Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La Légion d’honneur pour Yves Benentendi

L’ancien combattant a reçu sa décoration du général Vigreux, notamment pour ses faits d’armes lors de la guerre d’Indochine.

- B. D.

Habitué sur la Dracénie à décorer au nom du président de la République, les promus Officiers de la légion d’honneur, le général Vigreux en justifie toujours les raisons avec un résumé de leur vie, juste avant de leur épingler l’honorifiqu­e médaille.

Dans le cas d’Yves Benentendi accueilli mercredi pour l’occasion en mairie, tout commence par «un engagement au 3e Bataillon colonial de commandos parachutis­tes, stationné à Saint-Brieuc». Nous sommes le 13 avril 1948 et quelques mois de formation après, le jeune homme de 19 ans embarque pour l’Indochine. Trois années de guerre contre les soldats du Vietminh et «dans un environnem­ent hostile d’eau, de boue et de moustiques». l’attendent.

Prisonnier du Vietminh

Mais le pire est à venir. Lors d’une opération aéroportée dans la région de That Khe destinée à renforcer une unité ayant subi de très lourdes pertes et pour laquelle il s’est porté volontaire avec d’autres, la mission tourne court «face à un ennemi appuyé par une puissante artillerie». Les rares survivants sont faits prisonnier­s. Yves Benentendi en fait partie.

C’est le début d’un long calvaire de neuf mois durant lesquels le natif du Vaucluse verra disparaîtr­e la plupart de ses camarades de captivité. Comme le rappelait Alain Vigreux, le président de la Société des membres de la légion d’honneur, «les conditions de vie dans le camp étaient inhumaines notamment du fait que les prisonnier­s n’avaient droit au mieux qu’à une boule de riz matin et soir».

Trente-neuf kilos

Mais Yves Benentendi est un dur à cuire et prêt à tout pour s’en sortir, «je mangeais des escargots crus et on volait du maïs dans un champ en rampant sans se faire remarquer car dès qu’ils voyaient quelques chose bouger, les gardiens planqués dans les arbres tiraient» confiait celui-ci après la cérémonie(1). Libéré de cet enfer en juillet 1951, le survivant ne pesait plus que 39 kilos... Le temps de se remettre et la vie reprendra son cours.

Après avoir occupé un poste d’agent pénitentia­ire en Tunisie, il intégrera la gendarmeri­e avant un retour à la vie civile en 1970 où il entamera une carrière à la Caisse des dépôts et consignati­ons.

Une fois à la retraite, il choisira de se retirer définitive­ment avec son épouse Jeanine, à Draguignan. Et c’est au Dracénois d’adoption que s’adressa le maire Richard Strambio pour lui dire «le grand honneur qu’il avait de l’accueillir pour cette remise de décoration couronnant l’amour de votre pays et un engagement inouï».

(1) Yves Benentendi a publié un livre sur son épopée de soldat parachutis­te français.

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(Photo B. D.) Le général Vigreux a décoré Yves Benentendi en présence notamment du maire Richard Strambio et du chef d’escadron Stéphane Calimé.

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