Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Oui j’ai créé Trust, mais c’était un quiproquo »

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Raymond Manna prend le contre-pied de toutes les biographie­s de Trust.

Le « père-fondateur » du groupe, trouvaille du nom y compris, c’est lui. « J’ai fait Trust. Quoi qu’ils disent. Et ils restent mes petits frères. Je prie pour eux », ajoute-t-il avant d’expliquer.

« Trust c’est comme un quiproquo. Un mensonge. J’ai vu rapidement qu’ils allaient dans le mur. J’ai écrit un bouquin qui racontera tout ça, mais c’est trop tôt pour le sortir... A l’époque je passe des disques à la Taverne de l’Olympia. On est tout une bande. Bernard (Bonvoisin, futur leader de Trust, Ndlr), un p’tit gamin mignon qu’on surnomme Coquin, fréquente la boîte. On sympathise. Il bossait dans les fruits et légumes à Nanterre... ça pouvait pas continuer ! C’est comme ça qu’on le fait rentrer à l’Olympia comme machiniste. Moi, j’ai aussi un groupe pour déconner, Taxi. Un été on part aux États-Unis et Bernard ne veut plus rentrer. Moi j’ai sa responsabi­lité. Ses parents pour laquelle j’avais beaucoup d’affection - dont son père, une bête à la Jean Gabin, contremaît­re de chantier - me l’avaient confié. Il a quatre ans de moins ! La seule façon de le persuader de rentrer, c’est de lui promettre d’intégrer mon groupe, puisqu’il fait un peu de batterie. A la répétition, c’est une daube et les autres le jettent... Il pleure. Alors je lui dis qu’on va former un autre groupe. Je trouve aussi les guitariste­s, Nono au Club Med et le surdoué Moho, Jeannot le batteur... On répète au e étage de l’Olympia dans la salle où s’entraîne le karatéka Dominique Valera. Voilà, Trust est né, et puis stop ! », abrège-t-il.

On le relance sur les débuts et l’amitié avec AC/DC... «Bon, un jour Coquatrix appelle les maisons de disques en leur disant J’ai les nouveaux Rolling Stones. Et c’est comme ça que tout démarre. On finit par être signé par Pathé. On se retrouve dans leur studio de Boulogne à enregistre­r notre premier  t. à côté des Stones justement. Le délire ! Un soir la porte s’ouvre et c’est Keith Moon (The Who) qui cherchait de la dope. Suit Bon Scott d’AC/DC, tout sourire, attiré par notre mauvaise reprise de leur titre Love at First Feel, et c’est comme ça qu’on est devenus hyper-frangins. En tournée avec AC/DC il se faisait chier. Moi je le trimballai­s à Paris avec ma R verte de merde et on rigolait ! Sa mort en marge de l’enregistre­ment de Répression à Londres fut un choc terrible ».

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