Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Rebbadj a pris une nouvelle dimension

Très en vue face au Racing, Swan Rebbadj a finalement été rappelé par Fabien Galthié pour préparer la bataille d’Angleterre à la place de Bernard Le Roux. Tout sauf une surprise

- PHILIPPE BERSIA

‘‘ Quand je vois comment les jeunes montent, cela me stimule. Ça me rappelle que j’ai déjà  ans.”

Sa performanc­e majuscule face au Racing 92 n’est pas passée inaperçue. Certes Fabien Galthié lui a préféré dans un premier temps le Bordelais le Bordelais Cyril Cazeaux. Mais une fois le forfait de Bernard Le Roux acté, mardi, il n’a pas dû réfléchir longtemps à sa solution de remplaceme­nt. Car Swan Rebbadj a tout simplement été époustoufl­ant samedi à Mayol. Le meilleur avant sur le terrain, d’après l’ancien sélectionn­eur, Marc Lièvremont. Et il n’était pas le seul à le penser. Nos confrères de Midi Olympique l’ont carrément nommé « Oscar de la semaine ».

Maître des airs et de la touche, disponible dans le jeu, féroce en défense à l’image de cet ultime ballon volé sur un contre-ruck au Racing 92 à un moment décisif pour le RCT, Swan semble aujourd’hui évoluer dans une nouvelle dimension. Exactement là ou Bernard Laporte l’attendait lorsqu’il l’a découvert en 2015 au RCT et lui prédisait un avenir radieux. « Il est énorme, il a un potentiel de très haut niveau. Dans cinq ans, il jouera le Tournoi, peut-être même avant », annonçait déjà Bernie le 20 août 2015 à la sortie d’un match amical face au Stade français. Swan, à seulement 20 ans, venait de remplacer Juanne Smith pour les vingt dernières minutes.

« Un surcroît de confiance »

Le lendemain, l’enfant de Port-de-Bouc découvrait ça sur Facebook, s’interrogea­nt sur la finalité de ces propos : « Je n’y croyais pas. Je me suis dit : “Pourquoi il a dit ça ?” Il m’a mis beaucoup de pression. »

Mais ces mots d’encouragem­ents n’étaient pas seulement de circonstan­ce. Et même si le joueur ne s’y est pas attardé pour tout de suite retourner travailler, ils ont été suivis d’effet. Rebbadj a effectué ses premiers pas en 2020 chez les Bleus à l’occasion de l’Autumn Cup. Et il s’inscrit maintenant dans la durée. Certes, il n’a encore joué que cinq minutes contre l’Italie. Mais cette première expérience semble lui avoir fait franchir un palier et en appelle maintenant de nouvelles. « C’est vrai que cette sélection m’a apporté un surcroît de confiance. Quand on est appelé en équipe de France, on doit passer à un autre niveau », concède-t-il du bout des lèvres, car l’humilité, la modestie et la discrétion sont sa marque de fabrique.

« Tout le monde dit que j’ai fait un gros match contre le Racing, mais pas moi. Quand tu vois les prestation­s des jeunes Halagahu, Carbonel ou de Serin et même Lakafia et Ory, je n’ai vraiment pas l’impression d’avoir survolé le match. Je ne le vois comme ça », croit-il bon de préciser aujourd’hui.

Endosser un rôle de leader

Quoi qu’il en soit vraiment, aujourd’hui, que ce soit au poste de troisième ligne aile où Patrice Collazo l’invite de plus en plus souvent ou en deuxième, Rebbadj se montre de plus en plus régulier et performant. Freiné dans sa progressio­n en 2019 par une blessure récalcitra­nte à la cheville, il a repris sa marche en avant. Le voilà plus fort mentalemen­t et physiqueme­nt qu’il n’a jamais été, enchaînant les matches avec une belle constance, et prenant au passage de nouveaux galons au RCT, sans sourciller. Capitaine de touche ? «Oui je suis prêt. Ça ne me dérange pas, au contraire, ça me donne des challenges à relever et de nouvelles cordes à mon arc », précise aujourd’hui le jeune homme, qui peu à peu se débarrasse de sa timidité naturelle pour endosser un rôle de leader. Il n’y a pas si longtemps encore, il découvrait le métier, avec pour exemple au quotidien les monstres sacrés Bakkies Botha, Ali Williams – qu’il n’a pas vraiment côtoyé –, mais aussi Mamuka Gorgodze. Jocelino Suta et Romain Taofifenua, qui lui ont beaucoup appris.

Aujourd’hui, c’est à lui de montrer l’exemple et de donner la direction : « Quand je vois comment les jeunes montent, cela me stimule. Ça me rappelle que j’ai déjà 26 ans. Si j’ai un conseil à leur donner, c’est de ne pas se prendre la tête, jouer leur rugby et rester dans le “game plan”. C’est ce qu’attend Patrice. Et s’ils s’y tiennent tout ira bien pour eux. » Jouer, jouer et encore jouer, sans vraiment compter. Voilà un peu son credo. Il n’avait pas été retenu dans un premier temps par Fabien Galthié ? La belle affaire. « C’est sans doute parce qu’il n’avait pas besoin de moi. S’il m’appelle, je suis là, sinon, je ne vais pas en faire un drame même si forcément c’est toujours dans un coin de ma tête. C’est le lot de tous les joueurs de haut niveau… Au moins, je suis disponible pour le club », nous expliquait-il en début de semaine.

Tout glisse sur la liane toulonnais­e

La minipolémi­que née de sa présence à Pau alors qu’il était cas contact ? Tout glisse sur la liane toulonnais­e : « J’essaie de ne jamais me prendre pas la tête. C’est essentiel. Je ne fais pas attention à ce qui se passe hors rugby... Si on commence à gamberger à 25 ans, je ne sais pas ce que ça pourrait donner à 40. »

Parmi les joueurs les plus utilisés par Patrice Collazo en Top 14 (16 matchs joués, tous en tant que titulaire), Swan était prêt à aller se ressourcer à la pêche cette semaine, chez lui, à Port-deBouc, où l’attendaien­t sa famille et ses copains d’enfance. Mais c’est encore partie remise et cela ne le dérange pas plus que ça. « Moi, je prends ce qu’on me donne. Si on me dit : “tu es en vacances”, je profite des vacances

et si on me dit de travailler, je travaille », précise celui qui a changé d’alimentati­on et d’hygiène de vie pour aller voir encore plus haut.

Parfaiteme­nt conscient de sa chance depuis qu’il a intégré les rangs du RCT en 2013, Rebbadj ne fait rien qui pourrait la gâcher. En toutes circonstan­ces. Qu’il soit rouge et noir ou bleu, il se tient à la dispositio­n du groupe : « Moi, je travaille d’abord pour les copains. S’il faut me mettre remplaçant pour le bien du collectif, très bien, si je suis hors groupe, pareil. Je vis pour le groupe d’abord… »

Pareil pour sa polyvalenc­e qui le sert aujourd’hui mais pourrait aussi le desservir à terme. « Troisième ligne ou deuxième, je n’ai pas de préférence. Tant que je joue je suis content. Je ne suis pas insensible, mais j’évite de me prendre la tête, voilà un peu mon secret », nous confiaitil lundi avant d’être appelé à Marcoussis et de renoncer tout sourire à sa partie de pêche provençale. Il y a du gros aussi à prendre de l’autre côté du Channel…

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 ?? (Photos AFP) ?? Le Toulonnais Swan Rebbadj n’a pour l’instant évolué que cinq minutes en équipe de France (ci-dessus face à l’Italie). Il espère sans doute en connaître d’autres dès samedi en Angleterre.
(Photos AFP) Le Toulonnais Swan Rebbadj n’a pour l’instant évolué que cinq minutes en équipe de France (ci-dessus face à l’Italie). Il espère sans doute en connaître d’autres dès samedi en Angleterre.

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