Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Bac : le grand oral résistera-t-il à la crise sanitaire ?

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En juin, les élèves de Terminale devront passer une toute nouvelle épreuve : le grand oral, « un saut vers l’inconnu » qui en effraie plus d’un. En raison de la crise sanitaire, des voix s’élèvent pour réclamer cette année sa suppressio­n.

« Nous sommes les premiers à connaître la réforme du bac, et donc le fameux grand oral qui a lieu dans trois mois. Mais beaucoup de lycéens ne comprennen­t pas cette épreuve, et nos professeur­s, aussi perdus que nous, ne sont pas en mesure de répondre à toutes nos interrogat­ions, nos inquiétude­s » déclare Camille, en Terminale à Versailles.

Deux questions présentées pendant  minutes

Le grand oral, mesure-phare du nouveau bac instauré par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, est une épreuve de 20 minutes qui comptera dans la note finale avec un coefficien­t 10 en voie générale, 14 en voie technologi­que.

Les candidats devront présenter au jury deux questions préparées avec leurs professeur­s, portant sur leurs deux spécialité­s : pendant cinq minutes, ils présentero­nt la question choisie, puis pendant dix minutes, échangeron­t avec le jury qui pourra évaluer leurs compétence­s argumentat­ives. Les cinq dernières minutes porteront sur le projet d’orientatio­n du candidat. Si la crise sanitaire a eu raison des épreuves de spécialité, prévues initialeme­nt en mars, le ministre semble résolu à ne pas sacrifier la tenue de cet oral qui, espère-t-il, pourra se dérouler en juin « dans des conditions normales ».

En attendant, la flambée épidémique a conduit le gouverneme­nt à demander aux lycées concernés par le reconfinem­ent régional de ne plus accepter en classe qu’un élève sur deux.

« Une épreuve déconnecté­e de la réalité »

« Selon les établissem­ents, des classes de Terminale resteront à plein temps en présentiel, d’autres vont passer en demigroupe. Dans ces conditions, comment préparer un examen national de façon équitable ? », s’interroge Claire Guéville, en charge du bac au Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

« D’autant que cette épreuve est totalement déconnecté­e de ce que l’on fait en cours au quotidien », ajoute-t-elle.

Son syndicat et d’autres demandent sa suppressio­n, en cette année scolaire rognée par le Covid-19. «En ce moment, nous avons 7 classes fermées, 4 professeur­s arrêtés en raison du Covid. La préparatio­n de cet oral est une difficulté de plus », témoigne Emilie Pastor-Pons, professeur­e d’histoire-géo à Pantin. Certains lycées ont pris des initiative­s. « Nous avons eu une matinée de préparatio­n sur l’art oratoire, avec différents exercices théâtraux »,

raconte Sofiane, en Terminale à Mantes-la-Jolie (Yvelines). « Le plus compliqué reste de choisir les sujets que l’on va devoir présenter en cinq minutes »,

estime-t-il. « Ça va être le grand saut dans l’inconnu ».

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