Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Logiciel de caisse : «Sortir du cash sans que ça se voie »
Au deuxième jour du procès des caisses enregistreuses OMC Gervais, plongée dans les écoutes téléphoniques et la dissimulation juteuse de chiffre d’affaires
Àune fleuriste du Haut-Var qui voudrait « faire sa caisse officielle, comme elle veut » ,le commercial répond : «Non! On ne fait pas de “black” avec la caisse, on rectifie les erreurs. Là on est au téléphone, on est d’accord ? »
Au deuxième jour d’audience (lire nos éditions d’hier), la chambre spéciale du tribunal correctionnel de Toulon a plongé derrière le comptoir et dans les écoutes téléphoniques de l’affaire des caisses enregistreuses OMC Gervais. Société basée dans le Var, à Cuers.
« Ouais, je serai vigilant »,
répond un technicien à son collègue qui insiste : «Autéléphone, tu dis “correction d’erreur” ,voilà.» La conversation était écoutée. Ne surtout pas parler de fraude ?
« La parole facile »
La présidente du tribunal Audrey Estienne ferraille pour déterminer si le logiciel « aux fonctionnalités permissives » était présenté « comme un argument de vente » aux commerçants chez qui des caisses enregistreuses étaient installées. À la barre, le commercial sur écoute relativise. « Quand je dis “On va dire ça comme ça”, c’est ma façon de parler, on est dans le Sud, j’ai la parole facile. »
Dans une grande enseigne locale de viande et primeur, la fraude a pris une ampleur singulière.
, millions d’euros
À La Garde et Hyères, deux magasins auraient dissimulé «de30à50%ducash» .Sur procès-verbal, le comptable a admis qu’il s’agissait «de sortir du cash, sans que cela se voie ». Les enquêteurs ont fait leur calcul : 2,6 millions d’euros en cinq ans. Au cours des huit ans de procédure, le fondateur de l’enseigne est décédé. Aujourd’hui, ses deux filles comparaissent. « Je savais que je faisais quelque chose qui n’est pas bien », dit l’une. « Nous nous sommes disputés là-dessus avec Monsieur L. [leur père] », ajoute l’autre.
Le PDG d’OMC Gervais reconnaît « une connerie », quand il a perfectionné le système, à la demande de ce client qui « avait beaucoup de charisme » .Etàqui il n’a pas su résister. Cette fois, la fraude n’est pas niée. Le procès s’achève ce jeudi.