Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À LA CHASSE AUX ÉPAVES
Un vaste chantier vient de débuter à St-Tropez La problématique touche tout le littoral varois
Ce n’est ni le plus grand, ni le plus luxueux yacht aperçu dans les eaux de Saint-Tropez. Mais avec ses 30 mètres de long, l’Ipsum en impose quand même. Ou plutôt, en imposait. Car depuis près de deux ans maintenant, le bateau est échoué, telle une grosse baleine blanche, à l’entrée de la cité du Bailli.
Dans la nuit du 4 au 5 mai 2019, sous l’effet d’un violent coup de mistral, l’Ipsum, alors au mouillage à proximité du port, fut en effet drossé à la côte, quasiment sous les baies vitrées du restaurant Les Viviers du Pilon. Triste spectacle pour une commune très attachée à son image glamour.
Mais après 22 mois d’attente, période pendant laquelle le yacht a été entièrement pillé, cette « verrue » est sur le point de disparaître du paysage tropézien. Mardi matin, le chantier de démantèlement de l’Ipsum a enfin débuté. Pour le plus grand soulagement de Sylvie Siri, la maire de la commune. « Tout au long de ces deux années, on a été très souvent interpellés par nos administrés sur le sort de ce yacht échoué. On est donc très heureux de se débarrasser enfin de cette épave », glisse l’élue.
L’Ipsum aura disparu le mars
« Pas facile, car la déconstruction se fait à flot », pour reprendre les mots de Gérald Bertaina, le patron de Géotrade, la société qui a remporté le marché. Le chantier ne devrait pas traîner en longueur. Si la météo est au rendez-vous, l’Ipsum se sera entièrement volatilisé au plus tard le 19 mars prochain ! « Pour l’heure, on prépare le chantier. La déconstruction du yacht à proprement parler démarrera le 8 mars. Les déchets qui en seront extraits sont estimés à 100 tonnes, dont 80 % de bois et 20 % de déchets industriels banals. Un doute demeure sur la présence ou non d’amiante dans le compartiment moteur », explique Gérald Bertaina, dont la société a déjà 70 déconstructions de navires à son actif.
Si ce chantier est emblématique de par la taille du bateau, la préfecture maritime de la Méditerranée n’est pas au bout de ses peines. « Quelque 180 épaves échouées sont actuellement répertoriées sur l’ensemble du littoral méditerranéen français », affirme le commissaire général Thierry Duchesne, adjoint du préfet maritime pour l’action de l’État en mer. Parmi les communes les plus affectées par ce phénomène : Villefranche-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes, mais aussi Figari et Santa Manza en Corse, ou encore La Seyne-sur-Mer dans la rade de Toulon.
Et avec une flotte de plaisance vieillissante, des bateaux de plus en plus difficiles à vendre, et des propriétaires qui n’ont parfois plus les moyens de les entretenir, le phénomène pourrait encore s’accentuer à l’avenir.