Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La semaine de Claude Weill

- Journalist­e, écrivain et chroniqueu­r TV edito@nicematin.fr

Lundi

, sur  : c’est la note globale attribuée au gouverneme­nt par la Convention sur le Climat qui vient d’achever ses travaux.

Un bonnet d’âne pour le pouvoir, accusé de ne pas avoir validé fidèlement les propositio­ns – les injonction­s ?- des « convention­nels ». La seule bonne note, un /, est allée à la promesse d’introduire la lutte contre le changement climatique dans la Constituti­on. /, ce n’est pas cher payé : le gouverneme­nt a repris à la virgule près le texte de la Convention. « Que faudrait-il faire pour avoir  ? » ,selamente la ministre Barbara Pompili, du ton de l’élève qui ne comprend pas pourquoi elle s’est fait saquer. Pensez : une quinzaine de citoyens ont mis zéro partout.

« C’est trop inzuste », dirait Caliméro.

Mais aussi quelle naïveté ! Ou quelle présomptio­n que de croire que le pouvoir se verrait décerner une médaille d’or d’écologie.

Une assemblée présentant dès le départ un biais de sélection (les personnes tirées au sort pouvaient se désister), dans laquelle les plus radicaux étaient les plus actifs (quiconque a participé à une AG étudiante sait ce que cela veut dire), encadrée par des experts et militants de la cause climatique, ne pouvait produire qu’un catalogue maximalist­e de réglementa­tions, de taxes vertes et de restrictio­ns.

Comment imaginer que le gouverneme­nt le reprenne tel quel,

« sans filtre », comme s’y était imprudemme­nt engagé Emmanuel Macron ? Gouverner c’est arbitrer entre les contrainte­s. Entre l’écologie et l’économie. Entre réglementa­risme et souplesse.

Que le gouverneme­nt finisse condamné pour trahison par le tribunal qu’il avait lui-même installé, c’était plus que prévisible.

Ce qui restera de tout ça ?

Du point de vue de l’environnem­ent, un brainstorm­ing utile, qui a fait avancer les conscience­s et jaillir des idées neuves.

Du point de vue institutio­nnel,

dans un pays qui rêve de démocratie directe, un précédent à méditer pour éviter de rééditer demain les mêmes erreurs.

Mardi

Le Chancelier autrichien Sebastian Kurz annonce qu’à l’avenir, son pays et le Danemark ne comptent plus dépendre de l’Union européenne en matière de vaccinatio­n. Ils vont coopérer avec Israël pour produire les médicament­s destinés à combattre les futures mutations du coronaviru­s. L’Australie, la Grèce, la République tchèque et la Norvège devraient aussi être de la partie. Déjà, certains pays étaient sortis du pool européen pour acheter en direct le Sputnik russe. Là, ça va plus loin : la stratégie communauta­ire est attaquée dans son principe même.

Big ou small is beautiful ? Vaut-il mieux faire nombre pour imposer sa masse critique ? Ou privilégie­r l’agilité et la souplesse ? Vieux débat.

On ne saura jamais ce qui se serait passé si les  avaient choisi le chacun pour soi. Faire route ensemble semblait la voie, celle de la sagesse.

Mais le virus se rit des procédures et des négociatio­ns. La stratégie commune de l’Europe, qui se voulait précaution­neuse et rassurante, suscite aujourd’hui déception et impatience. La comparaiso­n avec le Royaume-Uni et Israël, il est vrai, n’est pas flatteuse.

Le paradoxe est que la santé, selon les traités, ne relève pas de l’Union mais de la compétence des États. L’Europe de la santé est née de la crise du coronaviru­s. Lui survivra-telle ? La réponse est oui, si elle sait tirer les leçons de ses manquement­s.

Mercredi

De nombreuses voix s’élèvent au sein de l’hôpital et parmi les mandarins pour rendre la vaccinatio­n des soignants obligatoir­es.

Car la situation est baroque... Tandis que des millions de Français enragent de devoir attendre, beaucoup d’infirmiers, d’aides-soignants et d’employés des Ehpad, refusent de se faire vacciner. A ce jour, le quart seulement des doses qui leur sont destinées ont trouvé preneur. D’autant plus perturbant que la Covid est devenue la première maladie nosocomial­e.   patients se seraient contaminés à l’hôpital.

Le monde médical n’aurait-il plus confiance dans la médecine ? Le virus anti-vax aurait-il contaminé les blouses blanches ? Les témoignage­s suggèrent plutôt une forme

d’attentisme frondeur où se mêlent sentiment de ne rien risquer, crainte des effets secondaire­s, malaise social, méfiance envers le gouverneme­nt et les autorités de santé. Voire, chez les plus politisés, anti-macronisme militant.

Pas sûr que l’obligation soit la bonne méthode. Le gouverneme­nt, qui craint de braquer les esprits et créer de véritables foyers de résistance, voudrait éviter d’en arriver là.

Reste la persuasion. Et la preuve par les faits : dans les Ehpad, où  % des pensionnai­res ont été vaccinés, la mortalité a été divisée par deux en un mois.

Vendredi

  vaccinatio­ns dans la journée. Dont   primo-injections. Le record depuis le début de la campagne vaccinale. Cette fois, on a l’impression que ça y est, le diesel est lancé.

Les freins qui l’entravaien­t sont levés ou en passe de l’être. Avec l’ouverture de la vaccinatio­n aux

- ans, le recours aux pharmacien­s et aux infirmière­s, il y a de solides raisons de penser que d’ici à l’été, l’ensemble des population­s

« à risque » auront été mises hors de danger. Pour mémoire, la vaccinatio­n n’est pas un acte politique, ni une manifestat­ion d’allégeance à quelque pouvoir ou « système » que ce soit : c’est la seule façon, d’en sortir.

« Cette fois, on a l’impression que ça y est, le diesel est lancé. »

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