Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Venturi, le show et l’effroi
Week-end d’ouverture contrasté pour l’écurie monégasque en Arabie saoudite où Edoardo Mortara a renoué avec le podium avant de sortir indemne d’un crash aussi violent que bizarre
Si elle a probablement vite zappé de sa mémoire l’épilogue sans éclat de la saison 6 du championnat FIA Formule E - seulement 10 points pris lors des six ultimes courses enchaînées à Berlin en août 2020 -, sûr qu’elle se souviendra longtemps du top départ saoudien de la saison 7. Mise à feu pour le moins contrastée. Et ô combien électrique...
Vendredi et samedi, à Diriyah, dans la banlieue de la capitale Riyad, Susie Wolff est passée par tous les sentiments. « Un vrai ascenseur émotionnel », commente la Team Principal de l’écurie Venturi Racing. « Après être monté haut d’entrée, on a vécu une seconde journée beaucoup plus difficile. »
Vendredi : dans un trou de souris
Relever la tête tout de suite afin de viser plus haut... Au pays de l’or noir, tel était l’objectif numéro 1 du commando monégasque, pâle 10e du championnat teams l’an dernier. Désireuse de récolter illico le fruit de l’intensif travail de développement accompli entre été et hiver pour intégrer le nouveau groupe motopropulseur Mercedes, l’équipe ne
“Avant
ces premiers départs, je ne comptais que quatre jours d’essais sur circuit. Alors je suis content d’avoir ramené l’auto intacte au garage en finissant les deux courses. Se bagarrer en piste avec des Buemi, Da Costa et Vergne, ça accélère l’apprentissage.”
Le successeur antibois de Felipe Massa chez Venturi a fini 14e puis 16e à Diriyah. tarde pas à voir ses efforts récompensés. Dès les essais libres, Edoardo Mortara démontre que la greffe est réussie : P4 puis P3, s’il vous plaît !
Un feu de paille ? Que nenni... Survolté, le ‘‘pilier’’ italo-suisse confirme en poussant les portes de la superpole. Bon quatrième sur la grille de départ de la C1, il va retrouver le chemin du podium perdu de vue depuis l’ePrix de Hong Kong 2019. Derrière la Mercedes du poleman néerlandais Nyck de Vries, intouchable 32 tours durant, c’est lui qui fait des étincelles. Il profite de son premier mode Attaque - un surplus de 25 kW de puissance durant 4 minutes que chaque pilote peut activer deux fois en course - pour opérer un double dépassement époustouflant dans un trou de souris entre le Néo-Zélandais Mitch Evans (Jaguar) et l’Allemand Pascal Wehrlein (Porsche). « Le moment clé» , explique-t-il. « D’un côté comme de l’autre, c’est passé fin, ça s’est joué au millimètre... »
« Cette brillante manoeuvre mérite de figurer dans le livre d’histoire de la Formule E », appuie une Susie Wolff ravie de voir son pilote couper la ligne de la délivrance en 2e
CIRCUIT PAUL RICARD
(Photo LAT Images) position - à 4’’1 de De Vries après avoir également débordé l’Audi du triple champion DTM René Rast.
Samedi : un choc qui pose question
Le lendemain, l’ultime galop d’essais (6e) laisse augurer un bis repetita. Mais le show Mortara s’arrête net sitôt la séance terminée. La faute à une soudaine défaillance de ses freins lors du tour de décélération qui l’expédie à pleine vitesse dans un mur de protection au virage 18. « D’un coup, je suis devenu passager, complètement impuissant, un feeling pas très agréable, à oublier », racontera plus tard le héros malheureux du deuxième jour, vite extrait de son cockpit et transporté à l’hôpital pour y passer des examens de contrôle fort heureusement rassurants.
Voiture trop endommagée pour être remise en état dans le temps imparti, Mortara, bien qu’ayant reçu le feu vert médical, manque à l’appel de la C2.
L’origine de cet étrange bug a-t-elle été localisée ? Contraintes de tirer un trait sur les qualifications par des commissaires FIA en quête d’éclaircissements, les deux Mercedes (De Vries, Vandoorne) et la Venturi rescapée du rookie antibois Norman Nato se sont élancées en fond de grille et ont conclu le week-end loin des avantpostes.
« Edo va bien, c’est l’essentiel », souffle la patronne.
« Je comprends la décision de la FIA. Sur les circuits, la sécurité prime toujours. » L’étape suivante, à Rome, ne comprendra qu’un ePrix, le samedi 10 avril. Show ou effroi, il faudra choisir...