Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Petit, ah… Petit

Solide à Aix, le jeune pivot du SRVHB devra patienter pour enchaîner. Deux de ses coéquipier­s sont touchés par la Covid et la rencontre face à Dunkerque est reportée au 14 avril. Dommage.

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Lignes téléphoniq­ues coupées, entretiens à la presse accordés au compte-gouttes. Depuis son départ de l’équipe de France en mars 2020, Didier Dinart se fait plutôt rare sur la scène médiatique. L’échec des Experts, sortis au premier tour de l’Euro 2020, ajouté au sentiment d’avoir été « jeté comme un Kleenex » de son poste de sélectionn­eur, a sans doute laissé des traces chez le double champion olympique (2008 et 2012) et triple champion du monde (2001, 2009 et 2011) qui ressent manifestem­ent le besoin de se ressourcer. Et on le comprend. Même si l’on doit bien admettre que nous aurions malgré tout aimé pouvoir le sortir quelques instants de son silence.

Pour parler handball évidemment, mais surtout pour lui demander si, dimanche dernier, il avait pu admirer l’interventi­on pleine d’autorité d’un certain Timmy Petit, à la 42e minute du match entre Aix et Saint-Raphaël. Un geste défensif de grande classe qui, sur le coup, permettait aux Raphaëlois de garder trois longueurs d’avance (18-21) sur les Aixois, et une action qui, à bien y songer, ne lui a sûrement pas échappé.

D’abord parce que cette affiche de la 19e journée de Starligue remportée par les Raphaëlois (26-28) était tout simplement télévisée, mais surtout parce qu’à écouter le jeune pivot du SRVHB, le quadruple vainqueur de la Ligue des champions (2003, 2006, 2008 et 2009) ne perd pas une seule miette des débuts fracassant­s du jeune Timmy Petit au sein de l’élite du handball français. « Il voit toujours les petits détails, raconte d’ailleurs le disciple de Dinart, en parlant de sa relation avec celui qui possède sans doute l’un des plus beaux palmarès du handball français. Parfois, à partir d’une simple photo parue dans la presse, il me dit que mes fesses sont trop en arrière, rigole le Raphaëlois. C’est une chance pour moi d’avoir un mentor comme lui. Et il essaie de m’épauler, tout en me laissant faire mon chemin. »

Un chemin sur lequel ces deux amoureux de la petite balle collante marchent désormais côte à côte, depuis que leurs routes se sont croisées sur leur terre natale.

« Dès que j’ai touché la balle, j’ai voulu devenir pro »

C’était évidemment en Guadeloupe et à l’occasion de la première édition de l’Air Caraïbes Cup, organisée par Dinart. « Je faisais partie d’une sélection guadeloupé­enne et Didier m’a repéré à ce moment-là », explique Timmy Petit. L’oeil de l’Expert s’illumine, quelques mots sont échangés avec le sélectionn­eur des Bleus et tout s’accélère alors pour celui qui concède pourtant s’être mis au handball un peu par hasard, en voyant Théo, son petit frère, manier la balle qui pègue. « J’avais treize ou quatorze ans, je faisais du Taekwondo, et j’ai tout de suite aimé le ballon, se souvient Timmy. Dès que j’ai touché la balle, j’ai voulu devenir pro ».

Une ambition immédiate, mais qui a bien failli être contrariée. « Ce n’était pas gagné d’avance, prévient Timmy Petit. Il me restait seulement une année au pôle (espoirs) en Guadeloupe et j’étais sur le point de me faire éjecter quand j’ai fait ce tournoi, se souvient le jeune pivot. C’était chaud pour moi. J’étais pourtant assidu et sérieux, mais le CTN (conseiller technique national) de la Guadeloupe n’avait sûrement pas confiance en moi ». Une confiance que Timmy Petit trouve donc auprès de Didier Dinart qui l’aide à rejoindre la métropole. Direction Nice d’abord, pour une saison avec la réserve du Cagival, puis Saint-Raphaël, où il intègre le centre de formation du SRVHB alors dirigé par Rares Fortuneanu (lire par ailleurs).

La suite, on la connaît, les feuilles de match se multiplien­t, Petit prend de l’épaisseur et après huit apparition­s avec l’équipe première en 2019, et autant la saison suivante, le voilà cette année devenu un élément incontourn­able de la défense raphaëlois­e. « Rares

(Fortunenau, entraîneur du SRVHB) et Wissem (Hmam, entraîneur adjoint du SRVHB) m’ont fait confiance et je n’ai pas envie de me cacher derrière mon âge (il a 20 ans) .Je veux leur prouver qu’ils ont eu raison », annonce celui qui cette saison, reste cantonné aux tâches défensives. « Cette année, on a convenu avec Wissem que mon objectif était de devenir un spécialist­e en défense. Aujourd’hui, je dois donc prendre avant tout ma place en défense et je sors en attaque (sur les phases offensives) pour permuter avec Dani (Daniel Sarmiento, le demi-centre du SRVHB) qui me conseille d’ailleurs beaucoup en dehors du terrain ».

Daniel Sarmiento :

« S’il continue comme ça… »

Taulier de la maison raphaëlois­e, le sextuple champion d’Espagne et double vainqueur de la Ligue des champions ne tarit d’ailleurs pas d’éloges quand on le sonde sur Timmy Petit. « C’est un gars très gentil qui est arrivé avec beaucoup d’humilité et qui travaille beaucoup. Et nous les anciens, on aime bien ça, raconte Sarmiento. Comme joueur, je trouve qu’il a beaucoup progressé en peu de temps. Ça veut dire qu’il a un grand potentiel. S’il continue comme ça, il va devenir un très grand joueur. À Aix, on aurait pu penser qu’il jouait depuis très longtemps avec Dipanda en défense, alors que c’est seulement sa première saison, juge celui qui semble se plaire dans ce rôle de grand frère. « J’essaie de l’aider, surtout mentalemen­t. Parce que je sais que quand on est jeune, on manque parfois de patience. C’est aussi mon rôle dans l’équipe, car je suis le plus vieux… ou plutôt le plus expériment­é, s’amuse celui a fêté son trente-septième anniversai­re en octobre dernier. Si je peux l’aider à progresser ça sera une fierté. C’est comme ça que ça marche dans le sport, on se passe le témoin ». Épaulé par Didier Dinart, conseillé par Daniel Sarmiento qui cumulent, à eux deux quatre titres de champion du monde et six sacres en Ligue des champions, Timmy Petit est donc entre de très bonnes mains. Même si sa vraie « boussole », comme il la présente, reste sa maman. « Je ne vais pas vous le cacher, le manque et l’éloignemen­t sont compliqués, raconte le jeune homme. Ma mère est ma boussole. Elle ne me le dit pas, mais je pense que ça a été compliqué pour elle. Je suis parti du jour au lendemain. Mais je suis fier de lui montrer que son minot est presque devenu un homme, et je l’appelle tous les jours ». Avec une ligne téléphoniq­ue qui, contrairem­ent à d’autres, n’est pas coupée.

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Je ne connaissai­s pas Didier à l’époque, mais je me souviens qu’il avait dit que l’on gagne des matches avec l’attaque, et que l’on gagne des titres avec la défense. Je me répète toujours cette phrase...”

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