Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Attention au tournant !
A bientôt 22 ans, Fabio Quartararo entame sa troisième saison dans la catégorie reine ce week-end au Qatar avec un nouveau statut. Désormais pilote officiel Yamaha, le prodige niçois ne vise qu’une cible : le titre suprême
C’était hier. Ou presque. Le 10 mars 2019. Deux ans déjà. Sur la grille de départ du dernier Grand Prix du Qatar en date, un ‘‘rookie’’ âgé de 19 ans entame sa trajectoire dans la catégorie reine d’une drôle de manière. Moteur calé à l’appel du tour de chauffe, Fabio Quartararo, qualifié 5e, s’élancera de la pitlane, derrière la meute. Déçu mais pas abattu puisque la Yamaha n°20 du Petronas SRT, le nouveau team satellite du constructeur japonais, réussira une remontée remarquée jusqu’au 16e rang final, avec le meilleur tour en course à la clé. C’est maintenant. Demain, samedi, dimanche... Comme le championnat MotoGP, contraint de ronger son frein durant de longues semaines de confinement, début 2020, l’enfant terrible de la baie des Anges retrouve le tracé sablonneux et la lumière crépusculaire du circuit de Losail. Et c’est peu dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis sa précédente chevauchée au pays de l’or noir.
À bientôt 22 ans, le voilà dans la peau d’un pilote d’usine. Pas n’importe lequel : le successeur de l’icône Valentino Rossi chez Yam’, s’il vous plaît !
« Il manque le dernier pas »
Conséquence on ne peut plus logique d’une adaptation météorique - 5e du championnat 2019 avec 7 podiums au compteur - suivie d’une confirmation jalonnée de trois victoires - GP d’Espagne, d’Andalousie et de Catalogne 2020 - et quatre pole positions lui permettant d’ores et déjà de trôner tout en haut des statistiques de la vitesse moto tricolore.
Deux décennies après Régis Laconi, Quartararo a remis la France sur les rails du succès. Un aboutissement ? Surtout pas ! Pour lui, il s’agit d’une étape, d’un début. Reste maintenant à briser cette hégémonie espagnole semblant implacable. A démontrer qu’impossible n’est pas Niçois. «Gagner le championnat, je me sens prêt », martèle-t-il. «Je pense qu'il n'y a rien à ajouter, l'objectif est de se battre pour être champion du monde. La première année (en 2019), on a fait des podiums, la saison passée, des victoires... Il manque le dernier pas, le titre suprême. » Si la firme aux diapasons l’a convié dans l’ascenseur très tôt, c’est qu’elle croit en lui. Autrement dit, on l’estime capable de prendre le relais sur les tablettes de Jorge Lorenzo, l’ultime champion couronné au guidon d’une M1, en 2015.
Dès 2021 ? Peut-être, à condition de faire rimer performance avec constance, cette fois. Longtemps leader du championnat 2020, en l’absence de l’ogre Marc Marquez, « El Diablo » n’est pas allé au bout de son rêve. Occasion en or manquée pour différentes raisons. Une cascade de problèmes qui l’a fait dégringoler jusqu’au 8e rang final dans le money-time. Pas seulement des soucis techniques... Une fois le rideau tombé, les patrons du Sepang Racing Team, Razlan Razali, Johan Stigefelt et Wilco Zeelenberg, ne se sont d’ailleurs pas gênés pour pointer du doigt certaines petites failles. Les uns et les autres déclarant que leur prodige en partance devait impérativement améliorer ses départs et ses stratégies de dépassement, mais aussi gagner en confiance sous la pluie et gérer ses émotions. « C’était seulement ma deuxième campagne en MotoGP
», a répondu l’intéressé. « À partir de la troisième course, de nombreux problèmes se sont enchaînés. Je ne les ai pas tous résolus, hélas. Mais j’ai pris tellement d’expérience que je ne suis pas frustré d’avoir perdu cette opportunité. »
Encore un départ canon ?
Une certitude : le premier contact avec sa machine d’usine, lors de la répétition générale, lui a permis de faire le plein de confiance. Des runs positifs en rythme course et un 3e rang au classement combiné : taillée sur mesure pour sa monture, la piste qatarienne devrait lui sourire ce week-end et la semaine prochaine. Assez pour qu’il réédite le départ canon de Jerez (2 pole positions, 2 victoires) huit mois plus tard ? Quoiqu’il advienne, c’est ensuite, notamment au Portugal (16-18 avril), un terrain beaucoup moins favorable sur le papier (14e en 2020) que l’on saura si le numéro 20 a plus de chances de tenir la distance. Attention au tournant !