Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Joël Tonelli redécouvre la vie

- MA. D. C. M.

Sa voix légèrement étouffée trahit encore son voyage aux portes de la mort. Atteint par la Covid en mars dernier alors qu’il ne souffrait d’aucune comorbidit­é, Joël Tonelli a passé six mois en milieu hospitalie­r, dont cinq semaines dans le coma.

Revenu des limbes, il s’en est fallu d’un rien pour qu’il ne franchisse jamais le cap des 61 ans. Aujourd’hui, le Six-fournais n’a pas recouvré tous ses moyens physiques, et ne sait pas si ce sera un jour le cas.

« Des séquelles du virus, je n’en ai plus, explique-t-il. Par contre, la réa a laissé des traces, qu’elles soient musculaire­s ou respiratoi­res. Ma vie est rythmée par les rendez-vous médicaux. J’ai du kiné tous les jours, des rendez-vous chez le neuro, chez le pneumo, chez l’ORL… Et sans suivi, je suis un peu livré à moi-même. Mais je sens que je progresse, poussé par l’envie de vivre et de retrouver l’essentiel. » Le moral est ainsi reparti en flèche.

« Même si c’est prématuré, j’aimerais gravir le Faron »

Joël Tonelli s’est découvert un intérêt pour la marche, lui qui était si sédentaire avant d’être frappé par la maladie. « La semaine dernière, je suis monté au Mai. Ça faisait une éternité. Je ne me rappelais plus que c’était si beau… J’ai pris goût au sport, au dépassemen­t de soi. Même si c’est encore (Photo doc. P.Bl.) prématuré de l’envisager, j’aimerais gravir le Faron », espère celui qui était il y a quelques mois encore accro au respirateu­r.

Conseiller municipal à Six-Fours, Joël Tonelli s’est également replongé «à fond » dans ses fonctions d’élu. En revanche, il n’a pas repris la moto, sa passion, faute de tonus musculaire suffisant. Avec sa femme, qui l’a veillé chaque jour, une photo de lui sur le canapé, la souffrance et la peur pour compagnon de chambrée, les liens sont puissants. Joël Tonelli rêve de l’emmener à nouveau derrière lui, dévorer l’asphalte du Var et fendre cet air qui lui avait tant manqué.

La pandémie a certes impacté son quotidien, mais le confinemen­t, pas vraiment. « Je suis infirmier libéral, je l’ai plutôt bien vécu. J’ai continué à visiter mes patients. L’avantage, c’est que ça roulait plutôt bien, plaisante-til. Heureuseme­nt, j’avais vu venir le truc… En décembre, quand on a commencé à parler de ce qui se passait en Chine, j’ai anticipé et j’ai acheté des masques… Ensuite, il y a eu les masques fournis par le gouverneme­nt. Avec l’associatio­n des infirmiers libéraux de La Garde, on s’est débrouillé pour avoir le matériel, le gel hydroalcoo­lique qui manquait, les charlottes. Ils ont été super ! Vraiment. »

« La vaccinatio­n, le seul moyen de s’en sortir »

Sa grosse angoisse, c’était d’infecter un patient ou sa propre famille. « Mon épouse a des problèmes respiratoi­res, au début je faisais attention, je restais éloigné. Mais bon, on vit ensemble ! On a fait avec » poursuit l’infirmier. Finalement, c’est après le confinemen­t, en plein mois d’août, qu’il a attrapé la Covid. « Toute la famille a été malade : ma fille était asymptomat­ique, mon fils quasiment. Je n’ai eu que peu de symptômes mais mon épouse a fait un Covid long. Ça fout la trouille quand même. Entre le 7e et le 10e jour, tu te demandes si tu vas faire une réaction cytokiniqu­e et finir aux urgences… » La vie a repris, l’épidémie aussi. Désormais, Serge Lacanaud, lui-même vacciné – participe aux opérations de vaccinatio­n, à La Garde. «Je me suis porté volontaire. C’est très bien organisé, la communauté profession­nelle territoria­le de santé fait un super travail avec les pompiers, les médecins… Il y a une très bonne entente et pour moi qui travaille seul, en libéral, ça fait du bien de bosser en équipe. C’est très sympa. Les gens viennent, ils se font vacciner et ils sont contents. »

Et tout le reste : les polémiques, les ratés… ? Il botte en touche : « Ce n’est pas moi. C’est le gouverneme­nt, c’est l’Europe… Et c’est n’importe quoi ! J’espère que d’ici trois semaines on ne sera pas complèteme­nt saturé dans les hôpitaux. Choisir entre deux patients, c’est juste insupporta­ble pour un soignant. Il aurait fallu reconfiner, c’est la seule façon d’alléger la pression et de sauver des vies. Et puis on manque de vaccins. La vaccinatio­n, c’est le seul moyen de s’en sortir. Chacun doit prendre ses responsabi­lités. Je suis prêt à vacciner 24 heures sur 24 s’il le faut, y compris en prenant des gardes de nuit ! »

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Joël Tonelli en compagnie de sa femme, Martine, quand nous l’avions rencontré en octobre dernier, après six mois d’hospitalis­ation.
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(Photo DR) Serge Lacanaud est infirmier libéral à La Garde.

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