Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Jules-Ferry  : les parents tirent la sonnette d’alarme

Depuis huit semaines, les élèves de CE1 de l’école Jules-Ferry 2 n’ont plus de maîtresse. Absente, cette dernière n’est pas remplacée. Les parents d’élèves ont créé le collectif « Les enfants oubliés »

- E. ESPEJO eespejo@nicematin.fr

Ils sont désemparés. Devant le portail de l’école Jules-Ferry 2, sept parents d’élèves affichent clairement leurs inquiétude­s. Depuis huit semaines leurs enfants, élèves de CE 1, n’ont plus d’enseignant.

« La maîtresse absente n’a pas été remplacée », explique une mère de famille qui vient d’être reçue par le directeur de l’établissem­ent. Elle ressort de l’école avec des photocopie­s d’un fichier de maths et de français, mais toujours aucune nouvelle rassurante sur l’éventuel retour de la maîtresse titulaire ni d’une remplaçant­e qui pourrait être nommée par l’Inspection académique (lire par ailleurs). Une situation d’autant plus préoccupan­te pour les parents qu’elle intervient après une année scolaire 2019-2020 compliquée avec un confinemen­t de deux mois.

« Enseigner, c’est un métier que nous ne savons pas faire », précise un papa qui a décidé avec d’autres parents d’élèves de la classe de créer le collectif « Les enfants oubliés ».

Des écoliers répartis dans d’autres classes

« Deux semaines avant les vacances scolaires, la maîtresse de nos enfants est absente et non remplacée : qu’à cela ne tienne, parents compatissa­nts et compréhens­ifs, nous prenons nos dispositio­ns bien volontiers », raconte le collectif dans un manifeste. Mais au retour des vacances, l’enseignant­e manque toujours à l’appel. Les élèves de CE1, qui ne peuvent être gardés par leurs parents, sont donc répartis dans les autres classes de l’établissem­ent scolaire. Des bureaux sont ajoutés dans les salles de cours élémentair­es pour accueillir une partie des 25 écoliers de CE1. « Difficile ainsi de respecter les distances sanitaires », indique un autre parent du collectif soucieux aussi du niveau scolaire des enfants. « Depuis le premier confinemen­t des retards et des disparités de niveaux ont été enregistré­s ». « Aujourd’hui, il est demandé aux enseignant­s de s’adapter aux différents niveaux de leurs élèves et, en plus, de récupérer ceux de CE 1 qui, à cet âge, ne peuvent pas être autonomes dans leur travail. Les professeur­s des écoles ne peuvent pas se dédoubler », affirme une maman qui, chaque vendredi soir, attend avec un noeud au ventre le message hebdomadai­re de l’école. Lequel est identique depuis plusieurs semaines : « absente et non-remplacée ».

« Pas de remplaçant n’est pas une réponse adéquate. Nous sommes tous convaincus du rôle capital qu’a l’école pour nos enfants », poursuit une autre mère de famille.

« L’an dernier, les élèves de cette classe ont déjà été impactés par des cours à la maison avec toute la bonne volonté que les parents ont essayé d’avoir mais avec également le manque de temps et le manque de pédagogie qui nous pénalisaie­nt. Il ne faut pas oublier que nous avons un métier à assumer et que ce n’est pas celui d’enseignant ». Après huit semaines, certains parents constatent, impuissant­s, les conséquenc­es d’une telle situation. Si certains trépignent d’impatience de retrouver une maîtresse et leurs camarades, d’autres en revanche sont complèteme­nt démotivés. Et ne veulent même plus retourner à l’école. « Ma fille passe une grande partie de son temps à dessiner en classe. Elle maîtrise parfaiteme­nt l’utilisatio­n du compas pour faire des rosaces. En CE1, ils apprennent les bases, c’est une année essentiell­e », angoisse-t-elle. « Il faut absolument qu’ils reprennent tous le chemin de l’école. C’est un SOS que nous souhaitons adresser. Un cri d’alarme. On est au bout du bout. On ne voit pas la fin du tunnel », poursuit une maman.

« Comme un second confinemen­t »

« Nos enfants vivent cette absence d’enseignant comme un second confinemen­t », ajoute l’un des papas présents devant l’école. «Si dans les prochaines semaines l’école venait à fermer, ce sera un troisième confinemen­t pour eux. Que vont devenir plus tard nos enfants ? Aujourd’hui, on ne veut pas d’explicatio­ns mais une solution concrète. » Dans leur manifeste les parents d’élèves rappellent que l’école est obligatoir­e, « cela nous est assez souvent rappelé si l’un de nos enfants est absent. Et bien, nous sommes dans la situation inverse : l’Inspection académique doit répondre présente et trouver des solutions. »

« Nos enfants ne peuvent pas rester devant un logiciel pour apprendre », martèle une maman.

« Le rectorat doit assurer la continuité de leur enseigneme­nt, pérenniser ce que leur maîtresse leur a appris de manière à ce qu’à son retour elle ne trouve pas une classe à l’abandon mais des élèves prêts à reprendre un rythme scolaire normal. Nos enfants ont besoin d’apprendre et c’est à l’école de la République de le faire », conclut le manifeste.

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(Photo Clément Tiberghien) Depuis huit semaines consécutiv­es, la classe de CE de Jules-Ferry  est privée d’enseignant. Une partie des parents d’élèves a créé un collectif. Il réclame une solution rapide.

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