Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Ramassage scolaire : la lutte de parents à l’arrêt
Gaëtane Manceau et Déborah Dubois se battent depuis 2015 pour modifier les horaires de passage des bus au collège des Chênes et à l’école primaire Aurélien... Toujours au point mort
Faut-il que j’arrête de travailler pour emmener mes enfants à l’école ? » Déborah Dubois souffle, excédée.
Cela fait maintenant plus de cinq ans que la mère de famille est contrainte d’emmener ses enfants en classe. « C’est la course chaque matin pour qu’ils soient à l’heure en cours… et moi au boulot ! Je n’ai jamais eu accès au bus. Il ne passe pas par chez moi. » Depuis 2015, la Fréjusienne se bat pour modifier le parcours de la ligne 103 aux côtés d’une voisine du quartier de la Tour de Mare. « Actuellement, le car effectue une boucle par la route de Cannes et la via Aurélia pour déposer les petits à l’école élémentaire Aurélien, détaille Gaëtane Manceau. Mais l’allée du Grand Mas et l’avenue du Golf sont toujours oubliées. »
« Les problèmes ne s’arrêtent pas là »
Mails, courriers, coups de téléphone… Les deux mamans, représentantes d’un collectif de parents d’élèves, n’ont eu de cesse de contacter la Communauté d’agglomération Var-Estérel-Méditerranée (Cavem) et la mairie pour obtenir une modification du circuit. « Les seules réponses qu’on obtient, c’est qu’ils vont soit étudier le dossier, ou alors répondre négativement à notre demande, poursuitelle. Je pense que le jour où on trouvera une solution, nos enfants seront en train de passer le bac. » Le temps est compté.
Si le cadet de Déborah Dubois entre au secondaire d’ici un an et demi, celui de Gaëtane Manceau y est déjà.
« Et les problèmes ne s’arrêtent pas là» , lance-t-elle. Jusqu’au collège des Chênes, l’autocar de la ligne 121 s’arrête à tous les arrêts demandés par le collectif. Mais les horaires, eux, se limitent seulement à un aller le matin et un retour l’après-midi. « Le bus dessert cinq établissements scolaires. Le temps de faire monter tout le monde, les enfants arrivent rarement à l’heure à l’école. Et il est plein à craquer. » Le branle-bas de combat ne fait que commencer.
« Là, c’est encore plus dangereux »
Depuis la Covid, le collège a modifié les emplois du temps des élèves. Gaëtane Manceau attrape un dossier rose. Sur la table, elle fait défiler les tableaux en papier. «La majorité des classes commencent à 9 et 10 heures. Il n’y a pas de ramassage à ces horaires. Puis, ils terminent généralement à 14 et 15 heures. L’administration ne veut pas les faire attendre en permanence pour éviter les regroupements. Ils doivent patienter plusieurs heures dehors avant de rentrer chez eux. »
Certains enfants parviennent à se faire déposer chez eux en voiture. D’autres, comme celui de Gaëtane Manceau, tentent d’embarquer dans le bus de ville.
« Et là, c’est encore plus dangereux. La sonnerie retentit à 15 h 15. Il faut qu’ils aient plié bagage avant pour être prêts à partir. Ils doivent courir sur plus de 500 mètres pour rejoindre l’arrêt. Ils ne regardent pas la route avant de traverser. Un jour, il y en a un qui s’est fait mal à la cheville. Il est déjà arrivé que le mien soit tombé en fonçant vers le bus. Dans notre quartier, dix-sept fratries sont concernées par ces problèmes. »
Afin de trouver une solution au plus vite, les représentantes des parents d’élèves ont suggéré à la Cavem d’organiser une table ronde avec les établissements scolaires concernés.
Mais le 1er mars, elles reçoivent un courriel du service transports et mobilités de l’agglo. «En résumé, la réponse signifie que rien ne sera fait. Mais nous, on ne lâchera pas », assure Gaëtane Manceau.