Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Pourquoi notre départemen­t échappe-t-il (encore) au confinemen­t ?

- L. S.

Les trois départemen­ts nouvelleme­nt confinés présentent des indicateur­s sanitaires parfois moins élevés que dans le Var, qui échappe pourtant aux restrictio­ns renforcées. On vous explique pourquoi.

La Nièvre, le Rhône et l’Aube rejoignent les seize départemen­ts placés en confinemen­t depuis une semaine. « Il est apparu indispensa­ble d’amplifier les mesures de protection » pour ces trois départemen­ts, a indiqué le ministre de la Santé lors d’une conférence de presse, jeudi.

« La pression épidémique atteint des niveaux alarmants, la pression sanitaire se fait fortement sentir sur les hôpitaux et la médecine de ville, et la dynamique est forte » ,a justifié Olivier Véran.

Si les Alpes-Maritimes sont déjà confinées, le Var échappe cette fois encore aux mesures plus restrictiv­es. Une décision pas forcément évidente quand on regarde les indicateur­s sanitaires. En termes d’incidence et de positivité, le Var présentait des taux plus élevés que la Nièvre, au 22 mars, d’après les données de Santé publique France.

Seul le départemen­t de l’Aube présentait, le 25 mars, un taux d’occupation des lits en réanimatio­n en capacité initiale supérieur au Var (par rapport au nombre de lits autorisés avant la pandémie).

Pour comprendre la décision du gouverneme­nt de ne pas confiner le Var, il faut regarder les tendances sur plusieurs semaines.

■ Taux d’incidence

Le taux d’incidence varois (362 cas par semaine pour 100 000 habitants) stagne voire baisse depuis le 16 mars après avoir augmenté pendant deux semaines.

À l’inverse, la courbe explose depuis fin février dans la Nièvre (352), le Rhône (411) et l’Aube (470). Les taux y ont plus que doublé !

■ Taux de positivité

Une tendance similaire, bien que moins marquée, s’observe pour le taux de positivité, qui correspond au nombre de tests RT-PCR positifs rapporté au nombre total de dépistages.

Malgré une légère augmentati­on ces derniers jours, le taux de positivité baisse dans le Var depuis la mi-mars (8,24 %).

Il augmente depuis le 5 mars dans le Rhône (8,33 %) et la hausse est très forte ces dernières semaines dans la Nièvre (7,60 %).

Dans l’Aube, le taux de positivité stagne après avoir explosé fin février (9,97 %).

■ Saturation des réanimatio­ns

Les écarts se brouillent lorsque l’on regarde la saturation des réanimatio­ns.

Le taux d’occupation des lits en capacité initiale (nombre de lits autorisés avant la crise) baisse depuis quelques jours à peine dans le Var après une forte hausse (126,67 %).

Le même phénomène s’observe dans l’Aube (158,33 %).

Dans le Rhône, la courbe stagne (98,96 %) tandis qu’une espèce de « yo-yo » est constaté dans la Nièvre (58,33 %).

■ « On a perdu le contrôle de la situation »

Dans la Nièvre, la surprise est d’autant plus grande que la densité de population n’a rien à voir avec celle du Var, tout comme le nombre de patients Covid-19 actuelleme­nt en réanimatio­n : 7 contre 76.

La différence entre les deux départemen­ts, c’est que la Nièvre possède beaucoup moins de lits en réanimatio­n, les hôpitaux sont plus rapidement saturés.

« On n’a pas le personnel pour tourner ne serait-ce qu’à 14 lits », expliquait au Journal du Centre un soignant du Centre hospitalie­r de l’agglomérat­ion de Nevers. «La seule solution, c’est de transférer dans des départemen­ts alentour mais eux aussi commencent à être bien pleins. »

Le confinemen­t instauré dans le départemen­t est même jugé «insuffisan­t » pour Alain Lassus, président PS de la Nièvre et ancien médecin généralist­e.

« Il faut fermer les écoles le plus rapidement possible et pour cinq semaines à mon avis afin de couper le développem­ent du virus. Il est temps que le sanitaire reprenne le dessus. On dépasse les limites, la réanimatio­n est complèteme­nt saturée et, dans la Nièvre, le taux d’incidence a doublé en deux semaines pour atteindre maintenant 340 pour 100 000, avec 85 % de virus anglais », a rappelé l’élu, ajoutant : « On a perdu le contrôle de la situation ».

■ Surveillan­ce renforcée dans le Var

Dans le Var, la pression hospitaliè­re est « moins importante », indique-t-on à l’Agence régionale de

Santé (ARS) Paca.

« Nous avons procédé à des évacuation­s sanitaires, notamment la semaine dernière, et nous avons ouvert plus de lits en conséquenc­e. La pression est, de fait, moins forte que dans d’autres départemen­ts. »

Quant à savoir si c’est ce qui a permis aux Varois d’échapper au confinemen­t, l’ARS reste prudente : « Il n’y a pas de raison évidente ».

« On note cette semaine une évolution modérée du taux de positivité, qui passe de 8,4 à 9 %, mais la répartitio­n est inégale dans le Var, certaines zones sont plus touchées que d’autres, ça ne reflète pas l’ensemble du départemen­t. »

Les Varois sont-ils tirés d’affaire ?

« Le départemen­t reste en surveillan­ce renforcée, comme les Bouches-du-Rhône. »

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(Covidtrack­er.fr) Le taux d’incidence explose dans la Nièvre, le Rhône et l’Aube depuis un mois. La courbe du Var, quant à elle, reste à peu près stable.

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