Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des mesures plus strictes attendues aujourd’hui

Face au regain épidémique, des médecins demandent au président de la République de serrer une nouvelle fois la vis. Emmanuel Macron devrait s’exprimer ce soir.

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Des services de réa qui ont dépassé le pic de la deuxième vague de l’épidémie, un virus qui ne freine pas encore sa course, une vaccinatio­n trop lente pour modifier la donne : tel est le sombre tableau qui se dresse devant l’exécutif, avant un énième conseil de défense annoncé comme décisif.

« Les mesures prises il y a dix jours pourraient commencer à montrer des effets dans les tout prochains jours, ou pas, nous le verrons dans les 24, 48 heures vraisembla­blement », a assuré le ministre de la Santé, Olivier Véran, hier à l’Assemblée nationale.

« Si besoin était, nous prendrions d’autres mesures pour toujours protéger les Français », a-t-il ajouté. L’opposition et une partie des médecins appellent à ne plus attendre pour prendre de nouvelles mesures, dix jours après l’entrée en vigueur, dans 16 puis 3 autres départemen­ts, d’un tour de vis qualifié de « faux confinemen­t ».

Ils justifient ces appels par la dégradatio­n des chiffres de l’épidémie, qui ont un impact sur l’hôpital.

Avec 5 072 malades en réanimatio­n hier, le plus haut de la deuxième vague de l’automne a été franchi.

Et la suite ne s’annonce pas meilleure, car mi-novembre, la circulatio­n du virus et le nombre de contaminat­ions refluaient déjà nettement, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

Emmanuel Macron pourrait prendre la parole ce soir après le nouveau conseil de défense sanitaire.

Freinage renforcé étendu à d’autres départemen­ts ?

Plusieurs hypothèses sont évoquées. De nouveaux départemen­ts pourraient-ils rejoindre les 19 départemen­ts avec des mesures de « freinage renforcé » ?

D’après le dernier bilan de Santé publique France, le nombre de passages aux urgences pour suspicion de Covid-19 était en hausse (Photo D. M.)

dans toutes les régions métropolit­aines à l’exception de la Corse et de la Nouvelle-Aquitaine. Les hausses les plus marquées étaient observées en Ile-de-France (+27 %), Grand Est (+25 %), Centre-Val-de Loire (+25 %), Bretagne (+25 %) et Auvergne-Rhône- Alpes (+17 % soit +150 passages).

Des mesures pas assez fortes, estime par exemple l’infectiolo­gue Gilles Pialoux. Pour le chef du service des maladies infectieus­es et tropicales de l’hôpital Tenon, «les mesures de freinage renforcé n’ont aucun effet ». Il s’alarme d’un «en même temps » qui « laisse circuler le virus » avec « des mesures qui font qu’on ne fait pas rien » .Ilappelle le gouverneme­nt à ne pas sous-estimer la reprise épidémique qui a « déjà dépassé la deuxième vague ».

Reconfinem­ent national strict ?

Un reconfinem­ent strict à l’échelle nationale permettrai­t de faire baisser le nombre de contaminat­ions qui oscillent actuelleme­nt autour de 30 000 par jour, contre 10 000 à la fin du mois de novembre.

Pour l’exécutif, l’urgence est aussi au niveau des services de réanimatio­n qui enregistre­nt un taux d’occupation proche de celui du pic de la seconde vague.

« Si on confine durement au 1er avril, nous aurons 3 200 personnes en réa trois semaines après en Île-de-France, alerte sur France Inter le professeur Gilles Pialoux, ça veut dire 400 % de capacité normale en réa. Vous choisissez un malade sur deux qui devront être opérés ».

Fermer les écoles ?

Depuis deux semaines, les écoles sont sous surveillan­ce renforcée. Dans les 19 départemen­ts confinés, un nouveau protocole sanitaire a été mis en place instituant ainsi la fermeture d’une classe au premier cas de Covid recensé. « Si nous ne prenons aucune mesure, le risque c’est que les écoles ferment toutes seules », observe Olivier Véran. S’y étant pour l’instant refusé, le gouverneme­nt a admis de son côté que renvoyer tous les écoliers chez eux n’était pas un « tabou » mais n’interviend­rait « qu’en dernière nécessité ». Même si cela pourrait faire baisser le nombre de contaminat­ions, fermer les écoles représente un coût social et psychologi­que pour les élèves, notamment ceux avec un faible accès numérique. Un avis partagé par le professeur Bruno Lina, virologue et chercheur au centre internatio­nal de recherche en Infectiolo­gie de l’INSERM. Membre du Conseil scientifiq­ue, il s’inquiète « des conséquenc­es négatives trop importante­s » et l’absence « d’élément actuel nous permettant de dire qu’on gérerait mieux l’épidémie si l’école avait été fermée ».

Tri des patients : la ligne rouge de Macron

« La ligne rouge d’Emmanuel Macron, c’est le tri des patients », souligne-t-on au plus haut sommet de l’État.

Dans deux tribunes distinctes au JDD et au Monde, des médecins hospitalie­rs ont donné de la voix pour alerter sur le spectre du « tri des patients » à la porte des services de réanimatio­n. « Il reste des marges de manoeuvre » ,indique toutefois l’un des proches du chef de l’État, comme « d’autres transferts de patients ou de nouvelles déprogramm­ations d’opérations ».

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Nice à l’heure du troisième confinemen­t.

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