Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Loi climat : débats tendus à l’Assemblée aujourd’hui
La bataille parlementaire s’ouvre aujourd’hui. Les députés entament en commission l’examen de l’emblématique projet de loi climat, accueilli très froidement par la gauche et les ONG environnementales, et qui suscite débats et divergences jusque dans la majorité. Près de 5 000 amendements sont au menu de la commission spéciale qui va plancher deux semaines sur ce texte sensible, avant son arrivée dans l’hémicycle fin mars.
Inspirés par les propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), les 69 articles touchent de nombreux domaines : consommation, logement, transports – avec l’interdiction de certaines lignes aériennes intérieures en cas d’alternatives de moins de 2 h 30 en train –, alimentation, ou encore justice environnementale par la création d’un délit d’« écocide ».
L’environnement dans la constitution
S’ajoute un autre projet de loi, au menu dans l’hémicycle de demain à jeudi, pour inscrire la protection de l’environnement dans la Constitution, via référendum. Grâce à la loi climat, un des derniers grands textes du quinquennat, le gouvernement veut rendre crédible l’objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990.
Mais l’exécutif se retrouve en porte-à-faux avec la Convention citoyenne, qui l’accuse de « détricoter » son travail, entre les « trois jokers » brandis par Emmanuel Macron (dont les 110 km/h sur autoroute ainsi écartés) et les mesures revisitées.
Les tacles de la Convention citoyenne
Dimanche dernier, pour sa dernière session, la Convention a sévèrement jugé la traduction de ses propositions par le gouvernement, avec (Photo d’illustration AFP)
des notes bien en dessous de la moyenne.
« Il n’y a aucune baisse d’ambition », a défendu la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui entend cependant privilégier des mesures « efficaces » et
« mieux acceptées » par les secteurs comme l’aérien,
« sinistré » par la crise sanitaire.
« On n’a pas d’approche ayatolliste »
Le Premier ministre Jean Castex assure aussi ne pas être « dans le camp du conservatisme » : « on n’a pas une approche ayatolliste mais on veut faire bouger les lignes ».
Le gouvernement veut éviter la cacophonie d’il y a dix jours sur les menus sans viande dans les cantines scolaires. Le débat va d’ailleurs ressurgir dans le volet alimentation du projet de loi, qui prévoit l’expérimentation d’un menu végétarien quotidien dans les cantines des collectivités volontaires.
Certains « marcheurs » souhaiteraient aussi des mesures plus fortes sur la rénovation thermique globale des logements ou l’encadrement de la publicité, alors que le texte interdit la publicité pour les énergies fossiles seulement.
Les ONG environnementales sont très critiques, comme Greenpeace, qui fustige du « greenwashing »
(écoblanchiment), ou la Fondation Nicolas Hulot qui redoute un « quinquennat perdu pour l’écologie ».
La gauche compte relayer leur déception. Les « trois quarts des mesures » de la Convention citoyenne ont
« été abandonnées ou édulcorées », dénonce Mathilde Panot (LFI). Côté LR, Damien Abad veut porter
« une écologie de droite, davantage fondée sur les bonus que sur les malus ».
De probables escarmouches sont attendues dès aujourd’hui à l’Assemblée...