Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Seniors : garder la « positive attitude » malgré la crise
Coupés de toute vie sociale depuis plusieurs mois, ces retraités tentent par tous les moyens de garder le moral, animés d’un optimisme à toute épreuve qu’ils espèrent communicatif.
Isolés, en proie à des soucis de santé pour certains d’entre eux, ces Dracénois à l’âge respectable n’ont pas l’intention de perdre dans cette crise ce qu’ils ont de plus précieux : leur sourire.
Un optimisme inébranlable, qu’ils espèrent aussi rendre communicatif… Bref, des tranches de vie, racontées par des seniors hyperactifs, tombés dans une sédentarité forcée malgré eux.
■ Gérard Giordano et Joëlle Mazoyer, 71 et 64 ans : carnet de bord de confinés.
Amoureux des lettres, mais habitué à toujours être en vadrouille, Gérard Giordano n’a pas tergiversé bien longtemps lorsqu’il a cherché à occuper son temps libre. « Avec ma compagne Joëlle, plusieurs fois par semaine nous participions à des ateliers organisés par le CCAS de Draguignan. Lorsque tout s’est arrêté, cela nous a fait drôle. » Gérard est revenu à son premier amour : l’écriture.
« J’ai toujours aimé écrire, mais jusqu’à présent je l’avais toujours fait pour moi », indique le Dracénois, qui partage aujourd’hui ses écrits sur les réseaux sociaux et vient même de finaliser son premier bouquin, dans lequel il retrace une partie de son enfance.
« Dans mes carnets de bord, publiés sur les réseaux, je rebondis sur l’actualité, je fais part de mes humeurs et je trouve même matière à transformer mes tracas en fiction, Joëlle étant ma correctrice attitrée, sourit le retraité. Par exemple, à la mi-octobre, souffrant d’une pyélonéphrite, j’ai dû être transporté d’urgence à l’hôpital. Ne sachant exactement ce que j’avais, j’ai d’abord été placé dans l’un des services Covid. Et au moment de descendre au scanner, j’ai oublié mes chaussons. De ce petit détail, j’ai tiré une histoire rocambolesque et complètement fictive », plaisante Gérard. Une façon de prendre de la hauteur et de faire passer le message…
■ Nancy et Jean Belgrano, 78 et 86 ans : « Se plaindre ? À quoi bon ? »
En temps normal, dans leur agenda, Nancy et Jean n’ont pas de place pour l’ennui. Alors pour eux, pas question que la crise change quoi que ce soit à cette réalité. Et pourtant, isolés malgré eux, ces derniers mois n’ont guère été joyeux pour Nancy et Jean. Coupé de ses amis et partenaires de sorties hebdomadaires, le couple ne voit plus ses enfants et petits-enfants qu’en « coup de vent ». « À Noël, nous avons placé les cadeaux devant le portail afin que nos enfants puissent les récupérer. Et, pour la première fois, nous l’avons passé en tête-à-tête. » Pour garder le moral, Nancy, grande tricoteuse, s’est alors réfugiée dans la confection de gilets et peluches pour ses proches, tandis que Jean a redoublé d’efforts dans son atelier de bricolage. Mais pêchus et bon vivants, tous deux refusent de se plaindre.
« Nous sommes fatigués, la santé n’est pas bonne et nous dormons mal, mais nous ne sommes pas sur un brancard dans un service de réanimation. Nous n’avons pas à nous plaindre. Nous n’en avons pas le droit… »
■ Jean-Paul Buthon, 74 ans :
« Toujours positif… Sauf au Covid ! »
Accoudé à sa fenêtre, alors qu’une musique de fond jaillit de son poste de radio, Jean-Paul observe le ballet des passants le long de la Grande rue, dans le coeur historique dracénois.
« C’est devenu l’un de mes plaisirs quotidiens. Ma façon à moi de voir du monde », sourit cet ancien artisan, qui a vu son planning journalier s’amenuiser au fur et à mesure de l’aggravation de la pandémie.
Exit donc les parties de pétanque avec ses camarades de club, les après-midi consacrés à la marche et la traditionnelle anisette à l’heure de l’apéro. Privé de ses passe-temps, mais pas de son optimisme, Jean-Paul s’efforce de trouver des alternatives pour enjoliver son quotidien. Quand il n’est pas en train d’arpenter les rues de la vieille ville muni de son appareil photo, à la recherche du cliché parfait, le retraité s’improvise cuistot derrière ses fourneaux.
La première chose qu’il fera lorsque la vie reprendra son cours normal ? « Aller au resto avec ma fille et commander un plat que je ne sais pas cuisiner, sourit le septuagénaire. Ça peut paraître bête, mais j’essaie de toujours voir le verre à moitié plein. » Et bien que la solitude lui pèse énormément, Jean-Paul n’est pas du genre à faire son Calimero. Il propose même : « À l’instar des apéritifs au balcon, pourquoi ne pas organiser des rencontres dans les quartiers, entre voisins, dans le respect des gestes barrières ? Cela nous permettrait de discuter de tout et de rien et, surtout, de retrouver l’essentiel : le contact humain. En cette période, ce n’est vraiment pas du luxe ! »
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Toujours voir le verre à moitié plein ”