans la famille ?
Avant son décès, Djillali Cherfi avait fait part de ses dernières volontés. Il souhaitait être inhumé en Algérie, son pays d’origine. Mais personne n’avait imaginé parmi ses proches que la crise sanitaire et ses mesures restrictives contraindraient la famille à laisser partir toute seule sa dépouille. Toute la famille vit ici. Son épouse à Fréjus, sa fille à Vidauban, son fils à Draguignan...
« Avec la crise sanitaire, tous les vols internationaux sont bloqués. Il faudrait laisser partir mon père pour être enterré là-bas mais sans notre présence », explique Abdelkader Cherfi.
Une solution inenvisageable pour le Dracénois et son épouse qui cherchent depuis une autre solution. Le couple s’est ainsi rendu au carré musulman du cimetière paysager de Draguignan. « Nous avons constaté qu’une centaine d’emplacements étaient disponibles. Nous avons donc sollicité avant-hier la mairie pour obtenir un rendez-vous avec le premier magistrat, Richard Strambio (1). Le maire a un pouvoir de dérogation pour procéder à l’inhumation dans sa commune », poursuit Abdelkader Cherfi. Depuis jeudi, le couple de Dracénois attend une entrevue. En vain.
« Une employée de mairie nous a indiqué avant-hier qu’il était très (Photo E. E.)
« Je veux bien céder ma place »
Le Dracénois a renouvelé sa demande aujourd’hui en se rendant directement à l’hôtel de ville. « J’ai été reçu par le responsable du service funéraire qui m’a indiqué que l’article 2223 du Code général des collectivités territoriales stipule que le défunt doit être enterré dans la commune où il réside, ou celle où il est décédé. Et que les emplacements sont réservés aux résidants ». Abdelkader Cherfi réside depuis 2004 à Draguignan et se dit prêt à acheter une concession pour son père et abandonner son droit en tant que Dracénois. « Je veux bien céder ma place à mon père. Je souhaite juste une solution digne. Si seulement j’avais su ce à quoi on allait être confrontés, j’aurais pris mon père chez moi afin qu’il vive ses dernières heures à Draguignan. Et puisse y être enterré », glisse-t-il. Et d’ajouter : «Jeveuxjusteunpeu d’humanité. Rencontrer le maire, lui expliquer de vive voix. Après, peu importe sa décision. J’aurai tout tenté ». occupé », raconte Abdelkader Cherfi.