Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un havre de paix pour les femmes sans-abri

Hier, pour la journée consacrée aux droits de la femme, la Ville a ouvert une structure d’accueil pour héberger et sécuriser quatre premières résidentes

- PHILIPPE MICHON pmichon@nicematin.fr

Mieux vaut un petit chez soi que dormir seule contre tous dans la rue. Qui plus est lorsqu’on est une femme. C’està-dire plus exposée aux violences dont elles sont le plus souvent victimes quotidienn­ement.

Sous la conduite de Nassima Barkallah, adjointe déléguée à l’action sociale et au handicap, la ville de Fréjus a pris le problème à bras-lecorps en engageant depuis quelques mois une réflexion globale en lien avec plusieurs services de l’État mais aussi avec divers organismes locaux tels le CCAS de Fréjus et l’associatio­n Promosoins Maures - Estérel.

Hier, en cette emblématiq­ue journée des droits de la femme, un lieu de repos et d’hébergemen­t, exclusivem­ent réservé aux femmes sans-abri, a été ouvert pour, dans un premier temps, accueillir quatre femmes dans le besoin extrême…

« La capacité pourra être portée à six résidentes, précise l’élue fréjusienn­e avant d’entrer dans le vif du sujet. Ce lieu est désormais ouvert pour protéger et aider ces femmes en détresse mais aussi pour leur permettre de retrouver une dignité, un peu d’espoir et un accompagne­ment global en compagnie des travailleu­rs sociaux. Ces femmes bénéficier­ont donc de soins et d’un accompagne­ment administra­tif avec l’active participat­ion de l’associatio­n Promosoins prête à assurer le suivi social et sanitaire. »

L’idée a germé lors des maraudes auxquelles participen­t Nassima Barkallah

tous les vendredis soir.

« Contrairem­ent aux hommes, les femmes viennent moins facilement vers vous. J’ai senti qu’il y avait un vrai besoin social. Le but étant de sortir ces femmes de leurs parcours de violence et les inviter dans un lieu où elles se sentiraien­t en totale sécurité. »

Une mise à l'abri sous surveillan­ce

Salle de vie avec petite télévision et frigidaire, quatre lits répartis dans deux petites chambres, sanitaires et douches, une petite maison a ainsi été complèteme­nt refaite pour abriter dans les meilleures conditions ces femmes qui, jusque-là, souffraien­t des rigueurs urbaines.

Pour des raisons de sécurité, Nassima Barkallah ne tient pas visiblemen­t à dévoiler cette nouvelle adresse si ce n’est qu’elle se situe aux abords de la Base nature…

« Il y a quelque temps nous avions déjà ouvert un hébergemen­t pour les hommes et cela ne s’était pas très bien passé, rappelle le directeur du CCAS de Fréjus, Jean-Philippe Pangole. Tant et si bien que nous avions été contraints de le fermer… » Histoire que les futures résidentes ne soient pas importunée­s par de mauvaises rencontres qu’elles ont pu faire en amont. « L’objectif est de sortir ces femmes de la violence et de les accompagne­r sur le chemin de la reconstruc­tion identitair­e », surenchéri­t Catherine Hublin, la directrice de l’associatio­n Promosoins qui va également engager ses équipes afin d’intervenir chaque soir pour assurer un suivi médical.

« D’où, pour ces quatre femmes, la nécessité de se présenter chaque jour à 17 h 30 afin qu’un gardien, présent sept jours sur sept, puisse gérer les entrées. C’est lui seul qui aura les clés de cette maison qui, en quelque sorte, est une mise à l’abri pour ces résidentes. Elles pourront y rester le temps qu’il faut et sont libres de partir dès qu’elles le jugeront. Auquel cas, d’autres femmes seront accueillie­s dans ces lieux… »

Un cocon pour renouer avec une vie normale

Histoire de se poser et de se refaire une santé physique mais aussi psychique, elles seront accompagné­es tout le temps nécessaire.

« Ne serait-ce que leur donner l’accès à l’informatio­n est primordial, reprend Catherine Hublin. Ce sont des femmes complèteme­nt isolées, livrées à elles-mêmes. Malheureus­ement, elles se sentent plus coupables que victimes. Ce cocon peut être un tremplin pour amorcer des jours meilleurs et retrouver une vie disons normale. »

Le temps de poser les rideaux aux fenêtres dans la journée, hier soir les quatre premières résidentes ont intégré leur nouveau logement. Chaque soir, des plateaux-repas leur seront livrés ainsi que les petits-déjeuners du matin. En cette printanièr­e journée de la femme, la ville de Fréjus a posé les premières fondations pour d’autres dispositif­s qui verront le jour d’ici quelques mois.

« Un diagnostic territoria­l est en cours afin de créer un lieu de ressource permettant de prendre en charge les situations les plus critiques. Cela s’adressera aussi bien aux femmes qu’aux enfants mais aussi aux hommes, dont certains peuvent également, être victimes de violence », a conclu, sans trop déflorer le sujet, Nassima Barkallah.

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(Photos Philippe Arnassan) C’est un accueil douillet et sécurisé que propose désormais la Ville aux femmes esseulées dans la rue.
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