Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Pas de panique »
Les chronos médiocres des KTM aux essais d’avant-saison n’inquiètent pas outre mesure Hervé Poncharal. Le patron du team varois Tech3 fixe les enjeux
Parées d’une nouvelle robe orange et noire très réussie les rendant aguicheuses en diable, les KTM RC de l’équipe Tech ne risquent pas de passer inaperçues cette saison. Alors que la mise à feu se profile droit devant, reste à savoir si elles parviendront à confirmer la spectaculaire montée en puissance enregistrée l’an passé. Les deux premières victoires dans la catégorie reine du team borméen trentenaire conduit par Hervé Poncharal ont marqué les esprits. S’agissait-il d’une parenthèse enchantée ? Sans la pépite Miguel Oliveira ( ans), transférée dans l’équipe officielle KTM et remplacée par Danilo Petrucci ( ans), second couteau chez Ducati qui trouve là l’occasion de donner un nouvel élan à sa carrière, la tâche s’annonce ardue. D’autant plus que les machines autrichiennes ont fait pâle figure lors de la répétition générale sur la piste de Losail où l’heure du top départ va sonner ce week-end. Baisse de régime passagère ou durable ? La parole au patron...
Hervé, pas de faux départ au Qatar comme en : la tenue de la manche d’ouverture n’a jamais été remise en cause ?
Non. Le Qatar figure parmi les partenaires solides du MotoGP. Lancer le championnat là-bas, c’est devenu une tradition.
Par les temps qui courent, on pouvait difficilement envisager de démarrer ailleurs. Et puis cette année, a fortiori, ils nous sauvent la mise puisqu’on va enchaîner deux Grands Prix : Qatar (ce week-end, ndlr) et Doha (la semaine prochaine) qui remplace l’Argentine. La deuxième manche initiale est pour l’instant reportée sine die, comme le GP des Amériques (à Austin), luimême suppléé par l’épreuve de réserve à Portimao (GP du Portugal, - avril). Voilà, nous gardons donc le même nombre de course.
Ce calendrier à dates risque-t-il d’être chamboulé ?
L’an dernier, quatorze courses se sont déroulées sur dix circuits. Là, en principe, le tracé de Losail sera le seul à accueillir deux épreuves. Dans le contexte actuel, on ne peut jurer de rien. Mais l’accord conclu entre le premier ministre du Qatar et Carmelo (Ezpeleta, le promoteur du MotoGP) concernant la vaccination de tous les membres du paddock volontaires nous offre une bien meilleure visibilité. Début avril, l’immense majorité d’entre nous quittera le MoyenOrient en ayant reçu les
deux injections.
Clairement, cela facilitera la vie de tout le monde.
Car même si le MotoGP respecte un protocole sanitaire très strict, impossible d’avoir une bulle totalement hermétique. On l’a encore constaté ce mois-ci lors des essais d’avant-saison, avec quelques cas positifs.
Justement, côté piste, aucune KTM ne figurait dans le top du classement combiné de la répétition générale. Comment l’expliquezvous ?
La meilleure RC (Miguel Oliveira, e) pointait à ’’ du temps de référence. Le tracé de Losail, c’est le jardin des Ducati, là où leur moteur fait parler la poudre. Nous, on s’attendait à souffrir de la comparaison, mais pas autant, je l’avoue.
Guidon en main, les quatre pilotes KTM avaient tous de bonnes sensations. Mais sur les feuilles de temps, les uns et les autres se heurtaient à un mur. Sur un tel profil, on manque un peu de puissance, de performance, oui.
Quelle était la priorité chez Tech ?
L’équipe s’est d’abord concentrée sur l’intégration du nouveau pilote. Dans la catégorie reine, Danilo Petrucci n’a roulé que sur des Ducati, ou presque. Les deux premiers jours, il lui fallait donc engranger un maximum de kilomètres avec des réglages de base, histoire d’assimiler le mode d’emploi de la KTM. Ensuite, on a commencé à adapter la moto à sa morphologie, à son style de pilotage. Pour qu’il se sente le plus vite possible comme chez lui.
Satisfait du travail accompli ?
Danilo a bien progressé chaque jour. Pareil pour Iker (Lecuona). Cloué chez lui lors des trois derniers GP à cause du coronavirus, il n’avait pas roulé depuis cinq mois. Là, il s’est remis dans le bain. Et je suis content de voir qu’en fin de compte, nos gars talonnent les pilotes du team usine (Oliveira et Binder). On termine un dixième ou deux derrière. Une bonne nouvelle.
Impossible de viser haut d’entrée, alors ?
Qu’un pilote KTM monte sur le podium au Qatar, ça me paraît compliqué à la régulière, en effet. Même si notre machine se comporte mieux en rythme course qu’en mode qualif’. Sur la distance d’un Grand Prix, elle préserve bien ses pneus. Aucun problème de dégradation prématurée contrairement à certains concurrents. On verra. Peut-être que quelques petites modifications testées ce week-end nous permettront de réduire l’écart. En , quand on enchaînait deux GP au même endroit, les résultats étaient toujours meilleurs la seconde fois.
Dès le retour en Europe, sûr qu’on reverra les KTM à la pointe du combat ?
Ah oui ! Dès le Portugal, et puis à Jerez et au Mans, ça ira beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux ! Il y aura des KTM aux avant-postes. Compte tenu du gel technique imposé cet hiver en raison de la pandémie, le plateau est la copie conforme du précédent. Il s’agit des mêmes motos, à quelques détails près. Donc pas de panique ! On a de la bouteille. Continuons à bosser dans une atmosphère sereine et constructive. La hiérarchie ne changera guère. Le championnat, il ne dure pas deux semaines mais huit mois.
Après un exercice exceptionnel ponctué de deux victoires, vous redémarrez avec Petrucci à la place d’Oliveira.
Quel est l’objectif ? Difficile à dire. Devant, la bagarre s’annonce acharnée. Dans le camp Suzuki, Mir voudra confirmer. Côté Honda, Marquez va revenir, tôt ou tard. On dirait que Yamaha a résolu ses problèmes de fiabilité, donc Fabio (Quartararo) et Viñales (Photos Tech) seront encore plus forts. Sans oublier ces Ducati qui ‘‘avionnent’’. Miller va gagner des courses, je pense. Johann (Zarco) peut aussi monter en haut du podium. Il a le matos pour embrasser enfin sa première victoire. Que peut-on raisonnablement espérer ? Allez, si Petrucci ou Lecuona finit le championnat dans le top , je serai content.
En , Pol Espargaro, le meilleur pilote KTM, finit e. Oliveira, son successeur, peut-il aller plus haut ?
Oui, sans hésiter. Chez nous, Miguel aurait déjà pu terminer dans le top l’an dernier. S’il ne se fait pas percuter deux fois en début de saison, c’est bon ! Pointe de vitesse, sang froid, travail méthodique : il possède toutes les qualités du top pilote. Mais il sera encore soumis à très rude concurrence.
Pour le mot de la fin, mouillez-vous : qui décrochera le titre ? Ouf, question compliquée. Malgré toute la considération que je lui porte, je n’arrive pas à imaginer Marquez reprendre tout de suite la couronne après ce qu’il vient de traverser. Donner un seul nom, c’est impossible. Donc en voici trois : Fabio, Miller et Mir. À vous de les mettre dans l’ordre !
Johann Zarco, Miguel Oliveira
LE PLATEAU
Suzuki :
36. Joan Mir (ESP)
42. Alex Rins (ESP)
Ducati :
43. Jack Miller (AUS)
63. Francesco Bagnaia (ITA)
KTM :
33. Brad Binder (AFS)
88. Miguel Oliveira (POR)
Yamaha :
12. Maverick Viñales (ESP)
20. Fabio Quartararo (FRA)
Honda :
93. Marc Marquez (ESP) / Stefan Bradl
44. Pol Espargaro (ESP) (ALL)
Aprilia :
41. Aleix Espargaro (ESP)
32. Lorenzo Salvadori (ITA)
Yamaha SRT :
21. Franco Morbidelli (ITA)
46. Valentino Rossi (ITA) (Photo AFP) (Photo SRT)
Ducati Pramac :
5. Johann Zarco (FRA)
89. Jorge Martin (ESP)
KTM Tech3 :
9. Danilo Petrucci (ITA)
27. Iker Lecuona (ESP)
Honda LCR :
30. Takaaki Nakagami (JAP)
73. Alex Marquez (ESP)
Ducati Avintia :
10. Luca Marini (ITA)
23. Enea Bastianini (ITA)
‘‘
Dès le Portugal, et puis à Jerez et au Mans, ça ira beaucoup mieux ”