Du pain (sur la planche) et des Jeux ?

Sélectionné mardi par Guillaume Gille, le capitaine du Saint-Raphaël Var HB, Adrien Dipanda est dans le groupe des 21 joueurs qui tenteront, à partir de demain, de décrocher leur billet pour Tokyo.

Son téléphone tout juste décroché, il nous a d’emblée avertis. « Si c’est pour me parler de mon carton rouge (en demi-finale du Mondial 2021, face à la Suède), ce n’est pas la peine », nous a lancé un Adrien Dipanda franchement fatigué, pour ne pas dire agacé, qu’on lui rabâche sans cesse ce qui n’était qu’« un fait de jeu », qui « fait partie du handball ». Bref, vous l’aurez compris, inutile de revenir avec lui sur cette satanée biscotte au sujet de laquelle certains ont d’ailleurs déjà fait des tartines. Surtout au moment où les Bleus ont du pain sur la planche, avec un tournoi de qualification olympique qui s’annonce aussi croustillant qu’un bon quignon tout juste sorti du four. Mais qui ne sera sûrement pas du pain bénit pour les Experts, puisque la bande à Guillaume Gille devra sortir deux de ses trois adversaires (Croatie, Tunisie et Portugal) présents à Montpellier sur ces trois jours de TQO, pour s’ouvrir la route de Tokyo et des JO (du 23 juillet au

8 août prochains).

« La Tunisie sera à prendre au sérieux »

Des Jeux chers au coeur du capitaine du SRVHB, revenu de Rio en 2016, avec une médaille d’argent autour du cou. « C’est peut-être le souvenir le plus fort de ma carrière, raconte l’arrière droit à propos de ces JO de 2016. En termes d’émotions, de préparation, d’intensité, c’est unique et c’est sûr que ça me donne envie de revivre ça. » Pour « revivre ça », Dipanda et les Bleus entameront donc demain leur TQO avec la Croatie (21 h), avant de jouer la Tunisie, samedi soir (21 h). « Clairement, c’est l’équipe que l’on connaît le moins. On sait que l’école tunisienne reste de qualité et au Mondial, ils ont alterné le très bon et parfois le moins bon avec un certain manque de stabilité. Mais c’est un adversaire à prendre très au sérieux, prévient Dipanda. D’autant que le goal-average comptera peut-être à la fin. »

« On pensera à Quintana »

La fin, justement, ce sera dimanche, avec une équipe portugaise que les Experts connaissent bien mieux. Complètement passés au travers (25-28) de leur confrontation en ouverture de l’Euro 2020, les Bleus ont effacé ce mauvais souvenir en étrillant (3223) les Lusitaniens en Égypte, le 24 janvier dernier. « La dernière fois qu’on les a joués, on les a battus grassement, rappelle le Raphaëlois. Alors oui, ils nous ont battus en 2020, mais la dernière fois, on les a battus avec la manière. Mais c’est une équipe qui s’est installée dans le haut du tableau et qui mérite sa place à ce TQO. »

Ce sera surtout une équipe qui « voudra rendre hommage à son gardien », comme l’expliquait hier Luc Abalo, en répondant à une question sur la disparition d’Alfredo Quintana, emporté par une crise cardiaque le 26 février dernier, à seulement 32 ans. « On pensera à lui, assure Dipanda. Ça marque tout le monde du handball, parce que c’est le genre de sportif que l’on aime. Un peu fantasque, bon sur le terrain et sympathique à côté (soupir). Un décès comme ça, c’est dur à accepter. »

Difficile en effet, sinon impossible, d’accepter l’inacceptable. Et il y a fort à parier qu’il sera bien plus facile aux Bleus de s’accommoder du huis clos imposé par la Covid, qui les privera pourtant de ce huitième homme qui les aurait tant portés. « On commence malheureusement à y être habitué », conclut d’ailleurs un Dipanda manifestement bien plus rodé au huis clos, qu’aux critiques infondées sur une satanée expulsion. Il faut dire que jouer sans public est désormais son pain quotidien. Alors que les biscottes...

Rio, c’est le meilleur souvenir de ma carrière. En terme d’émotions, de préparation, d’intensité, c’est unique. Et c’est sûr que ça me donne envie de revivre ça... ”