Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le Premier ministre n’a pas été vacciné correctement
La photo a été partagée plusieurs milliers de fois sur Facebook. S’appuyant sur des captures d’écran montrant ce qui ressemble à un embout jaune, des internautes se sont émus d’une possible mise en scène de la vaccination de Jean Castex, la semaine dernière. Une polémique récurrente, qui n’épargne aucun politique, mais infondée. Bien plus pertinente est la critique émise par un de nos lecteurs, le Dr Dominique Dervieux, médecin à la retraite, s’inquiète dans un courrier qu’il nous a adressé du fait que le Premier ministre a été vacciné « à un emplacement trop bas ». Et il serait loin d’être le seul, selon lui. « La plupart des vaccins Covid-19 intramusculaires pratiqués dans le deltoïde sont mal effectués », avance-t-il. Rappelons que les trois vaccins contre le coronavirus, aujourd’hui sur le marché français, s’administrent par voie intramusculaire, précisément au niveau du muscle qui forme l’arrondi du moignon de l’épaule, ce fameux deltoïde. Nous avons soumis l’alerte de Dominique à la sagacité du Pr Pierre Marty, responsable du centre de vaccination Covid de l’hôpital l’Archet (CHU de Nice). Sa réaction est claire : « Ce qu’avance votre lecteur est parfaitement exact. En découvrant dans le journal la photo de Jean Castex recevant la première injection d’AstraZeneca, j’ai été moi aussi choqué. Il est en effet impératif de vacciner plus haut, dans l’épaisseur du muscle deltoïde ; en dessous, la masse musculaire est moins épaisse, avec un risque de toucher une veine. Et donc de provoquer une thrombose ».
Les épaules totalement dégagées
Reste une question : comment expliquer ces « défauts » d’injection par des professionnels formés à la vaccination ? « Je l’ai observé à plusieurs reprises : une jeune infirmière stagiaire, un étudiant en médecine peuvent se laisser intimider par une personnalité politique, un cadre dirigeant d’un établissement de santé, un monsieur ou une dame d’un certain âge… qui refusent d’ôter leur chemise ou leur chandail. Or, pour vacciner correctement, au bon endroit, il est impératif que les bras soient dénudés, les épaules totalement dégagées. On ne négocie pas, on ne laisse pas le choix. Ou on refuse de vacciner », tranche le Pr Marty.
Contrairement au sémillant ministre de la Santé, Olivier Véran, qui n’a pas hésité à exhiber son torse pour la cause – au risque de faire face à de nombreuses railleries – Jean Castex n’a pas tombé la chemise. Que craignait-il ? L’histoire ne le dit pas. Mais, plus sérieusement, lorsque les enjeux sont aussi importants, que l’on incarne la sortie de crise grâce à la vaccination, chaque mot, chaque geste, compte.