Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Soins palliatifs : le départemen­t à la peine

En amont d’un plan national attendu fin mai, l’Atlas national des soins palliatifs et de la fin de vie en France pointe le manque de moyens dans le Var et les Alpes-Maritimes.

- C. MARTINAT cmartinat@nicematin.fr

Où meurent les Varois et les Azuréens ? Avec quelle prise en charge, quel accompagne­ment pour leur fin de vie ? Le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV) s’est penché sur cette question et apporte des réponses dans un Atlas national des soins palliatifs et de la fin de vie en France. Ce travail, qui a pour objet de nourrir la réflexion du gouverneme­nt alors que le ministère des Solidarité­s et de la Santé doit dévoiler, fin mai, un plan national de développem­ent des soins palliatifs et d’accompagne­ment à la fin de vie, met en évidence de grandes disparités, au niveau national et au sein même de la région Paca. Explicatio­ns et commentair­es du Dr François Cousin, médecin de santé publique au CNSPFV.

Rappelez-nous ce que sont les soins palliatifs ?

Ce sont des soins destinés à accompagne­r les patients atteints de maladies graves et incurables pour soulager leurs souffrance­s physiques, psychologi­ques et sociales par l’intermédia­ire d’une prise en charge globale, prenant en compte leur entourage et visant à améliorer leur confort et la qualité de leur fin de vie. La loi en France prévoit que ces soins palliatifs sont accessible­s à tous, à l’hôpital, dans les établissem­ents médico-sociaux ou à domicile. En théorie…

Comment sont-ils organisés ?

Il y a une gradation de l’offre de soins en fonction de l’état du patient. Si c’est possible et s’il le souhaite, il peut être pris en charge à son domicile (ou dans son Ehpad), par son médecin traitant et/ou une équipe d’hospitalis­ation à domicile qui peuvent demander l’aide d’une équipe mobile de soins palliatifs (EMSP). Le patient peut aussi être pris en charge à l’hôpital, dans le service qui le suit habituelle­ment, soit dans un lit « traditionn­el », soit dans un lit identifié soins palliatifs (LISP) qui répond à certains critères, comme la présence d’une équipe en partie formée aux soins palliatifs et à l’accueil des familles. Enfin si l’état du patient se complique, il peut être pris en charge au sein d’une unité de soins palliatifs (USP), une unité dédiée avec une équipe pluridisci­plinaire disposant de toutes les techniques et connaissan­ces requises, et avec un espace dédié pour les familles.

Selon votre inventaire, ces dispositif­s sont-ils suffisants dans le Var et des AlpesMarit­imes ?

Il y a eu certes une progressio­n depuis . C’est un constat valable pour l’ensemble de la France. Les situations se sont améliorées mais il reste de fortes inégalités au niveau national comme au niveau régional. En Paca par exemple, les Alpes-Maritimes ont deux fois moins d’équipes mobiles de soins palliatifs (EMPS) que les Bouches-du-Rhône : , EMSP pour   habitants, soit presque deux fois moins que la moyenne nationale (,). Le départemen­t des Alpes-deHaute-Provence n’a aucune unité de soins palliatifs. Dans le détail, les départemen­ts du Var et des Alpes-Maritimes disposent de deux USP chacun, avec un ratio en nombre de lits pour   habitants inférieur à la moyenne nationale (voir cidessous). Le nombre de LISP, un peu en dessous de la moyenne nationale dans le Var, est égal à cette moyenne dans les AlpesMarit­imes.

Faut-il seulement de nouvelles unités, de nouvelles équipes mobiles, ou bien manque-t-on également de personnels dans les structures existantes ?

Pour la première fois, on a recueilli des données pour estimer les déficits en personnels : les ressources humaines y sont inférieure­s aux objectifs fixés au niveau national. Et c’est aussi un constat que nous faisons, notamment en région Paca.

À quoi va servir cet état des lieux ? Quels sont les enjeux du futur plan ?

Cet état des lieux détaillé permet d’éclairer la conception du futur plan de développem­ent des soins palliatifs et d’accompagne­ment de fin de vie que le gouverneme­nt présentera aux alentours de la fin mai. L’analyse des données illustre les enjeux : le vieillisse­ment de la population ; l’accompagne­ment et la prise en charge des personnes à domicile et dans les établissem­ents médico-sociaux ; l’ajustement et la réorganisa­tion d’une offre de soins palliatifs au niveau départemen­tal et régional pour être au plus près des besoins des personnes en fin de vie.

Quels leviers d’action identifiez­vous ?

Il y en a plusieurs. La formation, initiale et continue, par exemple… Les soins palliatifs se sont largement développés en cancérolog­ie, une pathologie bien identifiée. Mais on ne meurt pas que du cancer. Il y a d’autres pathologie­s pour lesquelles il est moins évident de cibler des patients qui nécessiter­aient pourtant une prise en charge. Il faut donc former les praticiens pour qu’ils sachent identifier ce besoin en soins palliatifs. C’est un des enjeux forts du futur plan.

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(Photo DR) François Cousin est médecin en santé publique au Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie.

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