Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un avocat niçois sorti manu militari du tribunal d’Aix
Me Paul Saccaro, avocat au barreau de Nice, demandait la disjonction du cas de son client dans une affaire de trafic de drogue, quand il a été mis à la porte par les forces de l’ordre
Un vif émoi s’est emparé des avocats hier matin. Un incident inhabituel est en effet survenu entre le président du tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, Marc Rivet, et l’avocat niçois Paul Sollacaro.
Le procès de dix prévenus soupçonnés de trafic de drogue dans les Bouches-duRhône et à Nice devait s’ouvrir hier matin et se terminer vendredi. Me Sollacaro avait prévenu par courrier le président que son client avait été déclaré cas contact.
L’avocat s’est donc présenté ce jeudi matin pour demander la disjonction du cas de son client. D’autant, qu’entre-temps, le prévenu a été testé positif au coronavirus. Contre toute attente, le président a refusé la demande. Me Sollacaro a alors indiqué qu’il allait faire venir son client pour qu’il puisse avoir le droit de s’expliquer, malgré les consignes sanitaires.
« Le magistrat lui a intimé l’ordre de se taire et de sortir de la salle, rapporte Me Audrey Vazzana, du barreau de Nice, témoin des faits. Huit policiers ont alors entouré Paul Sollacaro et l’ont sorti de force devant les prévenus. Mes confrères et moi nous nous sommes opposés, nous avons été bousculés... C’est intolérable. Nous avons fait appel au bâtonnier. J’ai rappelé au président qu’aucun avocat dans l’exercice de ses fonctions ne peut être sorti d’une audience par la force publique. »
« Je suis écoeuré par ce qui s’est passé »
Au téléphone, la voix de Me Paul Sollacaro tremble encore de rage. Il estime cette attitude indigne. « C’est la honte pour l’institution judiciaire. Je suis scandalisé.
J’ai des marques de l’intervention policière. Je suis écoeuré par ce qui s’est passé. Je n’ai jamais vu ça ! Je vais (Photo DR)
écrire au parquet général pour déposer une plainte contre le président, et une contre la police. Je veux des sanctions. J’ai été victime d’agression physique judiciaire sur mon lieu de travail, dans la robe de mon père (1). C’est elle que les policiers ont touché ! Cela n’en restera pas là. C’est sans précédent. Il faut des réactions. Et des sanctions. »
Hier soir, de nombreuses réactions affluaient de toute la France pour soutenir l’avocat, dont celle du bâtonnier de Paris.
L’affaire, elle, a été reportée à ce vendredi. Dans un climat qui risque d’être extrêmement tendu...
L’Union des jeunes avocats de Nice a déjà appelé à un rassemblement de soutien, ce vendredi matin, devant le palais de justice de Nice. 1. Son père, Antoine Sollacaro, pénaliste renommé décédé en 2012, était l’ancien bâtonnier d’Ajaccio.