Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« L’État se désintéres­se de nous »

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Apiculteur depuis  ans à Mons, Jean-Sébastien Gros préside le groupement de défense sanitaire apicole (GDSA) du Var, associatio­n qui compte environ  adhérents.

Quel est le rôle du GDSA ?

À l’origine on était le lien entre les services de l’État et l’apiculteur pour l’aider à maintenir son cheptel en bonne santé, le conseiller sur les méthodes de prophylaxi­e et de traitement­s. L’État s’est peu à peu désengagé de ce travail de gestion sanitaire en nous en transféran­t toute la charge sans aucun moyen. Nous ne vivons que des cotisation­s de nos adhérents. Nous devons aussi commander les traitement­s vétérinair­es et demander les subvention­s pour qu’ils soient moins chers pour les apiculteur­s. Le Départemen­t n’a plus le droit de le faire, on attend la réponse de la Région qui doit définir ses priorités. On s’occupe des achats groupés. Si on n’a pas une subvention, nos adhérents n’auront aucun intérêt à passer par nous pour acheter un produit sans remise et nous n’aurons plus les moyens financiers de défrayer les TSA donc plus la capacité d’assumer les missions qui sont les nôtres.

Comment contrôlez-vous les ruches ?

À l’origine, le technicien sanitaire apicole visite les ruchers avec l’apiculteur pour vérifier l’état sanitaire et le conseiller. Aujourd’hui, il peut le faire à la demande de l’apiculteur pour voir s’il y a un problème mais son obligation c’est de voir toutes les ruches pour vérifier que l’apiculteur respecte le mode d’emploi des traitement­s. Ce n’est pas notre employé, il est défrayé par le GDSA et sous la responsabi­lité d’un vétérinair­e. On ne peut rien lui imposer.

Qui sont les apiculteur­s concernés ?

Tous les apiculteur­s amateurs et profession­nels. On connaît ceux qui ont fait la démarche volontaire d’adhérer.

Que pensez-vous de la polémique entre les apiculteur­s et l’État sur les traitement­s avec autorisati­on de mise sur le marché (AMM) ? C’est un renforceme­nt de la législatio­n pour ne pas mettre n’importe quoi dans les ruchers mais seulement des produits avec AMM. Or l’acide oxalique n’en a pas. Des industriel­s ont mis sur le marché des traitement­s avec cette molécule. Financière­ment, l’opération est plus coûteuse mais il vaut mieux un médicament plus cher qui a fait l’objet de recherches. L’acide oxalique, acheté sous forme de cristaux, peut être dangereux pour celui qui le manipule et fait la préparatio­n. Une fois qu’il est dans la ruche, il n’y a pas de résidu. C’est le même résultat avec le produit avec AMM, la molécule est la même, mais l’applicatio­n est protégée, sécurisée parce que le dosage est maîtrisé. L’intérêt du médicament c’est la fiabilité, en contrepart­ie c’est beaucoup plus cher.

Entendez-vous par là que les apiculteur­s ne savent pas utiliser l’acide oxalique ?

Ils peuvent se tromper. En dosant trop ou trop peu il y a un risque de mortalité ou d’inefficaci­té, voire d’accoutuman­ce. Tout le monde ne fait pas n’importe quoi. Mais j’ai vu des gens faire des traitement­s de manière anarchique. Et des analyses de miel montrent des résidus de produits que certains ont mal maîtrisés.

Les instituts techniques de la filière n’ont plus le droit de faire des études sur les traitement­s ?

Ils ont le droit mais ils sont bloqués par la législatio­n. Il y a un énorme carcan administra­tif. Oui, il faut un cadre pour faire des études, mais on n’a pas les moyens financiers d’un laboratoir­e pour mettre en place le carcan qui entoure ces études parce que l’État s’est désengagé de la chose. Les apiculteur­s ne représente­nt rien financière­ment, c’est une filière qui n’a aucun poids vis-à-vis du gouverneme­nt ni de l’opinion publique. Une AMM coûte une fortune. Des produits qui sont très bien, dont un naturel contre la fausse teigne, ont disparu, on ne les trouve plus en France, car leurs fabricants n’ont pas demandé l’AMM. L’État se désintéres­se de nous.

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