Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Jugé et condamné après avoir été menaçant envers des policiers niçois
L’affaire illustre la tension qui règne dans les quartiers niçois depuis la mort de Maïcol, un jeune de vingt ans décédé le 10 janvier dans un tunnel.
Il était poursuivi par la brigade anticriminalité pour refus d’obtempérer. La moto sur laquelle il se trouvait s’était écrasée au sol lors de la course-poursuite. Depuis, sa famille exige des réponses. Une enquête de l’Inspection générale de la police nationale, la police des polices, a été diligentée. C’est dans ce contexte que, dimanche, T. M., 20 ans, affirmant être un proche de Maïcol, est contrôlé à Nice, en plein couvre-feu.
Les policiers surveillent ce soir-là la route de Turin, après des rumeurs de règlements de comptes entre Cap-Verdiens et gens de la communauté du voyage.
Un policier dégaine son arme
La Smart dans laquelle le jeune homme se trouve ce soir-là vient de commettre une série d’infractions et manque de percuter l’équipage de policiers. Elle finit bloquée dans une impasse. T. M. se cache derrière une voiture, cache un joint au sol pendant que le conducteur se rend.
Un policier dégaine alors son arme de service. Les versions divergent ensuite. T. M. explique avoir eu l’arme sur la tempe et avoir pris trois gifles. De leur côté les quatre policiers affirment avoir entendu : « Tuez-moi comme vous avez tué mon copain. On va tous vous crever, vous allez voir, vous allez finir comme Maïcol. »
Ils affirment qu’il s’est débattu.
Le jeune homme était jugé hier pour outrage, rébellion et menace de mort par le tribunal correctionnel de Nice présidé par Marion Menot. Un procès parole contre parole. À la barre, le jeune homme a vigoureusement nié avoir tenu ces paroles. « On ne fera pas aujourd’hui le procès de ce qui s’est passé il y a quelque temps et qui fait l’objet d’investigations. Nous sommes là pour juger de l’attitude de monsieur durant ce contrôle », a souligné le procureur, Marc Ruperd, pour dépassionner le débat. L’avocat du jeune homme, Me Benjamin Taïeb, a avoué son impuissance et sa lassitude.
La rébellion non retenue
« Je sais que la parole de ce jeune homme ne vaut pas grand-chose face à quatre policiers. Vous avez là un jeune homme extrêmement crédible. Vous avez de l’autre côté quatre déclarations identiques de la part des policiers, des copier-coller à la virgule près. » L’avocat a fustigé les demandes financières « exorbitantes des policiers » : 1 000 euros par fonctionnaire.
« J’ai du mal à comprendre pourquoi quatre fonctionnaires de police viendraient mentir », avait plaidé de son côté leur conseil, Me Jordan Haddad.
T. M. a été condamné à trois mois ferme, aménageables. Les charges de rébellion ont été abandonnées. Les demandes de dommages et intérêts des policiers ont été ramenées à 800 euros au total.