Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Maisons du handicap, le comparatif département par département
En exclusivité, notre journal dévoile les conclusions du 2e Baromètre des maisons départementales des personnes handicapées. Constat : les délais tendent à se réduire, mais de fortes inégalités persistent.
S «implifier la vie et l’accès au droit, pour les personnes en situation de handicap. » C’est la mission que s’est fixée Sophie Cluzel. Pour la mener à bien, la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées a lancé un comparatif, chiffres à l’appui : le baromètre des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).
Cet indicateur, à vocation trimestrielle, permet d’évaluer les progrès et d’identifier les points faibles. Votre journal vous dévoile aujourd’hui les résultats de sa deuxième édition. Le sujet est d’intérêt général : la France compte 12 millions de citoyens porteurs d’un handicap, et entre 8 et 10 millions d’aidants. Le principe ? Comparer les taux d’acceptation et les délais de traitement d’un département à l’autre. « Il était important de publier ces chiffres, afin que les citoyens puissent les comparer, qu’ils soient valides ou en situation de handicap », justifie Sophie Cluzel. Directement rattachée au Premier ministre, elle veut agir en partenariat avec les conseils département, dépositaires de la politique de solidarité locale. Pour « qu’ils s’engagent à améliorer l’équité territoriale ».
Près de droits à vie
Près de 100 000 droits à vie, accordés au titre de l’allocation adulte handicapé (AAH). C’est le symbole fort revendiqué par la secrétaire d’Etat. « Il en va de la simplification, mais aussi de la dignité des personnes, justifie Sophie Cluzel. Imaginez que tous les trois ans, une personne agveugle, trisomique ou doublement amputée devait retourner chez le toubib faire tamponner son certificat médical ! Désormais, c’est ouvert à vie. Et là, nous changeons la vie des gens. »
Plus précisément, 94 000 personnes handicapées à plus de 80 % ont obtenu l’AAH entre janvier 2019 et décembre 2020. Un net progrès. La part de droits accordés à ce titre est passée de 25 % à 60 %. Le déséquilibre reste flagrant d’un département à l’autre, des Côtes-d’Armor
Alpes-Maritimes Var Bouches-du-Rhône (en mois)
oct-déc
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Alpes-Maritimes Var Bouches-du-Rhône
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En cours , ,
Alpes-Maritimes Var Bouches-du-Rhône
*Part des droits accordés aux personnes éligibles
(16 %) aux Alpes-de-Haute-Provence (90 %). Dans les Alpes-Maritimes, ce taux a bondi en 2020 de 17 à 64 %, tandis qu’il passait dans le Var de 40 à 50 %. Derrière ces chiffres, autant de bénéficiaires désormais exemptés de l’étape « Prouvez-le ».
Près d’un million de cartes
Autres droits à vie : les cartes mobilités inclusion. 937 000 ont été octroyées au cours des deux années écoulées, sans limitation de durée. La plus emblématique : la carte de stationnement accordée aux personnes handicapées. Dans les AlpesMaritimes, elle était accordée à 39 %
janv-août
, , %* % % des demandeurs fin 2020, contre 12 % auparavant. Dans le Var, légère progression, de 54 à 57 %. Un niveau bien plus élevé que dans les Bouches-du-Rhône voisines, passées de 17 à 29 %. Mêmes progrès du côté des cartes d’invalidité et d’accès prioritaire. Globalement, « ça s’accélère, salue Sophie Cluzel. Nous avons parfois des difficultés, notamment sur des photographies. C’est un circuit qui s’est amélioré, et qui peut encore s’améliorer. »
Accompagnement scolaire sécurisé oct-déc
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C’est un nouvel indicateur, et «ilest
Infographie Rina UZAN
excessivement important » aux yeux de la secrétaire d’Etat : la durée des droits pour l’accompagnement de la scolarité. « Pour les familles, il n’y a rien de pire que de devoir refaire son dossier tous les ans », témoigne Sophie Cluzel. L’élue parle en connaissance de cause, « pour l’avoir vécu » avec sa Julia, sa fille trisomique. Grande nouveauté : « Les familles n’ont plus à refaire leur dossier tous les ans. Désormais, un accompagnement est octroyé pour un cycle scolaire, de trois ou quatre ans. » Une mesure « de bon sens ». Actuellement, cet accompagnement s’étire en moyenne sur 32,1 mois dans les
Alpes-Maritimes, 33,7 mois dans le Var, 39,6 mois dans les Bouches-duRhône. Cette durée peut passer du simple au triple entre deux départements, de la Haute-Saône (15,5) et la Haute-Garonne (47,6).
Délais : du mieux, mais...
Du mieux, mais doit mieux faire. Entre 2019 et 2020, la durée moyenne de traitement des demandes par les MDPH est passée de 4,6 à 4,2 mois. La barre fixée par Emmanuel Macron est encore loin : trois mois pour l’AAH. « Nous devons encore nous améliorer, concède Sophie Cluzel. Nous nous y attelons pour faire bénéficier de manière beaucoup plus rapide les personnes qui demandent leur AAH. »
Les délais varient largement d’un département à l’autre. Les Bouchesdu-Rhône offrent le délai le plus court de France (1,6 mois). Le Var se classe en 6e position (2,6 mois). Mieux vaut y solliciter l’AAH que dans les Alpes-de-Haute-Provence (4,2 mois) ou d’autres départements où l’attente peut dépasser sept mois. Les Alpes-Maritimes n’ont pas été en mesure de communiquer leurs chiffres actualisés. En 2019, elles tournaient à 3,7 mois de moyenne.
Des inégalités à réduire
Et ce n’est pas un hasard. La Côte d’Azur figure parmi la vingtaine de MDPH en difficulté. Système informatique, formation des équipes, nombre de demandes, pénurie médicale... Nombre de facteurs entrent en ligne de compte. La réalisation du baromètre, elle-même, est contrariée par l’absence de système informatique commun. « Nous avons perdu quinze ans ! », grince Sophie Cluzel. A charge pour les Départements de France, présidés par Dominique Bussereau, d’harmoniser les pratiques. « L’Etat n’est pas responsable de tout » , insiste la secrétaire d’Etat, en poste depuis 2017. Elle met en valeur les 25 M € mis sur la table par l’Etat. Et la « task force » qui va intervenir dans les MDPH en difficulté. Celle du 06 n’est pour l’instant pas concernée.