Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’ÉDITO Compte à rebours

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Tous les acteurs politiques, même s’ils s’en défendent, ont désormais pour seule boussole l’élection présidenti­elle de . Le passé montre que ce rendez-vous se prépare longtemps à l’avance. Dès février , François Hollande réunissait une équipe autour de lui tous les dimanches pour fourbir ses armes. On connaît la suite, il dut renoncer, pris de court par Emmanuel Macron, convié à ces agapes dominicale­s dont il faisait son miel. Nicolas Sarkozy, qui se préparait également au cours de cette période, sera lui blackboulé quand viendra le temps d’une primaire qu’il croyait pouvoir gagner haut la main. Même en affûtant ses armes un an à l’avance, rien n’est donc assuré. Il faut se lancer sans savoir comment vont rouler les dés.

Ainsi rien ne dit que l’enquête Harris-Interactiv­e, publiée hier par l’Opinion, donne la photo définitive du match à venir. La pandémie rajoute une trop forte dose d’incertitud­e dans la nouvelle course élyséenne. En tout cas, deux forces se retrouvent face à face sur le ring, comme en  : Emmanuel Macron et Marine Le Pen, chacun crédité de  % des suffrages si le premier tour du scrutin avait lieu aujourd’hui. Ces chiffres disent deux choses : d’une part, Emmanuel Macron conserve un socle électoral confortabl­e ; d’autre part, Marine Le Pen n’a perdu aucune carte dans son jeu. Mieux, elle l’améliore puisque, au second tour, aujourd’hui, elle obtiendrai­t  % !

Autant dire que l’avance du chef de l’État a fondu comme neige au soleil et que sa marge de sécurité, à ce jour, n’est pas grande. Il le sait et réfléchit à une reconquête des électeurs de gauche qui disent ne plus vouloir voter pour lui. Pour autant, il ne peut négliger sa droite. Certes, Nicolas Sarkozy ne constitue plus un recours. Certes, encore, le seul candidat crédible dans la droite républicai­ne, Xavier Bertrand, n’obtient, toujours aujourd’hui, que  % au premier tour mais il travaille à la fois à rallier à lui la droite des Républicai­ns sans oublier sa gauche. Il lui faut aussi gagner un soutien ouvert d’un Nicolas Sarkozy qui, pour l’heure, ne se dévoile pas, obsédé qu’il est par ses affaires judiciaire­s. Comme il imagine qu’Emmanuel Macron peut l’aider, il ne grillera pas cette carte tant qu’il la pensera utile. Au fil des sondages, il apparaît malgré tout que Xavier Bertrand a un socle solide pour partir à la conquête de l’électorat de droite passé chez Macron en . Son chemin est néanmoins semé d’embûches car peut encore surgir un outsider comme en , par exemple le populaire et muet Edouard Philippe ou d’autres. Ce constat concerne aussi Emmanuel Macron et Marine Le Pen, même si elle soulève moins de rejets qu’auparavant.

« Il faut se lancer sans savoir comment vont rouler les dés »

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