Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une journée par an...
Deux cents femmes assassinées par leurs conjoints ou leurs exconjoints par an. Près de victimes de viols par jour. Cette journée des droits des femmes est profondément marquée par ces chiffres, qui passent et repassent en boucle dans les journaux et sur les chaînes de télévision. Comme s’il n’y avait rien à faire, dans un pays pourtant civilisé, pour endiguer cette misérable réalité. Une journée par an pour les femmes, le mars, c’est bien, mais franchement, c’est loin d’être assez. Sur ce terrain, celui de la violence faite aux femmes, il n’y a guère de progrès dont on pourrait se féliciter. S’y ajoute, dans la vie de tous les jours, une autre sorte de violence sexuelle, celle du harcèlement. Le sujet a été longtemps tabou. Il ne l’est plus. Pas seulement parce que le mouvement #MeToo, venu il y a quelques années d’Amérique, a mis la lumière sur le comportement des producteurs d’Hollywood ou le mauvais comportement de puissants patrons. Mais parce que, dans la réalité quotidienne, l’univers du travail, la hiérarchie des entreprises sont largement dominés par les hommes, et que longtemps, le harcèlement, gentillet ou brutal, a fait en quelque sorte partie de la vie de bureau, de la vie des entreprises sans que les femmes osent même en parler. C’est ainsi que le vrai problème aujourd’hui n’est plus tellement dans le décompte des hautes fonctions occupées par des femmes. Il est parlant, pourtant : pas une femme parmi les patrons du CAC en France, directrices générales seulement, femmes parmi les membres de leurs comités exécutifs. Cette part des femmes – alors même qu’on le sait, elles obtiennent des résultats meilleurs que les hommes en classes préparatoires d’entrée aux grandes écoles –, est toujours dérisoire. Et leurs salaires sont à cette image : en Europe, la différence hommes/femmes est encore, malgré les efforts des certains gouvernements, de %. Pour autant, les femmes auraient sûrement tort, pour défendre leurs droits, de tomber comme certaines le font, dans la radicalité. Les Femen, par exemple, sont, de ce point de vue, presque contreproductrices. Car elles font peur, parfois, aux femmes elles-mêmes. Au contraire, la lutte des femmes aujourd’hui doit d’abord être collective. Elle les concerne toutes : autant les victimes de violence que les salariées des entreprises, autant les femmes aisées que pauvres, autant les femmes au foyer que les femmes au travail. C’est ensemble qu’elles doivent inlassablement rappeler aux hommes qu’elles sont socialement leurs égales. Et aux hommes politiques, qu’elles constituent près de % du corps électoral.
« C’est ensemble qu’elles doivent inlassablement rappeler aux hommes qu’elles sont socialement leurs égales. »