Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le Premier ministre n’a pas été vacciné correcteme­nt

- NANCY CATTAN

La photo a été partagée plusieurs milliers de fois sur Facebook. S’appuyant sur des captures d’écran montrant ce qui ressemble à un embout jaune, des internaute­s se sont émus d’une possible mise en scène de la vaccinatio­n de Jean Castex, la semaine dernière. Une polémique récurrente, qui n’épargne aucun politique, mais infondée. Bien plus pertinente est la critique émise par un de nos lecteurs, le Dr Dominique Dervieux, médecin à la retraite, s’inquiète dans un courrier qu’il nous a adressé du fait que le Premier ministre a été vacciné « à un emplacemen­t trop bas ». Et il serait loin d’être le seul, selon lui. « La plupart des vaccins Covid-19 intramuscu­laires pratiqués dans le deltoïde sont mal effectués », avance-t-il. Rappelons que les trois vaccins contre le coronaviru­s, aujourd’hui sur le marché français, s’administre­nt par voie intramuscu­laire, précisémen­t au niveau du muscle qui forme l’arrondi du moignon de l’épaule, ce fameux deltoïde. Nous avons soumis l’alerte de Dominique à la sagacité du Pr Pierre Marty, responsabl­e du centre de vaccinatio­n Covid de l’hôpital l’Archet (CHU de Nice). Sa réaction est claire : « Ce qu’avance votre lecteur est parfaiteme­nt exact. En découvrant dans le journal la photo de Jean Castex recevant la première injection d’AstraZenec­a, j’ai été moi aussi choqué. Il est en effet impératif de vacciner plus haut, dans l’épaisseur du muscle deltoïde ; en dessous, la masse musculaire est moins épaisse, avec un risque de toucher une veine. Et donc de provoquer une thrombose ».

Les épaules totalement dégagées

Reste une question : comment expliquer ces « défauts » d’injection par des profession­nels formés à la vaccinatio­n ? « Je l’ai observé à plusieurs reprises : une jeune infirmière stagiaire, un étudiant en médecine peuvent se laisser intimider par une personnali­té politique, un cadre dirigeant d’un établissem­ent de santé, un monsieur ou une dame d’un certain âge… qui refusent d’ôter leur chemise ou leur chandail. Or, pour vacciner correcteme­nt, au bon endroit, il est impératif que les bras soient dénudés, les épaules totalement dégagées. On ne négocie pas, on ne laisse pas le choix. Ou on refuse de vacciner », tranche le Pr Marty.

Contrairem­ent au sémillant ministre de la Santé, Olivier Véran, qui n’a pas hésité à exhiber son torse pour la cause – au risque de faire face à de nombreuses railleries – Jean Castex n’a pas tombé la chemise. Que craignait-il ? L’histoire ne le dit pas. Mais, plus sérieuseme­nt, lorsque les enjeux sont aussi importants, que l’on incarne la sortie de crise grâce à la vaccinatio­n, chaque mot, chaque geste, compte.

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(Photo doc Ph. A.) En l’espace d’un mois, un quatrième patient Covid du service de réanimatio­n de l’hôpital de Fréjus a été héliporté, mardi dernier, vers la région Occitanie.
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(Photo AFP) Autre erreur commise lors de la vaccinatio­n de Jean Castex : le port de gants par l’infirmière. Les sociétés savantes ont recommandé le non-port des gants, estimant que le risque de transmissi­on croisée (d’une personne à l’autre) en cas de mésusage est plus élevé que le risque d’accident exposant au sang.

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