Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le crève-coeur de Sébastien Taofifenua

Avant de rejoindre Bayonne, le pilier polyvalent Sébastien Taofifenua entend réussir ses dernières semaines en rouge et noir. Il quittera également son frère Romain. Un crève-coeur.

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Dans les fratries du rugby, celle des Taofifenua en impose. Par le nombre et le talent. A Toulon, les fils de Willy, ancienne figure des Mammouths de Grenoble, livrent bataille ensemble depuis 2018. Un privilège du sang qui, comme à Perpignan il y a sept ans, va prendre fin. Lors d’un long entretien, Sébastien Taofifenua évoque avec une infinie gentilless­e, ses liens avec Romain, ses années RCT, sa polyvalenc­e en mêlée et son départ pour Bayonne à la fin de la saison.

Cette coupure de trois semaines vous a-t-elle fait du bien ? Vraiment du bien. Tout le monde en avait besoin car lors des dernières semaines, on n’était pas très nombreux et on a tiré sur la corde. On a pris dix jours et on a réattaqué jeudi le dernier bloc plein pot. C’est costaud !

Comment vous sentez-vous dans la peau du pilier polyvalent, un poste qui a marqué votre aventure toulonnais­e ?

Depuis que je suis arrivé à Toulon il faut que je m’adapte. J’ai découvert le poste de droitier lors de ma première année et je pense que maintenant, je peux y évoluer sans trop me poser de questions. Tant mieux. C’est tout benef’ pour moi et l’équipe.

Avez-vous pris la pleine mesure du poste de droitier ? Je ne suis pas au niveau de nos deux droitiers (Gigashvili et Setiano), loin de là, mais le but estdebienl­es suppléer quand ils ne peuvent pas jouer. C’est vrai que je me sens bien et de mieux en mieux.

Qu’avez-vous travaillé en particulie­r et qui fait la différence aujourd’hui ?

Quand j’ai commencé, j’avais les appuis normaux du droitier, c’està-dire avec le pied droit en avant. On a vu que ça ne me convenait pas car je rentrais trop à l’intérieur. Patrice (Collazo )m’a fait changer les appuis (pied gauche en avant) il y a un an et

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DIGEST

Prénom : Sébastien

Nom : Taofifenua

Né le : 21/03/1992 à Mont-de-Marsan

Mensuratio­ns : 1,78m, 130 kg

Postes :1/3

Au RCT depuis : 2018

Clubs précédents : Perpignan (2011-14), Bordeaux-Bègles (2014-18)

Matchs joués avec le RCT :

38 (12 cette saison)

Sélections : 2 (en novembre 2017 face à l’Afrique du Sud et le Japon) demi et depuis, ça va beaucoup mieux. J’arrive à entrer droit et rester droit. J’ai aussi beaucoup travaillé le gainage et le positionne­ment avec le talonneur. On a la chance d’avoir trois talons costauds en mêlée.

Et que vous apporte

Eric Dasalmarti­ni ?

Il voit plein de choses que moi je ne vois pas et fait travailler les détails techniques. Avec Patrice, ils sont complément­aires.

En mêlée, aimes-tu particuliè­rement que ton frère Romain pousse derrière toi ? Oui, forcément ! Il n’y a pas de différence avec un autre deuxième ligne, mais je sais que c’est lui. Du coup, quand quelque chose ne va pas, j’ai plus de facilités à le dire à Romain qu’à un autre joueur.

Que vous apporte sa présence ? Je me sens plus puissant.

Votre histoire commune est un long fleuve pas vraiment tranquille. Vous avez commencé à jouer ensemble à Perpignan de  à  puis après avoir suivi des trajectoir­es différente­s, à nouveau à Toulon depuis . En quoi votre associatio­n toulonnais­e est-elle différente de celle à l’USAP ?

À Perpignan, j’étais jeune, je débutais. Moi j’avais tout à apprendre alors que Romain était déjà installé. Il s’occupait beaucoup de moi, notamment le placement sur le terrain comme sur les horaires pour ne pas arriver en retard aux entraîneme­nts ! C’était vraiment mon grand frère. Après, on s’est quitté et on a tracé notre chemin séparément. On a eu deux enfants chacun alors quand on s’est retrouvé à Toulon, on était hyperconte­nts. C’était cool de voir comment on avait évolué. On a toujours été très proche depuis tout petit. On n’a qu’un an et demi d’écart. Après la descente en Pro D de Perpignan, on s’était promis de rejouer ensemble. Être ensemble tout le temps, c’est génial !

Mais alors qu’e se passe-t-il ? Vous ne vous supportez plus ? (rires). Ce sont les aléas d’une carrière. On aurait préféré rester ensemble mais c’est comme ça.

À regret apparemmen­t...

Oui car on est hyperproch­e dans la vie de tous les jours. Nos femmes sont très complices elles aussi, comme nos enfants. Ça va être difficile de se séparer...

Qu’a motivé le choix de rejoindre Bayonne, un club qui joue le maintien mais affiche des ambitions plus élevées ?

Le club a un beau projet et a fait un recrutemen­t ciblé pour les prochaines années. C’est vraiment un club que j’aime bien qui est capable de pratiquer un beau rugby. On m’a proposé de faire partie du projet. On me fait confiance donc je suis très content de les rejoindre.

À Bayonne, vous allez retrouver un autre Taofifenua...

Oui, mon cousin Filimo ! Mon père était revenu de NouvelleCa­lédonie avec lui et il avait intégré l’équipe Reichel de Perpignan quand j’y jouais. Il dormait à la maison. Il fait une belle saison avec Bayonne.

Un mot sur Romain (). Êtes-vous surpris par ses excellente­s prestation­s en bleu ?

Pas surpris du tout et hyperconte­nt qu’il puisse enfin exprimer tout son potentiel. Tous ceux qui jouent au quotidien avec lui ne sont pas surpris. Le niveau qu’il montre est celui de ses entraîneme­nts. On attendait juste que ça se traduise sur le terrain. Je suis content qu’il soit reconnu à sa juste valeur !

On en oublierait presque que vous comptez deux sélections face à l’Afrique du Sud et le Japon, en novembre . Quel souvenir en gardez-vous ?

Ça date un peu mais c’était hyperbien ! J’avais joué juste avant avec les Barbarians face aux All Blacks maoris. J’avais fait un bon match et j’avais été désigné directemen­t remplaçant de Jefferson Poirot. J’avais affronté Eben Etzebeth dans un gros match ! J’ai été rappelé après pour la tournée d’été en Nouvelle-Zélande mais je n’ai malheureus­ement pas joué. J’arrive à Toulon une semaine après et j’ai été moins bon à

partir de là.

Pourquoi ?

La saison avait été longue. Je n’avais pas trop coupé, j’étais fatigué. J’étais un peu en dedans et finalement, je me pète la cheville et le péroné

(novembre ).

Je suis revenu en fin de saison, mais j’avais toujours des douleurs.

‘‘

Avec Romain, je me sens plus puissant... ”

‘‘

A Toulon, je retiendrai le groupe”

Vous avez mis du temps à retrouver votre vrai niveau ? Oui, clairement. Je suis plutôt bien revenu l’an dernier avant que la saison ne s’arrête et cette saison je me sens bien.

Que retiendrez-vous de vos années à Toulon ?

Le côté hyperposit­if, c’est le groupe. J’espère que ça va se concrétise­r par quelque chose. Le moins bien, c’est que je n’ai pas été au niveau auquel j’espérais être. Je n’ai pas envie de partir comme ça, en laissant cette image-là de moi. Je souhaite bien finir la saison et donner le maximum pour l’équipe.

1. Technique de la bajadita inventée par les Argentins en 1970.

2. Sorti blessé face au pays de Galles, il risque de ne pas disputer le dernier match face à l’Écosse vendredi.

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Olivier BOUISSON obouisson@nicematin.fr Photo : Patrick BLANCHARD ??
Textes : Olivier BOUISSON obouisson@nicematin.fr Photo : Patrick BLANCHARD
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