Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Comment les centres-villes se relèvent

Un centre ancien sur deux est estimé en mauvaise santé commercial­e, selon une étude de 2017 menée par la Région Paca. Dans certaines villes, plus d’une boutique sur dix est fermée. Un constat préoccupan­t qui a poussé l’État a lancé son plan « Action coeu

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C’est un mercredi de soldes. Et pourtant, dans le centre de Brignoles, il n’y a pas foule. Dans les rues commerçant­es qui mènent à la place Carami, les boutiques fermées sont légion.

À Draguignan au contraire un regain de dynamisme est palpable. Peu de rideaux baissés, et plutôt de jolies boutiques, dans lesquelles des clients se pressent. Ici, le nombre de commerces vacants a baissé entre 2019 et 2020. Un frémisseme­nt, fruit des initiative­s orchestrée­s par la collectivi­té. À Brignoles, si la situation semble critique, les chantiers en cours dans le coeur de ville montrent que quelque chose est à la manoeuvre.

Un soutien financier

Les diagnostic­s et actions engagés dans ces deux communes varoises leur ont ouvert les portes du programme national « Action coeur de ville » (lire ci-contre). Un véritable coup de pouce financier. À Brignoles par exemple, on parle de quelque 800 000 euros par an jusqu’en 2022.

« Si nous avons été sélectionn­és dans Action coeur de ville, assure Didier Brémond, le maire de la cité des Comtes de Provence, c’est parce que la concession d’aménagemen­t existait et que nous avions des choses à montrer. »

Ce vaste programme d’améliorati­on de l’habitat, de réaménagem­ent du centre-ville, d’accompagne­ment de la revitalisa­tion commercial­e et artisanale a mis le pied de la commune à l’étrier dès 2017. Confiée à Var aménagemen­t développem­ent (VAD), cette concession prévoit 25 millions d’euros d’investisse­ments sur 8 ans (dont la moitié financée par la Ville).

Levier urbain

Le levier urbain a aussi été actionné à Draguignan, avec un Projet urbain global lancé il y a7ans.« Celui-ci a notamment permis d’établir un diagnostic détaillé de la situation du commerce, explique Sophie Dufour, élue déléguée à l’économie et à l’aménagemen­t, de définir un parcours commercial prioritair­e et de catégorise­r les enseignes à privilégie­r pour redonner du dynamisme au centre-ville. »

Comme un préambule au plan « Action coeur de ville ». Depuis, comme en témoigne Antoine Jahan, gérant de L’Arbre à jouets, sur la place du Marché, dont il se réjouit de la réfection, « on ne sait pas combien de magasins ont ouvert ! »

« La réfection de parking, le plan des rues… Tout ce qui est requalifia­nt, restructur­ant, c’est le plan, reprend le maire de Brignoles. Commerces et espaces publics, mais aussi logements : la reconquête de la ville, c’est un tout. D’où l’objectif d’amener un millier de personnes à vivre en centre-ville. »

Des actions fortes

Pour ça, Brignoles mise sur le projet du Pôle Liberté (lire en page suivante). Il pourrait métamorpho­ser la ville. Mais l’édifice reste fragile. C’est ainsi que, pour éviter que les efforts ne soient tués dans l’oeuf, Didier Brémond négocie l’agrandisse­ment du centre Leclerc, dans la zone

Saint-Jean. « Ce sera possible à la seule condition qu’il n’y ait pas de galerie marchande supplément­aire ! », assure le premier magistrat.

« Est-ce que les commerces qui ont ouvert vont tenir ? », se demande en écho Antoine Jahan, le marchand de jouets de Draguignan. En tout cas, l’équipe municipale y travaille. C’est en effet pour consolider ses résultats que la cité du Dragon a opté en 2017 pour un dispositif complément­aire : le Crac ou Contrat de revitalisa­tion artisanale et commercial­e (lire ci-dessous). « C’est avec des actions fortes, lance Sophie Dufour, l’adjointe au maire de Draguignan, qu’on peut gagner le pari dans le temps. »

Un processus long

Pour l’heure, les quelque 100 boutiques qui ont ouvert entre 2016 et 2019 – en plus de la vingtaine d’ateliers du Fisac –, semblent attester de la réussite de la politique dracénoise. Mais le meilleur indicateur reste encore le ressenti des promeneurs. « Les gens n’en reviennent pas », assure Sophie Dufour.

Il faut toutefois du temps pour connaître l’issue de ce type de mise en place. Aurelio Ferreri, relieur dans la rue de Trans à Draguignan, plein de mansuétude, le comprend : « Le processus est long et ce n’est pas toujours facile pour les élus. Il faut qu’ils s’accrochent eux aussi, parce que c’est en prenant le temps qu’on fait des choses bien. »

Et puis, tout n’est finalement pas dans les mains des édiles. « La fréquentat­ion dépend des habitants, estime cette commerçant­e de la place Carami à Brignoles. Il faut leur donner envie de venir vivre en ville. » Et de rappeler que

« Paris ne s’est pas fait en un jour ». Ce ne sera pas plus le cas de Brignoles et ni de Draguignan !

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(notre photo) (Photo doc. Dylan Meiffret) Le plan « Action coeur de ville » mis en place par l’État afin de soutenir les  communes les plus fragilisée­s en termes de commerce, bénéficie, dans le Var, à Draguignan et Brignoles.
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(Photo V. R.) Sur la place du Marché, à Draguignan, Antoine Jahan, le patron de L’Arbre à jouets, est ravi de la réfection de l’espace sur lequel donne sa boutique.

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