Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Unrêvedego­sse»

Matthieu Bailet a accompli le grand objectif de sa saison. Le Niçois a signé le premier podium de sa carrière en Coupe du monde hier sur le Super-G de Saalbach. Le tout à seulement 24 ans.

- ROMAIN LARONCHE

Cela faisait plusieurs mois qu’il tournait autour de son premier podium. Matthieu Bailet totalisait déjà cinq “top 10” cet hiver. Mais, hier, il a encore franchi une marche. Le licencié de l’Inter club Nice a pris la deuxième place du Super-G de Saalbach, devant Vincent Kriechmayr, le champion du monde de la discipline, également titré en descente ! Un bonheur immense qu’il nous a conté.

Quelle a été votre première pensée quand vous avez vu votre résultat ?

Je n’ai pas réalisé tout de suite. Et puis, j’ai mis un petit moment avant d’apprécier complèteme­nt, parce que des surprises peuvent arriver. J’espérais que cette deuxième place tienne, j’ai attendu avec pas mal de stress.

Quand avez-vous réalisé que c’était votre premier podium. Après les  premiers passages ?

A ce moment-là, j’ai commencé à souffler. Mais il y a encore eu - skieurs qui m’ont causé des petites frayeurs, parce qu’ils réalisaien­t de bons premiers temps intermédia­ires. Ça ajoute du charme à la journée, d’avoir le coeur qui est remonté très vite. Finalement, il n’y a pas eu de surprise. C’est génial. A la fin, il y a eu l’explosion de joie, le partage avec le staff, les collègues... C’est un rêve de gosse qui se réalise.

Vous aviez terminé à  centièmes du podium à Bormio. Vous sentiez qu’il se rapprochai­t, qu’il allait venir ce week-end ?

Cela fait un moment que j’ai envie de le sentir, que je cours derrière. Ces derniers temps, j’étais bien sur mes skis, j’avais un bon feeling avec mon matériel, gagné en confiance, en régularité, mais il y avait toujours de petites approximat­ions qui m’empêchaien­t de monter sur le podium. Là encore, je commets deux petites erreurs, mais elles sont liées à ma vitesse, mon engagement et ne me pénalisent pas.

Vous terminez devant Kriechmayr, le double champion du monde. Est-ce encore plus fort ? C’est une super satisfacti­on. A la fin de la course, il m’a félicité pour mon résultat et pour la manière parce que j’avais une très mauvaise luminosité au départ. Quand un type de ce calibre te compliment­e, forcément ça te touche. Et puis, je partage aussi le podium avec Marco Odermatt. Il m’a dit : “Tu te rappelles de Sotchi ?” (Bailet avait été champion du monde de Super-G en  chez les Juniors, Odermatt avait fini e). C’était de bonne guerre, on en a rigolé.

Il a  ans, vous . C’est une scène qui risque de se reproduire ?

Je l’espère (rires). En tout cas, c’est une fierté de monter sur mon premier podium à  ans.

Au dernier intermédia­ire, vous êtes à  centièmes d’Odermatt, la victoire était toute proche...

Oui, quand on est deuxième, elle est souvent proche. J’ai connu une approximat­ion sur le bas de la piste, c’est pour cela que l’écart s’est creusé. Mais, aujourd’hui, je ne retiens que le positif. J’ai mis de l’engagement, de la rigueur, de la lucidité, de l’intelligen­ce tactique sur ce tracé piégeux. J’ai su m’exprimer et c’est encouragea­nt plus que frustrant.

Vous voilà qualifié pour les finales de la Coupe du monde en descente et aussi en Super-G...

C’était le gros objectif du jour. Pour entrer dans les  (les  meilleurs sont qualifiés pour la finale), j’avais besoin d’un gros résultat. Mais là, j’ai largement dépassé mes attentes.

En début de saison, vous visiez « le “top ” en descente, un premier podium et une qualificat­ion dans les deux discipline­s aux finales de Coupe du monde ». Mission réussie ?

Je suis e au classement de descente. Il va falloir que je fasse une excellente finale pour remplir tous mes objectifs. Mais, quoi qu’il arrive, c’est une belle saison, j’ai réussi à tenir ma ligne de conduite et mes objectifs sont en train de se réaliser. Le plus appréciabl­e, c’est que j’ai progressé physiqueme­nt, techniquem­ent et tactiqueme­nt. Cela prouve que mes choix fonctionne­nt et les résultats en sont la finalité.

Est-ce la plus grande émotion de votre carrière ?

Je la place à égalité avec mon titre mondial chez les Juniors. Ce sont mes deux plus beaux résultats. Ça me rappelle pourquoi je mets toute cette implicatio­n, pourquoi je fais tous ces sacrifices. Mon titre mondial, mes premiers points en Coupe du monde à Val d’Isère

(décembre ), ce podium : ils sont pour ma mère (décédée dans un accident de ski). J’espère que de là-haut, elle est fière de moi. C’est ce que m’a dit un collègue après le podium. Ça m’a mis les larmes aux yeux.

Vous avez pu joindre vos proches ?

J’ai enchaîné avec le podium, pas mal de photos, d’interviews. Mais dès que je suis entré dans ma chambre, j’ai pris mon téléphone et appelé mon père. Avec la Covid, il ne peut pas venir me voir, mais je voulais lui dire que c’était grâce à lui, son soutien, les valeurs qu’il m’a inculquées. Je n’ai pas encore eu ma grande soeur (Margot, ancienne skieuse de l’équipe de France), mais notre amour est très sain. Quand elle s’est arrêtée, elle m’a souhaité que j’arrive à réaliser certains de ses rêves inaccompli­s.

Est-ce que les récents résultats de Mathieu

Faivre vous ont boosté ? Boosté non, ils m’ont rendu fier, parce que j’ai la fibre niçoise et j’étais heureux de (Photo AFP)

voir les couleurs niçoises briller de cette manière grâce à Mathieu.

‘‘

J’espère que de là-haut, ma mère est fière de moi.”

Vous allez réussir à rester focalisé sur votre fin de saison ?

J’ai la chance d’avoir plus d’une semaine avant ma prochaine course

(la descente à Lenzerheid­e, le  mars). Comme après Kitzbühel ou les mondiaux de Cortina, je vais d’abord prendre le temps de profiter pendant deux jours. C’est important de laisser retomber les émotions avant de passer à autre chose. Là, je vais apprécier, partager avec mes amis, ma famille, puis je tournerai la page et penserai à mes dernières courses.

CLASSEMENT­S

Super-G de Saalbach :

1. Marco Odermatt (SUI) 1’23’’59,

2. Matthieu Bailet (FRA) à 0’’62, 3. Vincent Kriechmayr (AUT) à 0’’81, 4. Raphael Haaser (AUT) à 0’’83, 5. Justin Murisier (SUI) à

0’’98... 15. Alexis Pinturault (FRA) à 2’10’’

Coupe du monde de super-G :

1. Vincent Kriechmayr (AUT) 401 pts,

2. Marco Odermatt (SUI) 318, 3. Matthias Mayer (AUT) 276... 13. Matthieu Bailet (FRA) 112

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Matthieu Bailet savoure ce premier podium.

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