Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Ariège : confinés sous terre pendant quarante jours
Ce n’est pas un remake des « Marseillais confinés ». Au mieux, c’est en revanche une repasse des aventures en mode vingt mille lieues sous la terre de Michel Siffre. Depuis le 18 mars, en Ariège, au tréfonds de la grotte de Lombrives, 15 volontaires – sept femmes et huit hommes dont l’explorateur francosuisse Christian Clot, concepteur de cette mission – sont confinés sous terre. Quarante jours sans voir le jour. Par 12° dans une atmosphère recelant un taux d’humidité de 95 %. Un opération survie baptisée « Deep Time ». Pas un jeu pour booster l’audimat, mais une véritable expérience scientifique montée en collaboration avec le Centre national d’études spatiales (CNES) et encore la Société des explorateurs français.
Le concept a été imaginé à la lecture du ressenti des Français pendant les deux confinements successifs liés à la lutte contre l’épidémie de Covid. Une étude avait démontré que cette mise sous cloche sanitaire avait privé 40 % des Français confinés de la notion aiguë du temps et, par voie de conséquence, de leur capacité de projection dans le long terme.
Plus près des étoiles...
Ces quarante jours dans l’obscurité impénétrable de la grotte de Lombrives ont vocation à permettre aux chercheurs, notamment de l’Inserm, de mesurer l’adaptation des gens à des changements profonds. Les quinze volontaires y sont en effet totalement coupés du monde, sans téléphone ni montre, sans aucun repère temporel. Soixante jours de vivres leur ont été affectés pour quarante jours, là encore afin qu’ils n’aient pas d’indications sur le temps qui s’écoule. Dans la grotte, au moyen d’un pédalo, ils peuvent toutefois produire leur électricité. Trois lieux y ont été aménagés : un espace de vie, où ils peuvent cuisiner et échanger. Un espace de sommeil. Et en espace de « silence absolu » ou ils peuvent s’extraire de la communauté des ultras confinés. L’opération « Deep Time » a bénéficié d’un financement d’environ 1,20 M€ à la hauteur des espoirs scientifiques que certains chercheurs fondent en elle.
L’étude de la « signature particulière » que le stress de survie est susceptible de provoquer chez les êtres humains pourrait être susceptible de trouver « les contre-mesures » afin de réduire la charge négative des personnes en situation de confinement extrême.
On pense aux enjeux considérables induits dans le domaine de la recherche spatiale. Rien de neuf sous le soleil, la Nasa en 1972 avait déjà mis à contribution Michel Siffre avec les mêmes arrière-pensées militaro-scientifiques.