Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Du rôle de l’Amérique...

- Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

« - Pensez-vous que Vladimir Poutine est un tueur ?

- Je le pense. »

Joe Biden, qui n’est pas un débutant, pouvait, s’il le voulait, le  mars dernier, trouver une réplique moins offensive au journalist­e qui l’interrogea­it. Il n’a pas fait cette réponse par hasard. En une seule phrase, il a ouvert une nouvelle période dans les relations internatio­nales, celle d’une guerre froide, évoquant celle qui a opposé le bloc américain et le bloc soviétique pendant plus de quarante ans, de  à . Il a certes bien des reproches à faire au dirigeant russe et notamment, comme l’a révélé il y a quelques jours un rapport des services de renseignem­ents américains, d’avoir cherché, une fois de plus, par piratage informatiq­ue, à déstabilis­er le pays pendant la période difficile de la transition entre Trump et Biden. « Il en paiera le prix », a dit, sans perdre le sourire, le président américain qui a en tête aussi, bien sûr, l’empoisonne­ment, suivi de la détention de l’opposant russe, Alexei Navalny. Mais l’intention du nouvel élu va évidemment plus loin. Il s’agit pour lui de réaffirmer le rôle de l’Amérique dans le monde, celui de guide des démocratie­s contre les dictatures. Il s’agit surtout de ne laisser aucun empire menacer la suprématie économique américaine. C’est bien ainsi qu’il faut comprendre la rencontre, encore plus rude, entre le secrétaire d’État américain et le représenta­nt de la diplomatie du Parti communiste chinois, en Alaska, ces derniers jours. Face aux caméras du monde entier, Tony Blinken a formulé l’opposition des États-Unis à la politique chinoise à Hong Kong et Taïwan. Il a mis l’accent aussi sur ce qu’il appelle pratiqueme­nt un génocide, au Xijiang, des ouighours musulmans. « Ce n’est pas comme cela qu’on traite le peuple chinois » a répondu, glacial, l’homme de Pékin. Ce qui est en cause, derrière ces phrases peu amènes, c’est tout simplement la crainte de voir la Chine devenir la première puissance économique mondiale. Une menace qui est en train de devenir une réalité. La guerre froide d’aujourd’hui, n’a rien à voir, pourtant avec la guerre froide du siècle dernier. D’abord parce qu’elle vise plus la

Chine de Xi Jinping que la Russie de Poutine. Ensuite parce que la mondialisa­tion a compliqué le jeu : comment les ÉtatsUnis pourraient-ils se passer, et le monde entier d’ailleurs, des exportatio­ns chinoises, qu’il s’agisse des médicament­s ou de l’informatiq­ue ? La guerre commercial­e n’est pas chose aisée lorsqu’on a besoin des produits de son ennemi.

« Ne laisser aucun empire menacer la suprématie économique américaine. »

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