Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« On l’appelait monsieur judo »

Décédé il y a peu à l’âge de 90 ans, le Raphaëlois Henri Courtine a brillé durant soixante ans sur les tatamis puis dans les instances fédérales. Ce monument du sport français a marqué des génération­s.

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Le seul 10e dan de l’histoire du judo français s’est éteint il y a près de deux semaines. Entre bureaux et tatamis, ceux qui ont connu Henri Courtine le racontent.

Une riche carrière de judoka, une expérience d’entraîneur, des rôles de directeur au sein de fédération­s sportives, et même d’adjoint au maire du côté de Saint-Raphaël (2002-2008)… La vie d’Henri Courtine fut aussi riche sur les tatamis qu’en dehors. Parti à l’âge de 90 ans, le monument du judo français a marqué plusieurs génération­s.

Un fin technicien

Pour Serge Oudart, qui l’a connu à ses débuts sur les tatamis, le champion multimédai­llé reste avant tout « un exemple pour tous les judokas, bien qu’aujourd’hui, les jeunes ne le connaissen­t presque pas ».

Henri Courtine avait pourtant commencé le judo tardivemen­t. « Le judoka japonais Mikinosuke Kawaishi allait manger chez ses parents lorsqu’il avait 17 ou 18 ans. C’est comme ça que c’est fait », poursuit Serge Oudart.

De fil en aiguille, Henri Courtine est devenu un judoka de haut niveau, le menant à un titre de champion de France par équipes en 1949.

« Il aimait battre ses adversaire­s en les projetant, tout en faisant parler sa souplesse. C’était d’ailleurs un spécialist­e du Tai-Otoshi. Il excellait aussi dans les déplacemen­ts, on l’appelait monsieur judo », se remémore son ami, 8e dan de judo (le plus haut gradé varois).

Mais les règlements de l’époque ne rendaient pas le natif de Paris infaillibl­e, d’après Claude Laurent, son ancien collègue à la Fédération française de judo (FFJDA) : « Celui qui lui posait le plus de problèmes, c’était le Néerlandai­s Anton Geesink. Il faisait 120 kg. Henri en faisait environ 80… À l’époque, il n’y avait pas de catégorie de poids. Mais cela ne dérangeait pas Henri. Il était justement très attaché à ce système sans catégories. »

Sa principale force ? La technique. « Ce n’était pas un athlète qui faisait beaucoup de musculatio­n et de course à pied. Il se reposait essentiell­ement sur sa technique. D’après Henri, pour être plus fort en judo, il fallait simplement faire du judo .»

Son autre grande force ? Son investisse­ment, selon Michel Saltzmann qui l’a fréquenté à la FFJDA : « Il était très généreux,

(1) un vrai compétiteu­r. Dans le judo, il a tout fait. Mais par la suite, il a aussi été compétent en tant que dirigeant. »

« S’affirmer ailleurs que dans le judo »

S’il occupe successive­ment plusieurs postes au sein de fédération­s sportives. La légende du judo français devient également, pour une courte période de sa vie, un homme politique. Très attaché au départemen­t du Var, il endosse la fonction d’adjoint à la mairie de Saint-Raphaël... à l’urbanisme (entre 1995 et 2008). Et non pas le poste d’adjoint aux sports, comme cela lui avait été proposé à l’époque. Rien d’étonnant pour Claude Laurent : « C’était quelqu’un de curieux, qui avait besoin de s’affirmer ailleurs que dans son domaine de prédilecti­on. »

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(Photo archives DR) Opposé à des rivaux plus lourd que lui dans la catégorie reine, Henri Courtine était en avance sur son temps.

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