Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un havre de paix pour les femmes sans-abri
Hier, pour la journée consacrée aux droits de la femme, la Ville a ouvert une structure d’accueil pour héberger et sécuriser quatre premières résidentes
Mieux vaut un petit chez soi que dormir seule contre tous dans la rue. Qui plus est lorsqu’on est une femme. C’està-dire plus exposée aux violences dont elles sont le plus souvent victimes quotidiennement.
Sous la conduite de Nassima Barkallah, adjointe déléguée à l’action sociale et au handicap, la ville de Fréjus a pris le problème à bras-lecorps en engageant depuis quelques mois une réflexion globale en lien avec plusieurs services de l’État mais aussi avec divers organismes locaux tels le CCAS de Fréjus et l’association Promosoins Maures - Estérel.
Hier, en cette emblématique journée des droits de la femme, un lieu de repos et d’hébergement, exclusivement réservé aux femmes sans-abri, a été ouvert pour, dans un premier temps, accueillir quatre femmes dans le besoin extrême…
« La capacité pourra être portée à six résidentes, précise l’élue fréjusienne avant d’entrer dans le vif du sujet. Ce lieu est désormais ouvert pour protéger et aider ces femmes en détresse mais aussi pour leur permettre de retrouver une dignité, un peu d’espoir et un accompagnement global en compagnie des travailleurs sociaux. Ces femmes bénéficieront donc de soins et d’un accompagnement administratif avec l’active participation de l’association Promosoins prête à assurer le suivi social et sanitaire. »
L’idée a germé lors des maraudes auxquelles participent Nassima Barkallah
tous les vendredis soir.
« Contrairement aux hommes, les femmes viennent moins facilement vers vous. J’ai senti qu’il y avait un vrai besoin social. Le but étant de sortir ces femmes de leurs parcours de violence et les inviter dans un lieu où elles se sentiraient en totale sécurité. »
Une mise à l'abri sous surveillance
Salle de vie avec petite télévision et frigidaire, quatre lits répartis dans deux petites chambres, sanitaires et douches, une petite maison a ainsi été complètement refaite pour abriter dans les meilleures conditions ces femmes qui, jusque-là, souffraient des rigueurs urbaines.
Pour des raisons de sécurité, Nassima Barkallah ne tient pas visiblement à dévoiler cette nouvelle adresse si ce n’est qu’elle se situe aux abords de la Base nature…
« Il y a quelque temps nous avions déjà ouvert un hébergement pour les hommes et cela ne s’était pas très bien passé, rappelle le directeur du CCAS de Fréjus, Jean-Philippe Pangole. Tant et si bien que nous avions été contraints de le fermer… » Histoire que les futures résidentes ne soient pas importunées par de mauvaises rencontres qu’elles ont pu faire en amont. « L’objectif est de sortir ces femmes de la violence et de les accompagner sur le chemin de la reconstruction identitaire », surenchérit Catherine Hublin, la directrice de l’association Promosoins qui va également engager ses équipes afin d’intervenir chaque soir pour assurer un suivi médical.
« D’où, pour ces quatre femmes, la nécessité de se présenter chaque jour à 17 h 30 afin qu’un gardien, présent sept jours sur sept, puisse gérer les entrées. C’est lui seul qui aura les clés de cette maison qui, en quelque sorte, est une mise à l’abri pour ces résidentes. Elles pourront y rester le temps qu’il faut et sont libres de partir dès qu’elles le jugeront. Auquel cas, d’autres femmes seront accueillies dans ces lieux… »
Un cocon pour renouer avec une vie normale
Histoire de se poser et de se refaire une santé physique mais aussi psychique, elles seront accompagnées tout le temps nécessaire.
« Ne serait-ce que leur donner l’accès à l’information est primordial, reprend Catherine Hublin. Ce sont des femmes complètement isolées, livrées à elles-mêmes. Malheureusement, elles se sentent plus coupables que victimes. Ce cocon peut être un tremplin pour amorcer des jours meilleurs et retrouver une vie disons normale. »
Le temps de poser les rideaux aux fenêtres dans la journée, hier soir les quatre premières résidentes ont intégré leur nouveau logement. Chaque soir, des plateaux-repas leur seront livrés ainsi que les petits-déjeuners du matin. En cette printanière journée de la femme, la ville de Fréjus a posé les premières fondations pour d’autres dispositifs qui verront le jour d’ici quelques mois.
« Un diagnostic territorial est en cours afin de créer un lieu de ressource permettant de prendre en charge les situations les plus critiques. Cela s’adressera aussi bien aux femmes qu’aux enfants mais aussi aux hommes, dont certains peuvent également, être victimes de violence », a conclu, sans trop déflorer le sujet, Nassima Barkallah.