Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Macron reconnaît que l’armée française a torturé et assassiné
Pendant des années, la France a fait passer la mort du dirigeant nationaliste Ali Boumendjel en 1957 – en pleine guerre d’Algérie – pour un suicide.
Emmanuel Macron a reconnu, « au nom de la France », que l’avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel avait été « torturé et assassiné » par l’armée française pendant la guerre d’Algérie en 1957, un geste d’apaisement recommandé par le rapport de l’historien Benjamin Stora. Ce geste « n’est pas un acte isolé », promet le président français dans un communiqué. « Aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant la Guerre d’Algérie ne peut être excusé ni occulté. » « C’est un grand pas pour notre famille et pour les milliers d’autres qui ont vécu les mêmes atrocités » pendant la guerre d’Algérie a déclaré, hier, son petit-fils, saluant une « avancée » vers la « vérité » et la « réconciliation ».
Mettre fin à la « repentance »
Cependant, cette décision a été fustigée par le Rassemblement national hier : « Alors que le communautarisme et l’islamisme progressent et se nourrissent de nos faiblesses, Macron continue d’envoyer des signaux désastreux de repentance, de division et de haine de soi... Il faut vite renouer, au sommet de l’Etat, avec la fierté d’être français ! », a écrit sur Twitter la dirigeante d’extrême droite, Marine Le Pen. Dans un deuxième tweet, la cheffe du RN et candidate à l’Elysée, a jugé que « le fait de pointer directement la responsabilité de l’armée française » allait « mettre nos soldats en danger » , au moment « où celle-ci est parfois violemment contestée par certaines populations locales dans son intervention au Sahel ». De son côté, le maire de Béziers proche du RN Robert Ménard, né à Oran, qui avait en mars 2015 débaptisé la rue du 19-mars-1962, marquant la fin de la guerre d’Algérie, pour lui donner le nom d’Hélie Denoix de Saint-Marc, un militaire partisan de l’Algérie française ayant pris part au putsch des généraux, affirme qu’« on n’a jamais vu un tel geste [de repentance] de la part du régime algérien. Pourtant, la torture ou les exactions de masse, ils connaissent ! ».