Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pour payer son loyer, elle se lance dans un trafic de stups à Trans-en-Provence
Dans le box, la nervosité de Léa se voit à la manière dont elle martyrise ses doigts. La jeune femme de 22 ans, au casier judiciaire vierge, essaye de faire bonne figure mais ne peut cacher sa peur. Renvoyée devant le tribunal correctionnel de Draguignan pour acquisition, détention et cession de stupéfiants, en l’occurrence de la résine de cannabis, elle a passé le week-end en détention. «Je ne veux pas retourner en prison, je ne suis pas une délinquante » affirme-t-elle d’emblée lors de son audience en comparution immédiate. Et pourtant, en l’interpellant le 5 mars à son appartement du Domaine des Coteaux à Trans-en-Provence, les policiers ont mis fin à un court mais juteux trafic de stupéfiants. La prévenue l’a d’ailleurs reconnu face aux enquêteurs, depuis le 1er janvier 2021 et la fin de son CDD au sein de la sous-préfecture, elle parvenait à dégager « entre 200 et 1 500 euros par jour » de bénéfice auprès de ses « 250 clients ». «Je me suis lancé dans le trafic car j’avais des dettes de loyer, expliquet-elle. J’ai choisi la facilité… » Un trafic apparemment solitaire – selon ses dires, Léa se fournissait elle-même à Marseille – mais suffisamment établi pour alerter les forces de l’ordre. Se doutant que les policiers traînaient dans le coin, la jeune femme sollicitait ainsi un mineur, ami de son frère, pour qu’il ramène une savonnette de résine à son domicile, histoire d’éviter tout danger.
Troublante ambivalence
C’est lui qui sera interpellé en premier, devant la porte de l’appartement dans lequel seront retrouvés deux balances de précision et tout le nécessaire du parfait petit dealer. « Vous n’hésitez pas à utiliser des mineurs pour échapper à votre responsabilité, tonne la procureure Laurence Barriquand. Cela colore de manière négative ce dossier. Vous savez très bien ce que vous faites et où vous allez… »
En l’occurrence en maison d’arrêt, ce que Léa voulait éviter à tout prix. En pleurs au moment des réquisitions – un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis, maintien en détention, obligation de soins et interdiction de paraître à Trans pendant trois ans – la prévenue est devenue beaucoup plus agressive envers l’escorte quand le président JeanLouis Galopin a rendu une décision identique à celle préconisée par le ministère public. Exposant au grand jour une ambivalence que ses doigts martyrisés ne pouvaient pas, finalement, masquer ad vitam aeternam.